Comment Collomb essaie d'arrêter la grève

En communiquant le salaire des chauffeurs des TCL, le maire de Lyon souhaite pousser son avantage après l'incendie des 34 bus. Les élus de droite applaudissent, ceux de gauche sont plus circonspects. Les syndicats envisagent la fin de la grève.

Gérard Collomb est décidé à monter au front. Jusqu'à ces derniers jours, le président de l'agglomération faisait preuve d'une prudence de Sioux. Il n'entendait pas intervenir directement sur le dossier, laissant la société gestionnaire Keolis se dépatouiller avec les représentants du personnel. “Je ne peux pas gérer tous les conflits sociaux de l'agglomération”, plaidait-il. Il cachait cependant mal son agacement à l'égard des syndicalistes. “J'ai regardé un peu les salaires des uns et des autres : franchement, il y a des gens plus malheureux dans l'agglomération que ceux qui bossent aux TCL. Avant de me pencher sur eux en priorité, je préfère regarder comment les gens vivent aux Minguettes, qui sont desservis par les TCL. Parce qu'il y en a des plus pauvres là-bas”, pestait-il lundi. Il pariait encore en début de semaine sur le pourrissement de la situation et l'exaspération croissante des usagers pour contraindre les salariés à rentrer dans le rang. Mieux valait une crise aiguë pour purger les tensions, surtout si les élus ne transigeaient pas, plutôt qu'un mouvement latent, répétitif qui empoisonnerait encore longtemps le fonctionnement des transports collectifs lyonnais.

Les événements de la nuit - l'incendie de 34 bus à la suite d'un jet de cocktail molotov - lui ont donné l'occasion de sortir du bois et de pousser son avantage. "C'est évidemment lié à une crise qui, aujourd'hui à Lyon, produit une tension extrême (...) Je demande aux salariés de reprendre le travail dès aujourd'hui", a-t-il aussitôt réagi. Et sur LCI, il a même porté sur la place publique le salaire des conducteurs de bus, prenant l'opinion publique à témoin. "C'est l'arme absolue, la bombe nucléaire", prévient François-Noël Buffet (UMP). "Tout mettre sur la table peut provoquer des réactions violentes", estime-t-il.

"L'arme nucléaire"

Les élus de droite, qui savent l'agacement de l'opinion publique lyonnaise, perdent du coup leur principal angle d'attaque contre Bernard Rivalta et Gérard Collomb. "Je sens ces derniers mal à l'aise, ils soufflent le chaud et le froid", critiquait ce mercredi matin Denis Broliquier, maire UMP du 2e arrondissement lyonnais. Sénateur-maire d'Oullins, François-Noël Buffet trouvait que le maire de Lyon ne se "mouillait" pas suffisamment, "se protégeant derrière Keolis". Après la sortie de Collomb sur le salaire des chauffeurs de bus, changement de discours. Denis Broliquier apportait son franc soutien au maire de Lyon. "C'est très bien, il prend ses responsabilités. On ne peut pas toujours ménager la chèvre et le chou. Il sort du politiquement correct".

Les élus socialistes sont en revanche plus circonspects, partagés entre la colère des électeurs (même de gauche) et la grogne des salariés (également de gauche). Un élu nous confiait en début de semaine ne pas comprendre l'intention réelle des syndicats. "Ne souhaitent-ils pas secrètement, comme ceux de Société nationale Corse-Méditerrannée (SNCM), de garder la main sur les embauches ?", soufflait-t-il. Conseiller général et membre du comité syndical du Sytral, Jérôme Sturla soutient Gérard Collomb. "Je condamne la prise en otage des usagers telle qu'elle se déroule", tranche-t-il. "Il faut assumer la transparence jusqu'au bout. Cela vaut pour les indemnités des élus, les émoluments des grands patrons mais aussi pour le salaire des employés", explique-t-il. Egalement membre du comité syndical du Sytral, Richard Llung n'est pas de cet avis. "Ce n'est pas responsable d'opposer ainsi usagers et salariés", tempête-t-il. Ce geste est selon lui de nature à cristalliser le conflit. Il plaide en revanche pour la nomination d'un médiateur et la reprise du travail par les salariés grévistes pendant le temps de la négociation. Même si elle trouve les explications des syndicats "insuffisantes", Béatrice Vessiller (Les Verts), conseillère communautaire, estime que ce geste n'est pas de nature à "apaiser le conflit".

Fin de conflit ? Décision jeudi

Les organisations syndicales sont sous le choc de l'incendie de la nuit dernière. "On a clairement l'impression qu'on essaie de nous monter contre les usagers, déplore Denis Faye, délégué syndical Unsa. On se sert de ce qui s'est passé pour nous culpabiliser". Celui-ci le reconnaît : au sortir d'une semaine de conflit, les salariés "sont un peu fatigués"."Il y a eu quelques avancées de la part de la direction, même minimes", glisse-t-il, comme pour préparer les esprits à une reprise du travail. Les salariés en décideront demain. S'ils optaient pour la fin du mouvement, le retour à la normale dans les transports ne serait total que lundi matin.

Les commentaires postés ces deux derniers jours sur l'ancienne version du site n'ont pu être conservés. Nous avons donc décidé de les inclure dans l'article.

Bravo Monsieur le Maire et si les malheureux grévistes en ont assez de leur situation, ils peuvent toujours tenter de se faire embaucher par France Télécom où des places se libèrent...

Posté par trolaidbus | le 2009-09-30 23:39:26

qu'est ce qui a comme léches culs ici

Posté par | le 2009-10-01 06:26:42

Je propose que dans notre démocratie si jolie nous supprimions purement et simplement le droit de grève et que l'on pende haut et court les imbéciles qui refusent d'encaisser leur salaire en disant merci (le restes est sans importance). Si les usagers sont mécontents qu'ils s'adressent aux politiques, aux responsables de l'entreprise et pas à des salariés qui ont déjà des conditions de travail difficiles et que l'on veut encore dégradées. Vive le service minimun !

Posté par ducon | le 2009-10-01 06:39:30

Si l'équipe de Collomb s'intéresse aux commentaires postés sur le site Lyon Capitale, on peut trouver amusant que le Maire utilise les champs idéologiques typiquement attendues par l'impulsivité et le mécontentement globale et exprimés sur ce site. Personnellement, je pense que cette démarche ne permettra pas de révéler ce qui se cache derrière. Les TCL abusent franchement, mes journées se sont bien allongées depuis le commencement de la grève, et même si j'aime bien marcher, cela commence à devenir du sport de haut niveau (lol). Toutefois, il y a une justification valable qui repose sur l'idée : "les têtes de TCL pratiquent l'escroquerie pour assurer un train de vie et demandent à ceux qui travaillent pour eux de se serrer la ceinture". Il ne faut pas s'étonner des réactions violentes...

Posté par MC | le 2009-10-01 07:38:05

Je suis contre cette grève. Mais je trouvé étonnant : 1/ le silence du Sytral car c'est lui qui a confié une délégation de service public aux tcl (le président du Sytral, B. Rivalta est-il trop occupé à organiser sa défense pour ne pas rembourser les 116 000 euros perçus illégalement ?) 2/ l'attitude de G. Collomb envers les conducteurs ces derniers sont en effet des ''nantis'' par rapport aux chômeurs... mais ils sont ''pauvres'' par rapport aux ''politiciens ''(dont G.Collomb), aux ''élus'' (comme B.Rivalta)...

Posté par usagère tcl et contribuable | le 2009-10-01 09:23:10

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