Comment la police municipale de Lyon sera-t-elle armée ?

À Lyon comme ailleurs en France, la police municipale sera bientôt équipée en armes à feu. Une demande que les syndicats formulent depuis longtemps. La décision est désormais justifiée par le gouvernement et les mairies avec les attentats.

Arme manurhin de la police municipale

©Tim Douet
Arme manurhin de la police municipale

4000 armes à feu et le double de gilets pare-balles. C'est ce qui a été mis à disposition des polices municipales par le gouvernement à l'échelle nationale. Une décision de François Hollande, prise quelques jours après l'attaque terroriste contre Charlie Hebdo en janvier 2015.

À Lyon, c'est avec les attentats de Paris en novembre que Gérard Collomb a franchi le cap. Le maire, historiquement opposé à cette mesure, avait finalement ouvert la voie à l'armement des policiers municipaux lyonnais.

200 agents volontaires pour être armés

À Lyon, le port d'arme à feu sera mis en place sur la base du volontariat. Les agents devraient être équipés en fonction de leurs missions et des zones sur lesquelles ils interviennent. Ils devront également suivre une formation au tir de 45 heures.

Au début du mois de février, Jean-Yves Sécheresse, adjoint à la sécurité à la mairie de Lyon, a annoncé que les agents seraient équipés à l'automne prochain. Il a également précisé que les policiers municipaux armés verraient leurs horaires modifiés pour qu'ils aient aussi à intervenir en soirée.

Sur les 330 policiers municipaux de Lyon, près de 200 se sont portés volontaires pour être armés. D'un autre côté, entre 70 et 80 agents n'ont pas souhaité être équipé d'une arme à feu. Le groupe opérationnel mobile (GOM) et l'unité mobile d'intervention (UMI) devraient être les premiers à bénéficier de ce nouvel armement. Ce sont déjà eux qui avaient été formés à l'utilisation du flashball en 2013.

Des revolvers lourds mais fiables

Les 4000 armes à feu mis à disposition par le gouvernement proviennent des réserves du ministère de l'intérieur. Il s'agit de revolvers de la société Manurhin. Très probablement des MR73.

Ce revolver vieux de 43 ans est décrit par les professionnels de l'armement comme fiable mais lourd. Il a également une faible capacité de tir limitée à 6 coups. Comme la plupart des armes de poing, le MR73 ne peut pas percer les gilets pare-balles.

Depuis la réforme européenne de 2012 sur le classement des catégories armes, les pistolets et les revolvers appartiennent à la même catégorie d'arme. Avant cela, la police municipale pouvait être armée de revolvers mais pas de pistolets similaires à ceux de la police nationale ou de la gendarmerie.

De la matraque au fusil d'assaut

Illustration GIPN

©Tim Douet

En France, après les tasers, les flashball, les revolvers puis les pistolets : certains syndicats réclament des fusils d'assaut pour les agents municipaux.

Plus exactement, ils demandent que les groupes d'interventions des polices municipales disposent des mêmes armes que les unités spécialisées de la police nationale (GIPN) et de la gendarmerie (GIGN).

Des armes plus puissantes, souvent utilisées dans l'armée. Certaines d'entre elles sont les armes de bases de l'armée allemande ou suisse, l'équivalent du Famas pour la France.

À Lyon, il n'est – pour l'instant - pas question d'équiper la police municipale, ou même ses groupes d'interventions, en arme de guerre.

Des armes pour surveiller et prévenir

Dans la loi, la police municipale a une mission de prévention et de surveillance de l'ordre public. Il n'est pas mention de maintenir l'ordre public ou de de lutter contre la délinquance, le banditisme ou même le terrorisme.

Cependant, la loi autorise les municipalités à armer la police locale avec tout un arsenal. On peut lister exhaustivement : matraques, lacrymogènes, projecteurs hypodermiques (par exemple fusils et pistolets tranquillisants), tasers, flashball, revolvers et pistolets de certains calibres.

Un arsenal dont il est difficile de comprendre l'utilité si on considère que les agents doivent “prévenir” et “surveiller” : “leur mission officielle est limitée, mais la réalité est différente”, répond Alain Chizat, secrétaire départemental du Rhône au syndicat UNSA-Police, “ils peuvent se retrouver nez à nez avec de la délinquance, du banditisme, du grand banditisme et éventuellement du terrorisme. Et ils doivent intervenir”.

Le représentant syndical lié à la Police Nationale ajoute qu' “en face, ils ne regardent pas si c'est de la municipale, de la nationale ou la gendarmerie. Ils voient du bleu : ils tirent”.

Armer la municipale en attendant les nouvelles recrues de la nationale

Entre 2007 et 2012, Nicolas Sarkozy a supprimé 12 000 postes de policiers nationaux et de gendarmes. Une réduction des effectifs susceptible d'expliquer la montée en puissance des polices municipales, au niveau de leurs équipements, de leurs missions ou plus simplement de leur champ d'actions. Celles-ci constituent en effet la principale alternative aux services de l'État pour les collectivités locales.

François Hollande a annoncé le recrutement de 5000 fonctionnaires de police nationale et de gendarmes, peu après les attentats de novembre. Mais pour les nouvelles recrues de la police nationale, il faudra entre 18 et 24 mois de stage et de formation avant d'accéder réellement au terrain : “d'ici là, on arme la municipale” explique Alain Chizat.

Avec la phase de suppression 2007-2013, il y aussi eu des écoles de policiers qui ont fermé”, ajoute le secrétaire départemental de UNSA-Police, “on se remet à recruter mais avec moins de centre de formation... c'est devenu des usines à policiers nationaux et ça se fait au détriment de la qualité d'enseignement”.

Si les policiers municipaux ont d'abord vocation à prévenir et à surveiller, le contexte actuel et l'attente de renforts dans la police nationale étend de plus en plus leurs fonctions vers l'intervention réelle.

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