Alain Alexanian est cuisiner et consultant culinaire. Il dresse le bilan de la première année de réouverture de la Cité de la gastronomie de Lyon.
Un an après sa deuxième ouverture, la Cité de la gastronomie de Lyon souffre toujours d'un déficit d'image. Elle semble courir après son destin, alors que sa voisine Dijon l'a pris en main avec appétit. La Cité lyonnaise n'a toujours pas le niveau d'un équipement culturel. Les politiques lyonnais prennent-ils bien au sérieux l'enjeu des "choses de la gueule " ?
Pour l'heure, l'unique échantillon à se mettre sous la dent, le beurre dans les épinards, c'est le chef couteau-suisse Alain Alexanian qui l'amène avec son « Agitation culinaire », tous les jeudis soir. Un véritable show cooking face au public (encore trop confidentiel, une trentaine de personnes). Ce nouvel espace mixte entre fourneaux et salle ambitionne de devenir un standard de l'expérience culinaire de la Cité de la gastronomie. Encore faut-il surmonter les contraintes techniques liées aux bâtiments.
La retranscription intégrale de l'entretien avec Alain Alexanian
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono nous accueillons aujourd'hui Alain Alexanian, bonjour
Bonjour
Alain Alexanian, vous êtes cuisinier, consultant culinaire, vous avez été 15 ans étoilé au guide Michelin, vous avez été récompensé d'un Award du meilleur livre de l'année sur la santé et la nutrition qui s'appelait L'art de bien manger bio, et vous êtes fondateur de la marque Kamélya qui propose notamment des thés à boire et à manger et d'ailleurs des thés que vous utilisez comme épices.
Alain Alexanian, aujourd'hui, vous officiez notamment à la Cité de la gastronomie, à l'Hôtel Dieu où vous êtes né, il me semble...
Absolument
C'est là que Rabelais ,médecin, a écrit Pantagruel et Gargantua. Finalement tout était dit que vous y travaillez.
C'est une renaissance dans le lieu de ma naissance effectivement.
Vous animez, tous les jeudis, des "Agitations culinaires", de quoi il s'agit ?
Alors c'est simple, on prend ce qu'il y a de meilleur dans la région, c'est-à-dire que ça peut être un producteur, ça peut être du miel, ça peut être une huile, ça peut être de l'ail noir, enfin ce qu'on veut, et on les met en avant avec un chef qui est à mes côtés. Et puis on fait déguster, une fois le salé, une fois le sucré à une cinquantaine- soixantaine de personnes qui viennent
Donc là c'est de la préparation sur place?
Absolument, ça s'appelle une dégustation salé sucré et puis on essaye d'impacter les gens avec une nouvelle façon de s'alimenter, puisque la Cité c'est avant tout une histoire de santé et de nutrition. Et on fait passer des messages qui sont aussi bien sur le compost ,que sur l'alimentation de demain
Oui, effectivement, le thème de la cité de gastronomie de Lyon, parce qu'il y en a quatre, il y a un réseau de cité de gastronomie, c'est exactement ça. Alors c'est vrai que vous êtes partie prenante quand même de cette cité, cette cité qui a été réouverte, voilà il y a eu un raté, on va dire l'acte 1. L'acte 2, c'est la réouverture le 21 octobre 2022, c'est vrai qu'on a reçu un mail la presse de la métropole de Lyon qui se félicitait d'avoir eu 54 000 visiteurs, c'est-à-dire en quasiment un an jusqu'à mi novembre 2023. 54 000 visiteurs, on a annoncé quand même 300 000 sur le projet l'acte 1 je regarde la cité de Dijon c'est quand même 840 000 visiteurs cette année. Est-ce qu'il n'y a pas ça a du mal à redémarrer quand même cette cité ?
Alors on peut pas comparer Dijon, ce ne sont que des indépendants qui ont tout repris. Ici, c'est la Métropole et heureusement que la Métropole était là pour mettre des sous, sinon on aurait fait exactement comme le reste de c'est-à-dire qu'on ouvre et après on referme. Là ils n'ont pas refermé et ils ont essayé de laisser ouvert parce que la Métropole c'est pas rien. Et 60 000 personnes, là, on est un peu plus d'un an, c'est pas rien non plus.
Alors, oui vous voyez le côté le côté positif...
