Accueillis avec méfiance par le monde économique, les écologistes voient des entreprises verdir leurs discours, mais conservent leurs distances.
À la fin des années Collomb, ses opposants, Nathalie Perrin-Gilbert en tête, dénonçaient des oligarques entourant l’ancien maire de Lyon. “La ville a été confisquée par quelques réseaux et quelques personnalités. Elle appartient à une forme d’oligarchie politique, économique et culturelle. Gérard Collomb empêche les nouveaux talents d’exister de peur qu’on lui prenne sa place”, tançait-elle. Sans les nommer, elle visait un petit noyau d’entrepreneurs qui s’étaient constitué des empires pendant les trois mandats de Gérard Collomb. Les regards se tournaient alors vers des groupes comme GL Events ou quelques promoteurs immobiliers, dont le groupe Cardinal. La société d’évènementiel, leader mondial à la croissance fulgurante, bénéficiait à Lyon d’un quasi-monopole. Le promoteur Cardinal, fondé par Jean-Christophe Larose, avait lui construit la plupart des immeubles de bureaux du quartier d’affaires de la Confluence. Même dans des milieux où les enjeux financiers sont moins prégnants, Gérard Collomb avait fait émerger des acteurs lyonnais, comme Arty Farty, qui ont ensuite pris une dimension nationale. La victoire des écologistes en 2020 a fragilisé cet écosystème dans lequel le monde économique, qui jalousait toutefois ces quelques réussites parrainées par la commande publique, trouvait son compte. Dans un sursaut, maladroit sur la forme, ils avaient tenté de peser, en vain, sur le cours du second tour.
Relations professionnelles
Trois ans plus tard, les frictions sont encore régulières entre les écologistes et le monde économique lyonnais, mais la pression retombe. Ils ont en revanche coupé avec la politique de Gérard Collomb qui s’appuyait sur une poignée d’acteurs de confiance pour construire la ville. “Ils ne vont pas créer un nouveau Ginon, car ils ne cherchent pas, à la différence de Gérard Collomb, à faire copain-copain avec les chefs d’entreprise. Ils fonctionnent différemment. Ils traitent avec les patrons projet par projet sans chercher à leur rendre service. Ils n’ont pas vraiment d’interlocuteurs privilégiés”, constate un habitué des réseaux économiques lyonnais. Lesquels ne bruissent pas de marchés qui profitent toujours aux mêmes ou d’acteurs blacklistés. Chez les gardiens du temps Collomb, des patrons s’étranglent toutefois en voyant d’anciens protégés se rapprocher des Verts : “Il y a des opportunistes, des gens qui ont vite changé de camp et qui cherchent des connivences.”
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