SÉRIE - Lyon deviendra-t-elle officiellement la capitale mondiale de la gastronomie ? La ville du manger gras et du boire sec a, en tout cas, fait acte de candidature pour accueillir la Cité de la gastronomie, un lieu dédié à l’art culinaire de France et du monde. Mais Lyon est loin d’être la seule en lice pour accueillir cette vitrine de la gastronomie mondiale, et les 5 autres villes candidates présentent de solides dossiers. Lyon Capitale s’est penché sur les différents projets et vous propose de les découvrir dans une série d’articles, avec une question : Lyon a-t-elle ses chances ? Aujourd’hui, le projet d’un sérieux concurrent, Versailles.
Versailles... Ce nom seul suffit à attester l’importance de ce dossier de candidature. Entre renommée internationale et cadre majestueux, la ville qui abrite le château du Roi-Soleil présente peut-être l'un des projets les plus aboutis. "D’un point de vue historique, la cour du roi a été un des moyens de remettre la gastronomie au goût du jour. Il y a une vraie tradition de la gastronomie à Versailles", explique l’un des responsables du projet. En termes de visibilité, l’influence du château de Versailles à l’international est colossale, puisque 11 millions de visiteurs viennent chaque année le visiter. "Versailles est une image, et cela dans le monde entier", affirme-t-on à la mairie. En outre, 8 millions de touristes par an passent devant l’ancien bâtiment des postes, qui est pressenti pour accueillir le projet de Cité de la gastronomie. Et, si la ville ne possède pas de culture agricole ni de terroir spécifique, les responsables du projet semblent considérer cela comme un atout : "Nous sommes la réunion de plusieurs terroirs, de fait nous avons plus de légitimité à représenter tout le territoire français."
Chefs étoilés et agriculture de proximité
La Cité devrait donc s'installer dans l’ancien bâtiment des postes, à 50 mètres de la place d’Armes, à l’arrière des écuries du château – sur 4000 m² et trois niveaux. Un parking aérien de 600 places, en cours de végétalisation, pourrait aussi servir de débordement au site. Les sous-sols du bâtiment, quant à eux, accueilleraient des espaces de stockage, ainsi que des cuisines. Les responsables du projet expliquent être "actuellement en pourparlers avec quelques grands chefs et traiteurs, pour ouvrir un restaurant. En termes de savoir-faire c’est important".
Si le prestigieux chef étoilé Gérard Vié a été mentionné en tant qu’associé "très intéressé" par le projet, Versailles peut aussi se targuer d’avoir de nombreux partenaires de poids. Le marché Notre-Dame, deuxième plus gros marché en termes de volume après Rungis, et le potager du Roi, sont les atouts maîtres du projet. Les trois fermes, situées dans la plaine de Versailles, dont la ferme de Gally fait partie, devraient aussi conclure des partenariats avec la future Cité. "Avoir des produits frais et une agriculture de proximité peut être un avantage pour un tel projet", explique la mairie.
La candidature de Lyon inquiète
Le projet de la future Cité de la gastronomie à Versailles comporte 5 pôles majeurs. Le pôle scientifique ne possède pas moins de sept partenaires, dont l’Inra (Institut scientifique de recherche agronomique), l’Institut des hautes études du goût, ou encore le pôle île-de-France des saveurs et cultures alimentaires. Un pôle de nutrition, gastronomie et santé travaillera à la mise en place d’une bibliothèque de la gastronomie et de la nutrition, ainsi qu’à l'organisation de démonstrations, par des grands chefs, lors d’événements particuliers. Un centre de formation ainsi qu’un pôle média sont aussi prévus. Enfin, une unité Concours nationaux veillera à développer la reconnaissance des métiers de la gastronomie et des arts de la table, à travers la France, avec le soutien des compagnons du Tour de France et du Devoir.
Chiffré à 10 millions d’euros d’investissement, le projet de Versailles fait partie des candidatures prêtes à rayonner. Cela n’empêche pas les responsables de la candidature de la cité du Roi-Soleil de se dire inquiets de certains projets concurrents, dont celui de Lyon. "Tours est une candidature de témoignage. Rungis est un beau projet mais trop professionnel. La candidature de Lyon fait vraiment sens : la ville a une forte tradition culinaire, qu’elle a su faire évoluer et exporter au fil des années."