Oui, parce que en fait, c'est ouvert, on n'entend pas parler, ça c'est sûr. Mais avant, on en entendait parler il y en avait beaucoup ,mais c'était toujours en négatif. Donc si c'est du positif et qu'on n'entend pas parler c'est tout boni. Alors, oui, il faut il y ait des choses, on devrait probablement aller plus loin. Ceci dit ceci dit ça ne fait qu'un an. Il faut laisser grandir les choses. En un an, les choses se sont positionnées. Aujourd'hui, il faut vraiment, probablement avec beaucoup de volonté, mais pas uniquement que celle des cuisiniers, aller de l'avant. On a quand même la chance d'avoir des grands Institut Merieux, etc. qui sont là pour pour booster et mettre les choses en avant d'une autre façon. Maintenant, que ça puisse déjà réexister, c'est bien, faire en sorte que ce lieu qui est un lieu emblématique, parce que c'est vraiment plein coeur de Lyon devienne presque un centre qui fait vivre toute la région parce que c'est Auvergne-Rhône-Alpes
Le fait d'avoir fait un réseau, Paris-Rungis va arriver en 2028 et puis Tours et Dijon, est-ce que ça n'a pas dilué un peu l'intérêt et le sens d'une cité qui au départ on aurait pu avoir un lieu totem Lyon ?
Au départ c'était pour un seul Lyon mais vraiment au tout départ et puis Lyon était déjà pas concurrent, donc il n'était pas dans la liste, donc ne pas être dans la liste ou faire partie des quatre, le choix est vite fait. Effectivement, un seul aurait suffi. Mais je suis pas sûr d'ailleurs que ce nom est trop pompeux aujourd'hui Cité internationale la gastronomie de Lyon, ça fait beaucoup beaucoup pour un truc où c'est on est là pour pour effectivement donner probablement un espoir mais nutrition santé, c'est pas rien, vraiment c'est pas rien donc on oublie qu'il y a 250 ans on ne mangeait pas de tomates de pommes de terre de courgettes d'aubergines, on oublie tout ça, il ya 250 ans, c'est pas loin donc ce qu'on est là pour ça de dire les nouveaux gestes le compost etc et puis la nouvelle façon de se nourrir, c'est aussi là bas qu'on l'enseigne donc c'est un lieu d'enseignement.
et là ce que vous faites vous effectivement avec vos agitations culinaires c'est que effectivement la gastronomie ça doit pas être un musée la gastronomie c'est vivant vous c'est ce que vous faites c'est un lieu d'expérience culinaire mais qu'est-ce qu'il faudrait pour qu'elle soit un peu plus attractive cette cité ?
alors peut-être ce qui faudrait c'est que quelqu'un, tous les jours d'ouverture, fasse à manger à boire, et leur explique que demain effectivement il y aura du sorgho, de l'amaranthe, de voilà des choses qui poussent sauvagement, qui sont autour de nous, qui n'ont pas besoin d'eau, pas besoin de beaucoup de soleil et qui seront l'alimentation de demain. Donc il ya une grande différence entre "on s'installe et on fait un truc un peu comme on a l'habitude de faire" ou alors innover et innover ça prend quand même un peu de temps. Ce temps là, au bout de la première année ,soit on en tient compte et puis peut-être que dans les années à venir ça risque de venir parce que parce qu'effectivement il ya de l'impatience et moi en tant que cuisinier, forcément, un cuisinier ça demande toujours un peu plus dans la sensation, dans les goûts, etc. Alors d'autres ont d'autres visions. La mienne elle est quand même plus gustative.
Voilà, ce sera le mot de la fin effectivement ce mot positif où il faut un peu plus de gustatif et d'expérience. Et vous retrouverez un grand dossier dans le mensuel de janvier de Lyon Capitale sur la cité de la gastronomie. Merci à tous et bonne journée.
"Innover" est le mot magique pour donner de l'espoir à un monde qui tourne en rond et s'autodétruit.
Améliorer les choses est souvent possible, mais à un moment on arrive aux limites, et savoir respecter et accepter les limites est un signe d'humilité et de sagesse... Sauf que dans un monde monétaire, il faut vendre en permanence, mais croire au "mieux" de l'achat futur.
La réalité est toute autre.
et "innover" en matière de cuisine, est totalement... hors cadre, puisque c'est juste une histoire de lassitude des cerveaux, et de goûts. Aucune innovation là dedans. Juste des possibilités acceptable ou "à vomir". 😀