Alors que les associations d'aide aux populations Roms espèrent un coup de pouce du gouvernement, les charters continuent de renvoyer les Roms dans leur pays d'origine.
A 7h30, jeudi matin : le car, affrété par l'office français de l'immigration (OFII) et de l'intégration, est bondé. Femmes, enfants en bas âge, familles, jeunes célibataires : une population hétérogène prend place sur les sièges du bus. Garé devant le Luna Park à la Confluence, point de ralliement pour les Roms bénéficiant de l'aide au retour volontaire, le bus ferme ses portes et met le cap sur l'aéroport Saint-Exupéry où un charter en direction de Bucarest les attend.
Depuis un an à Lyon, tous les mois, entre 50 et 100 Roms sont redirigés vers la Roumanie via ces charters. 300 euros par adulte et 150 euros par enfant sont débloqués par l'OFII. Pour les représentants des associations "Collectif Roms" et "la Ligue des droits de l'homme", ces aides au retour "volontaire" s'apparentent à des expulsions.
"Avec le nouveau gouvernement Hollande, ces départs ne devraient même plus avoir lieu. Cela coûte trop cher et ça ne sert à rien", s'indigne Gilberte Renard de l'association "Classes", qui a pour mission de scolariser les enfants Roms. "Dans son programme de campagne, François Hollande avait assuré qu'il se référerait aux textes européens qui prônent une intégration des Roms dans chaque pays membre", ajoute Claude Massault, de la Ligue des droits de l'homme. "On espère que cela va changer mais pour l'instant, rien n'a bougé. La politique mise en place sous Sarkozy continue" précise t-il.
Entre 800 et 1000 Roms sont présents à Lyon
Pourtant, en avril dernier, et pour la première fois à Lyon, 95 Roms ont été régularisés. Une initiative de la préfecture du Rhône, financée par des fonds européen et qui comprend un hébergement en appartement, la remise d'un titre de séjour, des cours de français, la scolarisation des enfants et le droit au travail. Signe d'une politique plus souple en faveur des Roms, la préfecture a assuré qu'elle continuerait, au cas par cas, et tout au long de l'année, à procéder à des régularisations.
Aujourd'hui, entre 800 et 1000 Roms sont présents à Lyon, d'après les estimations des associations, répartis dans une dizaine de squats de l'agglomération. Pour Claude Massault, ce chiffre est stable depuis une dizaine d'années : "En tout cas, il n'a pas baissé depuis les mesures prises de retour au pays. Les allers et retours entre la France et la Roumanie se font toujours autant".
D'après la préfecture, au même moment, plusieurs cars, venant de différents lieux de la région, transportaient des Roumains et des Macédoniens en direction de l'aéroport. Au total, 126 personnes auraient embarqué pour la Roumanie.