(Photo d’illustration) Chauffeur UBER © Tim Douet

Chauffeur Uber à Lyon : "On peut conduire 10h de suite sans s'arrêter"

Ce 1er mai à Lyon, les transports en commun sont à l'arrêt. Alors, de nombreux habitants ont fait appel à la plateforme VTC d'Uber pour se déplacer. Rencontre avec Abel*, chauffeur.

"Il n'y a pas d'attente entre les courses aujourd'hui", explique Abel, chauffeur Uber à Lyon. Comme tous les ans, les transports en commun sont à l'arrêt dans toute la métropole, à l'occasion de la fête du travail du 1er mai. Alors, de nombreux habitants font appel à la plateforme VTC d'Uber pour se déplacer.

Aujourd'hui, Abel a commencé à 8h30. "J'avais complètement oublié qu'on était le 1er mai, sinon j'aurais commencé plus tôt", regrette-t-il. Et pour cause, c'est une journée "exceptionnelle" pour le chauffeur, qui voit défiler les clients.

Un travail pour "tenir le coup"

Certains, comme lui, ont été pris de court: "Ceux qui ne sont pas de Lyon étaient très surpris et fâchés de ne pas trouver de transports ce matin". Abel raconte qu'ils l'ont chaleureusement remercié. Lui, estime qu'il ne fait que son travail.

Un travail "pratique" qu'il a commencé en juillet dernier en parallèle de son autre emploi.  Une reconversion "pour tenir le coup", choisie après la perte de son poste de technicien pendant la crise sanitaire du Covid. Mais, le chauffeur ne cautionne pas toutes les pratiques de la plateforme américaine.

"Si je ne m'arrête pas, je vais gagner 20€"

"On peut conduire dix heures de suite sans s'arrêter", explique-t-il, ajoutant que les chauffeurs qui le font par souci de gain sont nombreux. "On doit juste s'arrêter trente minutes, après, on peut à nouveau conduire dix heures", ajoute Abel. Pourtant, selon la règlementation Uber, un chauffeur doit prendre une pause de minimum six heures après avoir conduit dix heures d'affilée. Après quoi, il peut à nouveau conduire dix heures.

Ce qu'Abel dénonce, c'est le "système Uber" qui incite les chauffeurs à travailler plus et à ne pas faire de pause pour gagner des "bonus". Via l'application, les chauffeurs peuvent gagner de petites sommes d'argent en récompense de plusieurs heures de travail consécutives. "Là, si je ne m'arrête pas, je vais gagner vingt euros", décrit-il en montrant son écran.

Une course à la rentabilité

Cette course à la rentabilité, le chauffeur ne la comprend pas. Jeudi dernier, Uber a rajouté l'option "Uber Pet" dans son application lyonnaise. Pour quatre euros supplémentaires, le passager peut voyager avec son animal de compagnie. "Je refuse d'installer cette option, c'est aberrant", estime Abel, qui n'a jamais refusé personne avec un animal jusque-là. "À ce rythme-là, bientôt Uber va nous demander de peser les bagages des gens comme à l'aéroport", s'offusque-t-il.

Pour l'heure, il va continuer d'être chauffeur pour la plateforme. "Du moment que je gagne ma vie, il y a pire comme travail", dit-il, avant d'accepter une nouvelle course.

*Le prénom a été changé

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