LC 719 p. 24-25

Cité de la gastronomie, Capitale européenne de la culture : deux dossiers, un même échec

Que ce soit avec la Cité de la gastronomie ou avec la Capitale européenne de la culture, Lyon a loupé le coche sur plusieurs événements qui l’auraient pourtant fait rayonner à l’international. Entre manque d’envie, dossiers mal ficelés et défaut de participation populaire, ces plantages avaient tout de naufrages annoncés.

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“Il y a des leçons à tirer de cette élection, qui ne valent pas seulement pour Lyon. Au moment où notre pays est à la recherche d’un autre destin, le modèle lyonnais pourrait en effet inspirer largement partout en France.” Le soir de sa réélection, en mars 2008, Gérard Collomb promettait à ses troupes euphoriques que l’heure de Lyon était arrivée, que la “belle endormie” allait enfin rayonner à la hauteur de ses mérites. Le maire de Lyon jugeait même que Lyon était “en train de redevenir, comme dans ses meilleures périodes, un lieu de refondation et un lieu d’action, un lieu où se forge une partie de l’avenir de la France”.

Gérard Collomb a eu depuis deux occasions d’attirer l’attention de l’Europe sur sa ville. Deux occasions manquées et – quoi qu’on en dise – impossibles à rattraper. Deux échecs qui se ressemblent étrangement, comme si l’on n’avait retenu aucune leçon du premier... Lyon ne sera donc ni capitale de la culture ni capitale de la gastronomie.
Gérard Collomb connaît pourtant l’importance de ce genre d’événements et distinctions, dont raffolent les médias. C’est lui d’ailleurs qui aimait prendre modèle sur Barcelone et rappeler que les JO de 1992 avaient permis et mis en lumière le renouveau de la capitale catalane. Il a pourtant fait mine de l’oublier après l’échec de la Cité de la gastronomie, lâchant même qu’on pouvait faire “sans Paris” et “comme par le passé entre Lyonnais”.

La posture locale a pourtant des limites lorsque l’on souhaite faire rayonner sa ville. Collomb oppose que l’échec de Lyon 2013 n’a pas empêché la rénovation du quartier de la Confluence, et que celui de la Cité de la gastronomie n’empêchera pas celle de l’Hôtel-Dieu. Certes, mais qui le saura en dehors de Lyon ? La surmédiatisation actuelle des débuts – pourtant un peu cafouilleux – de Marseille 2013 vient cruellement rappeler l’occasion manquée par la ville de Lyon. Car, disons-le simplement, Lyon aurait dû gagner ces deux “compétitions”. Avec ses deux orchestres, ses théâtres, ses lieux de création, de débat, ses festivals, ses biennales, sa Fête des lumières, elle est de loin – et depuis longtemps – la ville française, hors Paris, qui investit le plus dans la culture : 20% de son budget, quand la plupart font à peine deux fois moins et que Marseille atteint tout juste 8%... Mais qui le sait, en France et en Europe ? Quant à la gastronomie... Même le jury qui vient de refuser la Cité de la gastronomie à Lyon la qualifie noir sur blanc de “capitale mondiale de la gastronomie” dans le rapport final expliquant sa décision. Alors, qu’est-ce qui cloche ? Dans les deux cas, la qualité du projet et la méthode Collomb.

Incapable de faire participer toutes les forces vives de l’agglomération à la rédaction de projets, le maire de Lyon s’est en outre enfermé dans une démarche clientéliste, consistant à épouser à la lettre les desiderata de quelques grands groupes privés. Et plus particulièrement ceux d’Olivier Ginon (GL Events, qui gère le Sirha), dont on va finir par penser qu’il est le véritable maire de la ville. Qu’il y prenne garde : à cultiver les arrangements “entre soi”, on désespère les talents, les esprits créatifs et les entrepreneurs. Ceux-là mêmes qui, en 2001, avaient considéré que Lyon étouffait de sa “lyonnitude” et qu’il était temps de changer de maire.

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Dans le mensuel de février, retrouvez l'analyse parallèle de ces deux échecs, avec les témoignages de personnalités impliquées à l'époque du premier dossier.

Lyon Capitale n°719 est en vente en kiosques jusqu'au 21 février, et dans notre boutique en ligne.

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