Chronique d'une jalousie ordinaire.
" Je suis ici pour soulager ma conscience, je ne peux plus me regarder dans un miroir. J'ai menti ". Habillée d'une petite robe bleue, la voix tremblante, madame J. n'a pas attendu longtemps pour passer aux aveux. Le prévenu Béchir J. comparaissait, libre, pour violence avec menace et utilisation d'un couteau de cuisine.
Les faits remontent à la soirée du 26 mars. Une histoire de jalousie entraîne une violente dispute conjugale entre les deux jeunes époux. Alertés par les cris de madame J., les voisins interviennent en frappant à la porte du couple. Expliquant qu'il s'agit d'une simple dispute, Béchir sort pour aller marcher. A son retour, les gendarmes ont investi son domicile. Il est immédiatement interpellé pour l'agression de sa femme avec utilisation d'un couteau de cuisine. Interrogé, l'homme de 31 ans nie en bloc les accusations de sa femme. Devant la cour, il dit " vivre un cauchemar ".
Aujourd'hui, trois semaines après la plainte, la victime se rétracte en salle d'audience. Nerveuse, la jeune brune répète inlassablement le même discours au président de la cour. " Il ne m'a pas frappé, il m'a simplement maîtrisé car je n'arrêtais pas de crier et de taper des pieds. Il ne voulait pas que notre enfant se réveille. J'ai dit ça parce que j'étais hors de moi ". " Vous étiez hystérique " s'interroge le juge. Au bord du sanglot, la jeune femme se retourne en direction de son mari : " Tu me pardonnes ? ". Figé, le prévenu, au casier judiciaire vierge, reste muet. " Vous êtes ici dans un tribunal madame " lui rappelle le président, décidément désorienté face à ce coup de théâtre.
" Mais les coups sont vrais, un certificat médical l'atteste. Je vois ici des contusions à la lèvre inférieure droite et des boursoufflures au visage ". " Mon médecin est très gentil " rétorque la jeune maman, laissant échapper un rictus nerveux.
Désemparé, le procureur prend acte des aveux de la victime. Son incompréhension est totale devant le certificat de santé " de complaisance ". Il annonce laisser à la présidence le choix de la décision. Agacé, il prend à partie l'épouse qui s'est rétractée : " Si vous dîtes aujourd'hui la vérité, il y a dénonciation mensongère et vous risquez d'avoir des problèmes avec la justice " tonne-t-il dans une salle d'audience déstabilisée. Après délibération, le tribunal de Lyon relaxe Béchir J. Stoïque, il quitte la salle en silence.
Emeric Merlin
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