Après Paris et Bordeaux, le salon "Made in France" s'installe à Lyon les 6 et 7 mai. Sa fondatrice Fabienne Delahaye est l'invitée de "6 minutes chrono".
Quatre mois après le "doudoune-gate lyonnais" - l'achat de parkas fabriquées au Bangladesh commandées par la Ville de Lyon pour ses agents , le salon "Made In France" s'implante à Lyon (à la Sucrière), après le succès de sa dernière édition parisienne qui a accueilli plus de 100 000 visiteurs.
Créé en 2012 (70 exposants pour 1 500 visiteurs), le salon surfe sur les concepts de relocalisation et de souveraineté au coeur du débat public depuis la crise du Covid.
"L'idée m'est venue de faire la promotion d'entreprises qui n'avaient pas délocalisé, qui fabriquaient sur le territoire et qui ainsi participaient à créer de la richesse sur le territoire" souligne Fabienne Delahaye, fondatrice du salon.
Parmi les 120 à 150 exposants lyonnais, les vêtements de sport recyclés les Poulettes Fitness, les jeans écologiques et éthiques en lin Le Gaulois Jeans, les jeux de société Opla, les jeux d'éveil pour bébés et enfants La Nature des petits, la lingerie 100% écolo-responsable Bott...
La salon accueillera en avant-première Cocorifeu qui propose des mascottes 100% fabriquées en France pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, les mascottes officielles étant en majorité fabriquées en Chine.
L'Association Origine France Garantie présidée par Gilles Attaf, a décidé il y a 5 mois de lancer un mouvement collectif pour proposer des mascottes 100% fabriquées en France. Pour Gilles Attaf, président d’Origine France Garantie : "cela faisait totalement sens pour nous de réserver l’exclusivité de la présentation de Cocorifeu au Salon du Made in France : nous nous battons pour la même cause depuis plus de 12 ans, la revalorisation de la fabrication française et la réindustrialisation. Nous sommes fiers d’aller à la rencontre du
grand public à l’occasion de cette édition lyonnaise du Salon, pour les associer à ce beau projet d’une mascotte 100% française, qui a mobilisé, dans un élan de solidarité exceptionnel, des entrepreneurs de toute la France prêts à porter cette idée jusqu’à sa réalisation."
Restranscription textuelle et intégrale de l'entretien
avec Fabienne Delahaye
Guillaume Lamy : Bonjour à tous et bienvenue dans Six minutes chrono, le rendez-vous quotidien de Lyon Capitale. Nous recevons aujourd'hui Fabienne Delahaye qui est fondatrice du salon Made in France qui se tient pour la première fois à Lyon. Bonjour.
Fabienne Delahaye : Bonjour.
Guillaume Lamy : Créé en 2012 à Paris, le salon Made in France se régionalise. Après Bordeaux en 2022, c'est à Lyon d'être à l'honneur. Le Made in France est un sujet qui est très d'actualité puisque l'enjeu c'est la souveraineté nationale. Est ce de quoi est née l'idée du salon Made in France?
Fabienne Delahaye : Alors j'ai crée ce salon il y a dix ans en prenant conscience des enjeux qui se jouaient avec le made in France, moi qui ait une formation économique à la base. A force d'émissions de radio télévision sur la désindustrialisation, le chômage structurel, la désertification des territoires, je me suis à un moment donné interrogé sur comment, dans ce pays si riche de compétences, de savoir-faire, on est venu à, et pour des raisons économiques, fabriquer ailleurs ce qu'on pourrait parfaitement faire ici.
Et donc je me suis dit que ce n'est pas possible puisqu'on en voit aujourd'hui les effets délétères de toujours fabriquer ailleurs, pensant qu'en France on allait ne faire que, c'était vraiment le cas il y a 30 ans, des produits à haute valeur ajoutée, de la communication, des services. Et penser que la Chine étant l'usine du monde, tout ce qui était fabrication dit de "produits manufacturés" devait être fabriqué ailleurs. Donc c'est consciente de ces enjeux où je me suis dit à mon niveau, modestement, quelle pierres je peux apporter à l'édifice de cette réindustrialisation. Et donc l'idée m'est venue, j'étais dans le secteur des salons, de faire la promotion d'entreprises qui n'avaient pas délocalisé, qui fabriquaient sur le territoire et qui ainsi participaient à créer de la richesse sur le territoire.
Guillaume Lamy : De la richesse et de l'emploi.
Fabienne Delahaye : Absolument. En tout cas, il y avait des savoir faire.
Guillaume Lamy: Il y a eu un gros succès de l'édition parisienne puisqu'il y a eu lors de la dernière édition, 100 000 visiteurs cette année. Vous attendez combien de visiteurs sur Lyon?
Fabienne Delahaye : Lyon, on a 15 000 inscrits. On a dépassé notre objectif en termes de visiteurs, donc je pense qu'on sera plus nombreux. On a entre 120 et 150 exposants, ce qui d'ailleurs correspond à l'édition parisienne en termes de rapport visiteurs exposants, puisqu'à Paris on a un peu plus de 1000 exposants et 100 000 visiteurs. C'est important ce ce rapport, cet équilibre. Visiteurs et exposants.
