Après le coup de froid de l'an dernier au sujet de l'Hôtel-Dieu, les deux hommes se sont retrouvés ce jeudi soir pour les Voeux aux Echevins. Une cérémonie qui met en scène la bonne entente entre le maire de Lyon et la communauté catholique. Mgr Barbarin a appelé les fidèles à "prier pour les élus".
Chaque année, le 8 septembre, le cardinal renouvelle le voeu des Echevins. Une tradition qui remonte à 1643. La ville est alors menacée par la peste et les notables décident de placer leur cité sous la protection de la Vierge. Depuis 2001, l'événement prend un tour politique. Gérard Collomb, alors fraichement élu, cherche à s'attirer la sympathie de la communauté catholique, réticente à soutenir un franc-maçon. Pour cela il envoie un signe : il participera chaque année au Voeu des Echevins, prononçant un discours.
Le 8 septembre est un moment de rencontre entre le temporel et le spirituel, les élus et la communauté catholique. Plusieurs élus emboitent le pas du maire. Ce jeudi soir, sur le parvis de la basilique, on peut voir les députés Michel Havard (UMP) et Pierre-Alain-Muet (PS), la maire d'arrondissement Alexandrine Pesson (PS), le conseiller municipal Emmanuel Hammelin (UMP) ou encore l'adjoint au maire Gilles Vesco (centre). C'est d'abord Jean-Dominique Durand, le président de la fondation Fourvière qui prend la parole, évoquant les travaux bien avancés de la rénovation extérieure de la basilique, annonçant l'intrusion d'échafaudages à l'intérieur, enfin l'érection d'une statue en l'honneur de Jean-Paul II. Il se félicite de cette "laïcité à la Lyonnaise", "une laïcité de coopération".
"Le poids est lourd sur leurs épaules"
"La laïcité à la Lyonnaise a fait jurisprudence", abonde le maire de Lyon. Il fait référence aux déjeuners annuels "de concorde et de solidarité" réunissant les différents cultes. Gérard Collomb se fend d'une citation de Pascal qui dénonce deux excès : "exclure la raison et n'admettre que la raison". Pour lui, il faut reconnaître chez l'homme "une quête de spiritualité, d'absolu", à laquelle peuvent répondre les religions. L'élu cite ensuite Benoit XVI -"il faut remettre l'homme au centre" du système économique- et Jean-Paul II -"il faut redonner le goût de marcher ensemble". Mgr Barbarin est conquis, l'assistance aussi. Le cardinal souligne que 2012 est une année d'élections, espérant que le "combat politique" n'exclut pas le "respect fraternel". Et d'inviter les communautés chrétiennes à "prier pour les élus". "Le poids est lourd sur les épaules. Ils sont souvent critiqués. Aucune vocation n'est facile", conclut le prélat.
Ce moment convivial entérine la réconciliation entre Gérard Collomb et le cardinal, qui avait critiqué son projet de rénovation de l'Hôtel Dieu. "Il parle souvent de mixité sociale. Il ne va pas faire un carré d'or en plein milieu de Lyon", avait protesté l'homme d'église, il y a un an. "Tu n'as pas été élu pour que tu décides tout seul", avait-il ajouté. Le maire en avait été bien marri. Il n'empêche, il avait cependant abondé dans le sens de Mgr Barbarin, optant pour Eiffage plutôt que Nexity. Ce candidat réservait un accueil plus favorable au pôle de santé, demandé par les associations. Les deux hommes s'étaient depuis écrits, puis rencontrés. La réconciliation était scellée avant ce jour de concorde. Mais depuis, les promoteurs du pôle de santé se plaignent du manque d'attention du constructeur. Et de l'absence de soutien de la ville. Les deux hommes vont-ils vivre un nouvel épisode de tensions ? Ils ont le temps de se fâcher : les prochains Voeux sont dans un an…