Jérôme Derruau est le directeur général de L'Artisan Costumier, une entreprise lyonnaise spécialisée dans la confection de robes d'avocats. Il était sur le plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" pour présenter son entreprise née en 1843.
Jérôme Derruau explique : "Chaque robe est coupée et montée à l'unité, aux mesures de la personne. On travaille encore avec des patrons papiers et il y a beaucoup de travail à la main, notamment au niveau des épaules. C'est un travail qui est très long. Donc, la particularité, c'est qu'on ne fait pas des lots de robes, c'est à chaque fois une robe pour une personne en particulier." Au total, la réalisation d'une robe d'avocat représente environ 5 à 6 heures de travail.
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Un vêtement important dans la vie d'un avocat : "ça vient marquer pour les jeunes avocats, la fin des études, l'entrée dans la vie professionnelle, de longues études qui viennent d'être faites quand ils obtiennent leur CAPA, leur diplôme. Et donc, l'achat de cette robe est très important pour eux et d'autant plus qu'il y a une prestation de serment dans le mois ou les deux mois qui suivent l'obtention du diplôme. Il y a ce côté cérémonie aussi qui rappelle un peu l'esprit de la robe de la mariée. En fait, il y a un fort attachement. C'est aussi fort. Et c'est une tenue qu’ils vont, s'ils en prennent soin, garder toute leur vie."
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Le directeur général de l'artisan costumier développe aussi un autre volet de l'Artisan Costumier : "Historiquement, l'entreprise était une entreprise de tissage qui tissait pour les congrégations religieuses. Et donc, on a un savoir-faire bien spécifique sur tout ce qui est tenue de revue. Et le cinéma fait parfois appel à nous pour des tenues religieuses. Des films comme Sœur Sourire, par exemple. Ou sinon, comme on est expert dans la robe d'avocat, on a fait aussi les robes pour le film J'accuse. C'est vrai que quand on travaille avec des costumiers, costumières pour certaines qui ont été césarisées, c'est assez valorisant pour nous. Donc voilà, oui, le monde du cinéma fait parfois appel à nous."
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La retranscription complète de l'émission :
Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler d'un savoir-faire local et peut-être insoupçonné. Il s'agit de l'entreprise L'Artisan Costumier, fondée en 1843 à Saint-Genis-Laval. Elle est aujourd'hui à Feyzin et elle s'est spécialisée dans les robes d'avocats. C'est un savoir-faire rare et à deux pas de Lyon. Pour en parler, nous recevons Jérôme Derruau, qui est le directeur général de L'Artisan Costumier. Bonjour Jérôme Derruau. Merci d'être venu sur notre plateau. On va rentrer dans le vif du sujet. Est-ce que d'abord, vous pouvez nous expliquer le concept de L'Artisan Costumier ? Qu'est-ce que vous faites ?
L'Artisan Costumier est une entreprise familiale depuis six générations. C'est un atelier de confection spécialisé dans la réalisation de costumes pour toutes les professions de loi. Les avocats, les magistrats, les greffiers. Des robes sur mesure et personnalisables.
Très bien. C'est assez rare en France. Vous n'êtes que quelques-uns à faire ceci. Est-ce que vous pouvez nous dire, vous dites toutes les professions, c'est pas que la robe d'avocat. Est-ce que quand vous dites toutes les professions de loi, il y a d'autres choses ? Vous pouvez nous dire un peu quel type de produit on peut trouver à part la robe d'avocat ?
La robe de magistrat, qui est très proche de la robe d'avocat, elles sont similaires. La robe de greffier, c'est la même que celle d'un avocat, mais avec quelques accessoires en moins. On est quand même sur un vêtement qui est toujours ample, avec des spécificités particulières, mais toujours sur ce vêtement noir. Ou rouge pour certains magistrats.
Avec des hermines aussi. Il y a quand même des accessoires forts, symboliquement forts en tout cas.
Oui, avec de la fourrure herminée pour les magistrats, les grandes écharpes qu'on peut voir devant.
Voilà, qu'on peut retrouver sur votre site internet aussi. Est-ce que vous pouvez nous dire comment est-ce que vous les confectionnez, ces vêtements professionnels finalement ?
La particularité, c'est que chaque robe est coupée et montée à l'unité, aux mesures de la personne. On travaille encore avec des patrons papiers et il y a beaucoup de travail à la main, notamment au niveau des épaules. C'est un travail qui est très long. Donc, la particularité, c'est qu'on ne fait pas des lots de robes, c'est à chaque fois une robe pour une personne en particulier.
C'est tout du sur-mesure ?
