Après l’attentat qui a frappé mercredi Charlie Hebdo, il a fallu donner du sens à ce qui s’était passé, particulièrement vis-à-vis des jeunes. Nous sommes allés à la rencontre de collégiens afin de connaître leur perception de cette tragédie.
"L'attentat contre Charlie Hebdo, c'est un acte lâche, assène Younes, 14 ans, sac de sport sur l'épaule. Avec ça, les terroristes s'en prennent à tout le monde, pas seulement à une personne ou à un journal." Le jeune collégien est venu chercher ses camarades de classe à la sortie du collège Gabriel-Rosset, dans le 7e arrondissement de Lyon. Ici, comme partout en France, une minute de silence a été organisée hier en hommage aux douze morts de l'attaque qui a frappé mercredi l'hebdomadaire satirique.
Les professeurs ont cherché à dialoguer avec les jeunes, à tenter d'expliquer l'horreur : "Ils nous ont dit que c'était une attaque contre la liberté d'expression", témoigne Younes. Pour la plupart de ces collégiens, l'attentat contre Charlie Hebdo est inexcusable, même au nom de l'islam : "Un musulman, ça ne tue pas, pense Moustapha. Il n'est plus musulman dès qu'il tue."
Certains ont refusé la minute de silence
Certains élèves ont toutefois refusé de participer hier midi à la minute de silence. "Ils ont dit qu'ils ne feraient pas de minute de silence pour des racistes", relate Younes. Lynda, en classe de 4e, a quant à elle participé à l'hommage, "par respect". Mais elle critique le travail de Charlie Hebdo : "Ils manquaient de respect à l'islam. On ne doit pas rigoler avec la religion." "Je n'ai pas aimé qu'ils critiquent l'islam, ils n'ont pas le droit de le faire", renchérit la jeune Norhane.
La plupart n'ont vu qu'une partie des caricatures, les plus antireligieuses surtout et aucune de celles qui ciblent le christianisme. Difficile pour les professeurs de les raisonner, dans ces circonstances : "Ils nous ont dit que les caricaturistes avaient le droit de faire ce genre de dessins, explique Lynda. Et que, de toute façon, il y avait d'autres moyens que la violence et le meurtre."
“Mon père est resté silencieux devant la télévision”
Chez Lynda ou Norhane, comme chez d'autres, revient la même idée : Charlie Hebdo devait être combattu pour ses attaques contre la religion mais de manière non violente et surtout pas par le meurtre, interdit par l'islam. La majorité des élèves n'est toutefois pas sur ce registre : "C'est le métier de Charlie Hebdo, c'est normal qu'ils fassent ça, estime Lyna. Les caricatures, ce n'est qu'une excuse pour des assassinats."
Face à l'incompréhension, le dialogue s'avère crucial. Les collégiens en ont parlé entre eux, mais seulement sur le coup : "C'était partout à la télé et sur les réseaux sociaux", témoigne ainsi Fathia. Et la discussion avec les parents est parfois compliquée : "Mon père est resté silencieux devant la télévision", nous dit Chaïma, 13 ans. "Mes parents m'ont dit que le Coran interdisait de tuer", conclut Lynda.
Les propos échangés avec des jeunes à l'extérieur de l'établissement ne sauraient engager de près ou de loin le collège qui n'a pas été consulté.