REPORTAGE - Les enseignants du collège Jean Mermoz (Lyon 8e arr.) entament leur troisième jour de grève ce jeudi. Une grève "générale et reconductible à 100%" pour cet établissement accueillant 187 élèves. Les vingt-deux professeurs réclament le départ du principal qu'ils accusent d' "autoritarisme" et de "mépris". L'administration soutient quant à elle le chef d'établissement.
Entamée mardi 25 janvier au matin, la mobilisation des enseignants du collège Jean Mermoz ne faiblit pas. Faute de réponse positive à leur demande de départ du chef d'établissement, Philippe Vanzetti, les professeurs assurent qu'ils prolongeront leur mouvement de grève jusqu'à obtention de résultats. A la tête du collège depuis cinq ans, Philippe Vanzetti est accusé par son personnel enseignant d'avoir une "conception du pouvoir très arbitraire, très autoritaire, voire même absolue", selon les professeurs grévistes rencontrés sur place.
"Un vrai problème d’entente professionnelle"
Déterminés à mener leur combat jusqu’au bout, les enseignants du collège Mermoz évoquent leurs différends avec le chef d’établissement, sans équivoque. Des mésententes qui auraient commencé il y a cinq ans, dès l’arrivée de ce dernier à la tête de l’établissement. Difficultés relationnelles, critiques répétitives à l’égard de certains professeurs, voire brimades, autant d’événements qui auraient poussé le personnel enseignant à bout.
Plusieurs tentatives de dialogue et de nombreuses lettres collectives plus tard, rien n’a changé. "Il ne se remet jamais en cause, il n'écoute pas la parole des professeurs. Il n'y a pas de dialogue au sujet du cadre fort à mettre en oeuvre dans un établissement pourtant classé en zone de prévention violence et en ZEP. C’est un vrai problème d’entente professionnelle", assure Catherine Kouamé, professeure d'histoire-géographie au collège Mermoz.
A plusieurs reprises, les enseignants ont alerté l’Inspection d’Académie et le Rectorat. Les institutions ont toujours répondu par des mutations, sans jamais inquiéter Philippe Vanzetti. Il y a dix jours, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase : leur collègue conseillère-principale-d’éducation (CPE) est violemment agressée par un élève à qui elle a confisqué son téléphone portable. Le genre d’incident auquel le principal veut remédier en autorisant l'usage du portable dans l'établissement, ce qui est contraire au règlement intérieur, mais aussi au fonctionnement de tous les collèges de France.
Un exemple parmi d'autres selon les enseignants, qui affirment être "arrivés à un point de non-retour". "Même s'il y a un travail de réflexion entamé avec l'Inspection d'Académie depuis quelques jours, les choses sont allées tellement loin, des choses tellement graves se sont dites, que plus personne ne s'imagine retravailler avec ce monsieur. Nous serons en grève jusqu'à ce qu'il parte, nous sommes très déterminés", ajoute Catherine Kouamé.
Désaccord complet de l'administration
Du côté des agents techniques et administratifs, le son de cloche est complètement différent. D'ailleurs, le mouvement de grève n'est absolument pas soutenu, et le personnel regrette la tournure prise par les choses. "Depuis le mois de septembre, personne n'est venu personnellement essayer de discuter avec le principal", confie une des quatre secrétaires de l'établissement.
Alors, certes, l'ambiance est mauvaise, mais il aurait fallu "engager la communication" avant de se déclarer en grève. L'administration déplore aussi le fait que le communiqué de grève ne leur soit parvenu que mardi matin à 8 heures, premier jour de contestation, qualifiant cela de "prise en otage des élèves".
L'équipe pédagogique affirme quant à elle s'être présentée dès jeudi de la semaine précédante face à Philippe Vanzetti, pour lui lire un courrier, demandant sa démission. "Encore un exemple flagrant du manque total de communication et de gestion au sein de l'établissement", s'indigne un professeur.
Selon le personnel administratif, les plaintes des enseignants ne sont pas recevables : l'histoire d'attouchement par exemple concernant une jeune fille, elle aurait simplement été roulée dans la neige par ses camarades. Quant à la confiscation de portable par la conseillère principale d'éducation, frappée par l'élève, il ne s'agirait "que d'un coup porté à l'épaule", et l'élève serait exclu depuis cette date. Il devait même passer en conseil de discipline, mais la grève a reporté sa convocation.
Philippe Vanzetti était reçu mercredi au Rectorat pour discuter de la situation. "Le principal est loin d'être le tyran décrit par les professeurs, c'est une personne avec qui on peut discuter", affirme-t-on au secrétariat du collège, "alors il ne comprend pas cette révolte du jour au lendemain", et n'envisage pas de démissionner.
Voilà un bloggeur qui dévoile son amour pour votre journal. Il vous invite à suivre l'exemple des professeurs du collège Mermoz.
Les conflits de personne entre chef d'établissement et personnel sont assez rares . Le dernier en date sur Lyon est celui qui a secoué pendant plusieurs semaines le Lycée internationale de Gerland.La question à se poser est : sur quels critères sont recrutés les chefs d'établissement et comment sont ils nommés dans tel ou tel collège? Quel contrôle de la hiérarchie sur les chefs d'établissements ?