Tout est sur-mesure et avec les options de personnalisation complémentaires. On n'a quasiment jamais deux fois la même robe.
Et alors, en moyenne, je sais que c'est difficile de donner un chiffre peut-être, mais combien de temps un couturier ou une couturière met pour confectionner une robe d'avocat standard, disons ?
Donc, la réalisation d'une robe d'avocat, c'est environ 5 à 6 heures de travail, si on ajoute la prise de mesure. Après, en production pure, on est sur 5 heures de travail entre la coupe et le montage.
D'accord. Et on en parlait avant l'émission. C'est important pour celui qui la porte. À quel point, qu'est-ce que ça représente pour vos clients, cet habit ?
Alors, c'est une très forte symbolique et c'est vrai que ça vient marquer pour les jeunes avocats, voilà, la fin des études, l'entrée dans la vie professionnelle, de longues études qui viennent d'être faites quand ils obtiennent leur CAPA, leur diplôme. Et donc, l'achat de cette robe est très important pour eux et d'autant plus qu'il y a une prestation de serment dans le mois ou les deux mois qui suivent l'obtention du diplôme. Il y a ce côté cérémonie aussi qui rappelle un peu l'esprit de la robe de la mariée. En fait, il y a un fort attachement. C'est aussi fort. Et c'est une tenue qu’ils vont, s'ils en prennent soin, garder toute leur vie.
Ah oui, la durabilité de la robe d'avocat, c'est vraiment à l'échelle d'une vie ? On n'en a pas 18 dans le placard ?
On dit qu'un avocat meurt dans sa troisième robe. Ça donne à peu près le taux de changement de robe. Mais c'est vrai que quelqu'un qui en prend soin peut la garder toute sa vie. Et pour nous, c'est important aussi. Quand on fait un vêtement, on se dit que potentiellement, ça va accompagner la personne toute sa carrière. Et on n'est pas sur du jetable. Donc ça met du sens aussi dans notre travail.
Et comment est-ce qu'on peut vous trouver ? Où est-ce qu'on peut acheter vos produits, vos robes d'avocat ?
Alors tout d'abord sur notre site internet, où on nous trouve très facilement. Et on a aussi quatre boutiques partenaires, deux à Paris, une à Lyon et une à Marseille. Puisque même si on peut faire beaucoup de choses à distance, on aime bien prendre les mesures. Et passer en boutique ou passer au showroom, c'est bien. Pour les gens qui ne peuvent pas se déplacer, on le fait aussi en visio. Parce que la prise de mesure est une étape très importante dans le métier qu'on fait.
Et est-ce qu'il y a des nouveaux besoins, des modes un peu sur les accessoires peut-être par exemple chez les avocats ?
Alors de nouveaux besoins, pas forcément. Par contre, des besoins identifiés, oui. À savoir une robe qui ne se froisse pas, qui va être pratique. Puisque l'avocat, il va mettre sa robe en boule sous le bras et ne pas bien en prendre soin. Et ce qu'ils veulent, c'est quand même que la robe ne froisse pas. Donc ça, c'est une demande importante. Et on a aussi une demande pour qu'ils ne fassent pas trop chaud dans la robe. Et pour ça, on a tout un tas de matières et de solutions pour répondre à ces problématiques-là.
Et aussi, vous ne faites pas que des robes d'avocat. Vous avez aussi une activité parfois de costume. Vous êtes l'artisan de costumier. Vous avez quelques faits d'armes à nous mettre en avant, je crois, dans des films notamment…
Alors historiquement, l'entreprise était une entreprise de tissage qui tissait pour les congrégations religieuses. Et donc, on a un savoir-faire bien spécifique sur tout ce qui est tenue de revue. Et le cinéma fait parfois appel à nous pour des tenues religieuses. Des films comme Sœur Sourire, par exemple. Ou sinon, comme on est expert dans la robe d'avocat, on a fait aussi les robes pour le film J'accuse. Donc ça, c'est vrai que quand on travaille avec des costumiers, costumières pour certaines qui ont été césarisées, c'est assez valorisant pour nous. Donc voilà, oui, le monde du cinéma fait parfois appel à nous.
Et j'avais noté aussi que vous avez des clients de prestige. J'ai noté Philippe Seguin. Voilà, on peut en dire un mot.
Tout à fait. Donc en 2004, lorsqu'il a été nommé premier président de la Cour des comptes, il a fait appel à nos services. Et c'est dans l'histoire de l'artisan costumier, le premier fait d’armes, on va dire, avec quelqu'un de célèbre. Donc oui, Philippe Seguin, nous avions fait sa robe.