Gérard Collomb a levé la cloche qui recouvrait jusqu’ici le projet lyonnais de Cité de la gastronomie. Ce temple à la gloire du bien-manger devrait s’implanter dans la partie la plus ancienne de l’Hôtel-Dieu et s’étendre sur 15.000 m². À l’occasion de ce lever de rideau sur un des projets qui passionnent le plus les Lyonnais, tout le gratin de la gastronomie lyonnaise était rassemblé à l’hôtel de ville, Paul Bocuse en tête.
La mairie avait mis les petits plats dans les grands le 29 octobre au soir. Et pour cause, il était question de gastronomie. Quelques semaines après avoir boudé le rassemblement citoyen défendant la candidature de Lyon pour accueillir la Cité de la gastronomie, Gérard Collomb présentait le projet lyonnais à la presse. Pour l’occasion, les figures les plus emblématiques de la gastronomie lyonnaise étaient présentes, de Paul Bocuse à Jacotte Brazier, en passant par Pierre Orsi, Colette Sibilia et ses charcuteries, Renée Richard et ses fromages, le chocolatier Sébastien Bouillet… Tous ceux qui participent à l’excellence et à la culture du bien-manger à Lyon avaient répondu à l’appel, en habits blancs et toques.
15 000 m² au cœur de Lyon
Comme ils l’ont déjà fait le 15 octobre dernier devant la commission chargée de l’attribution de la Cité de la gastronomie, Gérard Collomb, Bernard Vitiello (d'Eiffage Immobilier), Albert Constantin (architecte du projet de Grand Hôtel-Dieu) et le chef triplement étoilé Régis Marcon se sont attelés à détailler le projet lyonnais.
La Cité internationale de la gastronomie à Lyon devrait s’étendre sur environ 15.000 m² dont, 1.500 m² d’extérieurs qui accueilleront un jardin apothicaire et différents marchés dont un marché des terroirs. 3.000 m² seront dédiés aux restaurants, dont un, le Réfectoire, estampillé Paul Bocuse. 800 m² de commerces consacrés aux arts de la table et au design seront répartis sur la façade côté Presqu’île, entre la place de la République et la place de l’Hôpital.
Le cœur de la Cité de la gastronomie devrait battre sous le dôme des 4 Rangs, dans la partie la plus ancienne de l’édifice, côté rue Childebert.
Sur 4 niveaux, la Cité affiche trois axes majeurs de développement : la promotion de la gastronomie, avec des expositions permanentes et temporaires, un parcours des arts de la table et du goût et un espace média ; l’innovation et le développement, enrichi d’un pôle de recherche, analyse et prospective et un pôle d’innovation et de compétitivité des produits ; la formation et le rayonnement, articulés autour d’un centre de formation de formateurs en gastronomie et d’un centre de concours et d’entraînement. "On ne fait pas un Louvre de la gastronomie. On veut des odeurs. On veut un lieu ouvert à tous et où chacun puisse se sentir un peu chez soi", a affirmé Régis Marcon.
Un financement bouclé ?
Mais, si la qualité des ambitions lyonnaises pour cette Cité ne fait pas débat, on se souvient que le financement posait question. Gérard Collomb a longtemps montré peu d’enthousiasme pour le projet, expliquant qu’il ne trouvait pas d’investisseurs. Mais, à la faveur d’un accord trouvé avec Eiffage, le maire s’était finalement affiché à la dernière minute comme un défenseur du projet.
Lundi soir, il a même fait du financement un point fort du dossier lyonnais : "Sans vouloir faire de mauvaise publicité à certaines autres villes candidates, le projet lyonnais, contrairement à celui d’autres candidats, est d’ores et déjà financé et peut être mis en œuvre à court terme."
Sur les 18 millions d’euros au total qu’il devrait coûter, la Ville prend en charge l’intégralité des frais d’aménagement (3 millions d’euros). Elle apporte également, à parts égales avec Eiffage, la moitié de l’investissement immobilier, estimé à 15 millions. L’autre moitié sera financée par des partenaires amenés par Eiffage. Des partenaires dont Bernard Vitiello a souhaité taire les noms, ajoutant simplement qu’il s’agissait de "contacts très intéressés avec des retours très positifs sur le projet". Auparavant frileux, Gérard Collomb ne semble désormais pas imaginer que la Cité ne soit pas lyonnaise. Il se condamne même à réussir ce projet sur l’Hôtel-Dieu expliquant que "de toute façon, il n’y a pas de plan B".
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Lyon mérité de gagner. Quand au maire, dommage qu'il ne se soit mobilisé que tard. Si Lyon est choisi, quelle chance de monter ce projet d'envergure au sein d'un site si prestigieux et emblématique.
C'est bizarre cela fait rafistolage… quand on se remémore le dossier que Lyon-Capitale a fait cet été sur le sujet, ce dernier volet qui vient si tard est comme un coup de bleuf : joue-t-on au poker ? Si Eiffage finance ce projet, que n'a-t-il pas financé le pôle santé de l'Hôtel-Dieu ? Un dispensaire sur la place aurait eu plus de sens, non ? Et qu'en est-il de la rue des Saveurs (Montebello) ?? Voilà pourquoi cela ressemble à du rafistolage…
Et dire qu’à l’origine l’Hôtel-Dieu était construit pour les malades et les indigents. Et aujourd’hui les pauvres sont à la rue et on veut faire de l’Hôtel-Dieu le temple de la gastronomie. Qu’en pense Monseigneur Barbarin, archevêque de Lyon ? Cela me choque.