Comparutions immédiates : 4 mois de prison ferme pour le vol d'une bouteille de whisky

Mercredi, cinq hommes ont été condamnés pour ces délits à des peines allant jusqu'à 12 mois de prison. Chronique d'une journée au tribunal de grande instance de Lyon.

Dette et vengeance
Nul ne doit se faire justice à soi-même. Chaque semaine au tribunal de grande instance, des hommes ou des femmes comparaissent devant des juges pour avoir cru bon de prendre leur place. Agé de 19 ans, un jeune vaudais nommé A. n'a probablement pas réfléchi avant de passer à l'acte.

Le 31 mai dernier, excédé par son ami d'enfance qui lui doit une dette de 450 euros depuis neuf mois, le jeune garçon aux bras longilignes " défonce sa porte d'entrée " puis " le frappe violement à plusieurs reprises ", continuant lorsque la victime tombe au sol. Son frère, un mineur, participe au règlement de compte. " Pourquoi avoir agi avec une telle violence ?", interroge le juge. " Il me disait toujours qu'il allait me rembourser une autre fois. Ce jour là, j'étais trop énervé ", répond l'ancien boxeur qui a perdu son sang froid. Maillot à manches longues marron et pantalon vert, le prévenu ajoute ne pas avoir " voulu en arriver là ". " Pourquoi ne pas être venu au tribunal pour régler cette histoire à l'amiable, c'est quand même mieux que de lui casser la gueule ", tonne le président du tribunal. " Je regrette monsieur ". " C'est un peu tard ", conclut le juge.

Evoquant des " violences extrêmes " ayant entraînées des " blessures graves ", le procureur requiert 12 mois de prison dont 6 avec sursis et mise à l'épreuve. Peine retenue par le président du tribunal après délibéré.

Soirée arrosée, voiture brulée
" L'alcool conduit parfois des jeunes gens qui n'ont absolument pas le profil de délinquants à se conduire comme de véritables voyous que nous avons l'habitude de côtoyer dans ce box ", déclame le procureur en plein réquisitoire, dévisageant du regard les deux jeunes prévenus.

O. (22 ans) et J. (25 ans) semblent s'être perdus dans cette chambre des comparutions immédiates. Etudiant en école de commerce et futur jeune entrepreneur, les deux garçons ont un casier judiciaire vierge. Pourtant, dans la nuit du 15 au 16 juin, à la suite d'une soirée où ils ont " trop bu ", essentiellement " de la bière et du vin ", les deux compères vont voler du matériel automobile avant de mettre le feu à une voiture située avenue Jean Jaurès. Interpellés dans la nuit, les policiers retrouvent quelques ampoules, des câbles et un poste autoradio. " Pourquoi avoir brûlé cette voiture ? ", demande le juge. " Je ne sais pas. Parce qu'on est stupide " confie le plus jeune, veste marine et pantalon treillis. " Et si le réservoir du véhicule avait explosé et que des gens se trouvaient à proximité ?", insiste le président du tribunal. Les deux hommes baissent la tête, honteux. " C'est le procès de la bêtise " lance l'avocat de la défense.

Pour leur " donner un électrochoc " et " ne plus jamais les revoir ici ", le représentant de l'ordre public requiert une peine de prison avec sursis comprise entre 8 et 10 mois. Après délibéré, le tribunal condamne les deux garçons à 6 mois de sursis.

Une bouteille de whisky et 4 mois ferme
Dernière audience. N. et Q. sont dans le box des prévenus. Habitués des lieux, les deux hommes de 22 ans ont déjà plusieurs condamnations dans leur casier pour des faits de vols et de violences. Le 27 mai, les deux complices s'emparent d'une bouteille de whisky dans un petit commerce à la Duchère. Le vigile les surprend et les somme de ne plus revenir. N. montre alors un couteau de cuisine afin de dissuader le vigile de porter plainte. Quinze jours plus tard, les deux hommes reçoivent une convocation pour vol en réunion avec menace.

" Vous savez que vous risquez de la prison ferme pour ce vol en récidive légale ". Pas de réponse. N. ne regarde pas le juge, trop occupé à jeter des regards en direction de sa mère, assise au fond de la salle. " Et ce couteau, monsieur, je crois que vous niez son existence ". Silence. " Vous êtes sourds ! " s'insurge le juge. " C'est un mensonge du vigile. Je n'ai jamais sorti ce couteau de ma manche. Il y avait des caméras, vous pouvez vérifier ", rétorque le jeune homme, veste blanche et pantalon noir. Les mains croisées, l'air absent, le complice qui " a retiré l'antivol " reste silencieux. Vêtu de noir, il confirme d'un hochement de tête l'absence du couteau de son ami.

Rappelant " le passé judiciaire déjà assez fourni " des deux garçons qui " se croient chez eux en volant tout ce que bon leur semblent ", le procureur requiert une peine de 6 mois ferme pour N. et 2 mois pour Q. Après délibéré, le juge condamne N. à 4 mois de prison ferme et Q. à 2 mois de prison ferme.

Emeric Merlin

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