Mercredi, quatre hommes ont été condamnés pour ces délits par des peines de prison allant de trois mois à un an ferme. Chronique judicaire d'une journée au tribunal de grande instance de Lyon.
Une agression sexuelle pour " quelques cigarettes "
M. est un Vaudais âgé de 23 ans. Jeans bleu et sweat-shirt à capuche noir, l'homme au crane rasé est déstabilisé à son entrée dans le box. " Ma maman est dans la salle madame la présidente... ".
Honteux, le jeune homme bafoue lors de ses déclarations. Les faits remontent à la soirée du 11 mai. M. se promène en état d'ivresse sur les quais de Saône lorsqu'il aborde un jeune couple. Il vole le paquet de cigarettes du garçon puis le gifle et le projette à terre après que ce dernier se soit " rebiffé ". Le garçon part à la recherche de renfort et M. s'en prend alors à la jeune fille. " Je ne voulais pas voler, je voulais simplement quelques cigarettes " murmure le prévenu à la présidente. " Et cette jeune femme que vous avez ensuite agressé sexuellement en l'embrassant de force et en lui touchant la poitrine " tonne la présidente en s'adressant au prévenu qui évite son regard. " Regardez-moi dans les yeux quand je vous parle. Elle non plus vous n'aviez pas l'intention de la toucher ? Peut-être que vous ne maîtrisiez pas vos bras ?" renchérit la juge. " Elle était consentante quand je l'ai embrassé " balbutie l'auteur de l'agression. " Ben voyons ".
Rappelant à la présidence du tribunal que le prévenu a déjà été condamné en 2006 pour " des faits similaires de vols, violence et agression sexuelle ", la procureure requiert deux ans d'emprisonnement dont six mois avec sursis et mise à l'épreuve. Après délibéré, la juge prononce une peine de deux ans de prison dont un an avec sursis, mise à l'épreuve pendant trois ans et obligation de travailler et d'entamer une thérapie contre l'alcoolisme.
" Un délire de gamins " vire en braquage
Dans le box, trois prévenus âgés d'une vingtaine d'années. Amis dans la vie, ils le paraissent beaucoup moins au tribunal. A aucun moment de l'audience les trois jeunes garçons ne se regarderont en face. Pourtant, c'est bien ensemble qu'ils ont commis le braquage d'un bar tabac situé à Isieux le 12 avril dernier.
O. est le premier d'entre eux. Il était le chauffeur de l'opération. Arrêté deux jours après les faits, il est celui " qui a balancé " les deux autres selon son avocat. Pantalon à pince noir et chemise à manche longue blanche, ce petit brun n'a pas vraiment " le physique de l'emploi " comme le fait remarquer la présidente du tribunal. Son récit est clair. La veille du braquage, les trois compères préparent leur coup, repèrent le bar tabac et discutent " des modalités " de l'opération qui aura lieu le lendemain matin. Le jour j, les trois hommes braquent le bar tabac et prennent la fuite, " un butin d'une dizaine de cartouches de cigarettes " dans un sac.
B. est l'un des deux braqueurs cagoulés et armés de pistolets factices qui ont surgit dans la réserve du bar tabac. Grand et mince, le jeune garçon a le visage marqué par sa détention. " Je suis en prison depuis un mois " répond B. lorsque la présidente lui demande ce qu'il fait dans la vie. Devant la juge, le garçon revient sur ses déclarations. " Il n'était pas là. C'était quelqu'un d'autre ". Stupeur dans la salle où de nombreux amis venus assistés à l'audience commencent à murmurer entre eux. " Pourquoi après avoir dit à la police qu'il était là vous dites aujourd'hui le contraire. Vous avez peur des représailles ?" interroge la juge. " Je n'ai peur de personne. J'ai été induit en erreur par les enquêteurs. Il n'est pas la deuxième personne cagoulée, c'est tout ce que je peux dire " rétorque le prévenu, la tête basse.
" Il ", c'est le troisième prévenu, le dénommé P. Jeans marine et veste de survêtement bleu, il nie en bloc depuis son arrestation. " Je faisais partie du plan qui était un délire de gamins et pour cela je me sens coupable un peu, mais je n'ai pas participé au braquage. Je dormais encore à ce moment là " explique le jeune homme.
Rejetant cette hypothèse " très peu cohérente ", qui " conduirait à penser que quelqu'un a remplacé le troisième garçon au pied levé à 7 h du matin ", la représentante de l'ordre public requiert une peine " collective " de trois ans dont deux avec sursis. Trois plaidoiries plus tard, la juge annonce après délibération que les trois jeunes hommes sont reconnus coupables " de manière égalitaire " à une peine d'un an d'emprisonnement dont huit mois avec sursis. Dans la salle, certains s'interrogent sur la culpabilité du troisième prévenu dont l'avocat avait demandé la relaxe.
Emeric Merlin
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