Guillaume Lamy : Quand vous avez décidé de régionaliser ce salon made in France, vous avez commencé par Bordeaux et étonnamment, pas Lyon? Parce que Lyon, c'est quand même la deuxième région industrielle, économique.
Fabienne Delahaye : Alors, excellente question. Je vais vous dire la vérité, c'est que, au départ, on avait choisi Lyon pour les raisons que vous dites effectivement. Deuxième Auvergne-Rhône-Alpes, deuxième région de France, donc c'était l'idée en 2022. Et il se trouve que j'ai été invitée à participer à une conférence où j'ai rencontré Alain Rousset, président de la de la Région Nouvelle Aquitaine, et qui m'a dit "mais venez chez nous, on veut que la première édition soit sur en Nouvelle-Aquitaine". Il se trouve que chaque année, sur le salon parisien, il y a une région à l'honneur et l'année dernière, c'était la Nouvelle Aquitaine. Donc il y avait une certaine cohérence et on s'est dit "bon bah dans deux ans, on vient à Lyon". Voilà la stricte vérité. Et le voilà la vie du business, c'est le résultat aussi de rencontres et cela a été le résultat de cette rencontre.
Guillaume Lamy : Mais c'est vrai que à Lyon on a eu récemment une grosse actualité puisque qui avait fait grand bruit et qui était remontée au national quand la Ville commandé des doudounes fabriquées au Bangladesh pour ses agents. Alors aujourd'hui, il y a eu des échanges entre la mairie et la filière textile d'Auvergne-Rhône-Alpes sur "comment ça se fait que des entreprises régionales n'aient pas pu participer aux appels d'offre". Ça, c'est un sujet que les entreprises vous remontent ?
Fabienne Delahaye : Oui, c'est ça. Je suis parfaitement au courant de cette anecdote. Effectivement. Ce qui est dommage, c'est qu'en plus il me semble que dans ce cas présent, je dis simplement il me semble, je n'affirme pas, mais que l'entreprise dont le nom m'échappe et qui fabrique chez vous d'ailleurs des doudounes, je crois qu'elle n'a même pas été consultée. Alors parfois on dit oui, mais il n'y a pas d'entreprises françaises qui pouvaient répondre à la demande en termes de quantité. Encore faut il les interroger. Mais je m'avance peut être. Il me semble qu'ils n'ont pas été interrogés. Si le nom me revient de la société...
Guillaume Lamy : L'entreprise s'appelle Tranquille Emile.
Fabienne Delahaye : Oui, c'est ça.
Guillaume Lamy : Ce qui est intéressant, c'est que sur le profil des visiteurs, il y avait beaucoup de 18-30 ans qui venaient sur ce salon du made in France. Expliquez-nous pourquoi.
Fabienne Delahaye : Alors en réalité, c'est équitablement réparti, mais pas pour les mêmes raisons. Ce qui est très très intéressant, c'est que les raisons pour lesquelles les différentes classes d'âge viennent au salon sont différentes. Les 18-30 ans viennent essentiellement pour favoriser les circuits courts. Donc là, on est vraiment dans la protection de l'environnement. Leurs parents, c'est les 50-55 ans, ils sont très concernés par la problématique de l'emploi et la préservation donc de l'emploi et de la richesse, de la création de richesses sur le pays. Et puis les grands parents des premiers, donc les parents des seconds, sont très intéressés par le fait de la réparabilité et la préservation des savoir-faire. Et donc c'est ça qui est intéressant, c'est qu'un peu comme un entonnoir, il y a autant de raisons différentes qui sont autant d'enjeux par rapport à Made in France et on arrive tous à consommer et fabriquer sur le territoire. Donc ça c'est c'est une bonne nouvelle et c'est assez récent. C'est comme vous m'indiquez, vous le précisiez tout à l'heure, le salon a dix ans, mais il y a dix ans ça a été très compliqué. Ça a été beaucoup plus compliqué de faire une première édition avec 70 exposants qu'une 10ᵉ édition l'année dernière.
Guillaume Lamy : C'est dans l'air du temps
Fabienne Delahaye : 1000 exposants. Et puis il y a dix ans, alors que moi je pensais économique, on me répondait en face nationalisme, alors que l'idée c'était la souveraineté.
Guillaume Lamy : Non, non, mais bien sûr, la souveraineté nationale et nationalistes n'ont rien à voir lui même en tout cas. En tout cas, voilà, je rappelle les 6 et 7 mai 2023, la sucrière de salon made in France. Allez y et pour plus d'informations www.lyoncapitale.fr Merci infiniment d'avoir suivi ce rendez vous quotidien de Lyon capitale. Au revoir.
Quand on peut étiqueter "made in France" quelque chose dont les éléments sont fabriqués un peu de partout dans le monde... les étiquettes ont-elles encore une authenticité ?
Le commerce est nuisible.