Basée à Lyon, l'organisation de coopération policière internationale a tenté de réformer son système de "notices rouges" au printemps, afin d'éviter une utilisation politique du système. Mais ces réformes s'avèrent insuffisantes pour empêcher les régimes autoritaires de détourner l'utilisation d'Interpol.
Des opposants politiques arrêtés par des régimes autoritaires en-dehors de leurs frontières. La Turquie, la Russie, la Chine, entre autres, demandent régulièrement à Interpol d'émettre des "notices rouges" abusives au regard des droits de l'Homme. Contrairement à une croyance répandue, ces notices rouges, ne sont pas des des mandats d'arrêts internationaux, et Interpol n'intervient pas directement sur le terrain pour interpeller les personnes concernées. Mais elle permettent aux polices des pays membres d'être informées des déplacements des personnes concernées, et de demander leur interpellation.
Si le système a fait ses preuves en matière de crime organisé, de pédophilie ou de terrorisme par exemple, il est aussi régulièrement abusé. Des régimes autoritaires émettent des demandes de notices rouges contre de opposants politiques sous de fausses accusations, de corruption, par exemple. “Le système et ses notices ont été abusés pour harceler et détenir des opposants politiques et dissidents”, notait Claude Moraes, eurodéputé britannique du parti S&D le 4 octobre dernier au Parlement de Strasbourg. Et Interpol n'offre pas les garanties nécessaires pour contrer ces abus, alors que la quantité d'information en circulation rend les contrôles plus difficiles.
Au printemps 2017, le conseil de l'Europe avait alerté sur cette situation. Les observateurs s'inquiètent notamment de l'augmentation du nombre de notices rouges émises par les pays jugés autoritaires, corrompus ou peu respectueux des droits de l'Homme. Interpol avait répondu à ces inquiétudes en réformant son système de contrôle, renforçant notamment la commission chargée d'étudier les procédures d'appel des particuliers visés par des notices rouges. Mais six mois plus tard, le compte n'y est pas pour les observateurs. “Les réformes entreprises par Interpol sur les notices rouges représentent un pas dans la bonne direction, nuance l'ONG Fair Trials, en pointe sur cette question, mais leur efficacité n’est pas toujours évidente.”
Dogan Akhanli, Hamza Yalcin, Can Dundar, Narzoullo Akhounjonov et Fikret Housseïnli. Ces cinq journalistes et intellectuels ont été victimes d’un détournement du système d’Interpol par leur pays d’origine. Et cela en dépit des réformes d'Interpol.
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