Mercredi, quatre hommes ont été condamnés pour ces délits par des peines de prison allant d'un mois avec sursis à six mois ferme. Chronique d'une journée au tribunal de grande instance de Lyon.
Poker et escroquerie
L'addiction au jeu contraint parfois des personnes sans histoire à comparaitre au tribunal. Accro aux jeux d'argent sur internet, R. est honteux dans le box des prévenus. La tête basse pendant la quasi-totalité de l'audience, l'homme de 30 ans est accusé d'avoir escroqué les sommes de 980 € et 1800 € à deux personnes handicapées chez qui il se rendait en tant qu'aide soignant. Professionnel et homme de confiance, R. est apprécié par tous ses patients selon son service. En dernière année de formation infirmier, le jeune homme souffre pourtant d'un vice qui lui a joué un tour : les jeux d'argent. Et plus précisément le poker. R. est un inconditionnel du jeu en ligne. Si bien qu'il initie au début du mois de janvier deux de ses patients, personnes handicapées qu'il côtoie et considère comme " des amis ". Jusqu'au jour où l'aide-soignant commence à jouer chez lui en utilisant le compte bancaire de ses victimes. Celles-ci découvriront l'escroquerie après un mois : près de 3000 € dépensés à leur insu.
Grand et mince, l'homme au polo marron est dépité. " J'ai joué par addiction, pas pour faire du profit ", déclare le prévenu au casier judicaire vierge. " Et vous avez gagné ? " questionne le juge. " Non, rien du tout. En plus, je jouais sur leur compte donc si je gagnais je ne pouvais pas en profiter ", confie à demi-mot le garçon aux cheveux bruns.
" On attend d'un aide-soignant un accompagnement et non qu'il profite de la vulnérabilité de ses patients pour leur escroquer de l'argent pour une raison ou une autre d'ailleurs ", tonne avec autorité la procureure qui requiert à son encontre 10 mois de prison ferme assortis d'une peine de deux ans de sursis et une interdiction d'exercer " un métier en contact avec des personnes vulnérables " pendant une période de deux ans.
Prenant compte de la plaidoirie de la défense qui dénonçait la peine requise comme " totalement disproportionnée pour un homme sans problème ", le tribunal condamne R. à trois mois de prison avec sursis et ne juge pas nécessaire d'interdire au jeune homme d'exercer sa profession d'aide-soignant.
Course poursuite à Villeurbanne
C'est une scène digne d'un film hollywoodien que les policiers de Villeurbanne ont vécu la nuit du 26 mai. Appelés par un témoin ayant aperçu deux hommes " torse nu " s'apprêtant à voler une voiture sur un parking, les policiers arrivent sur les lieux au moment même où l'automobile démarre à toute vitesse. Un homme présent sur le parking prend la fuite à pied. Commence alors une course poursuite en pleine ville. L'homme au volant de la Golfe volée prend tous les risques. Voyant la voiture de police revenir à sa hauteur, il la percute à deux reprises avant de griller un feu tricolore à 110 km/h. Quelques kilomètres plus tard, arrivée à hauteur de Vaulx-en-Velin, la Golfe noire percute un autre véhicule sur le côté de la route et termine sa course dans un poteau. Les forces de l'ordre procèdent à l'arrestation du fuyard qui dénonce son complice à son arrivé au commissariat.
F. et B. sont Serbes. Résidants en France depuis un mois pour le premier, cinq ans pour le second, les deux hommes ont besoin d'un interprète pour être jugés. B est le " chauffard ". Agé de 30 ans, l'homme est de forte corpulence. En 2006, il a déjà été condamné à 6 mois pour des vols avec violence. " Vous parlez vraiment mal pour quelqu'un qui vit en France depuis 5 ans ", lui lance le juge lorsqu'il peine à s'expliquer en Français. F. ne parle pas un mot. Survêtement noir et crane rasé, " le complice du parking " est dix ans plus jeune que son compatriote. Le tribunal le soupçonne d'avoir aidé B. à fracturer la voiture avant de prendre la fuite. " J'ai presque rien fait ", relaye l'interprète au juge.
Rappelant que B est récidiviste et que son comportement a été " extrêmement dangereux pour sa vie et celle d'autrui ", la procureure requiert deux ans de prison dont un an avec sursis avant de laisser au tribunal " le soin d'apprécier la peine prononcée pour F.". Après délibéré, le juge annonce une peine de six mois de prison ferme avec mandat de dépôt pour l'auteur du vol et de la course poursuite. Le complice ayant aidé à fracturer la voiture est quand à lui puni d'un mois de prison avec sursis.
Conduite avec 2,12 grammes dans le sang
Dernière audience. Lorsque JP. apparaît dans le box, sa femme n'est pas la seule à le reconnaître. " Je ne pensais pas vous revoir si vite ", s'exclame le juge en lui jetant un regard chargé de pitié. Agé de 58 ans, JP n'en est pas à sa première comparution immédiate. Ses problèmes d'alcoolisme au volant se terminent souvent au tribunal. Chemise blanche et veste en laine, il lance des regards fréquents à son épouse présente à l'audience. Lundi 25 mai, vers 18h30, le quinqua est arrêté par la police alors qu'il conduit un scooter en état d'ivresse. Une heure plus tard, les policiers découvrent un taux d'alcoolémie de 2,12 grammes dans son sang avant de s'apercevoir que JP.est en état de récidive.
" Qu'est-ce qui vous a pris de prendre la route avec un taux aussi élevé ? Qu'avez-vous bu d'ailleurs ", interroge le juge. " Un whisky, trois verres de vin et un digestif. Je n'avais aucun symptôme particulier, je me sentais parfaitement capable de conduire ", répond l'homme avec calme. " C'est une maladie difficile. J'ai entrepris des soins médicaux monsieur le juge ", poursuit l'homme aux lunettes rondes. " On ne vous empêche pas de boire, ça c'est un problème pour votre foie monsieur, nous on vous interdit de conduire en état d'ivresse ", s'insurge le président du tribunal.
La représentante de l'ordre public est ferme. Elle requiert une peine d'emprisonnement de trois mois afin d'éviter " les blessures ou homicides involontaires qui pourraient se produire dans le futur ". Lorsque le président annonce la peine retenue après délibéré, la femme du prévenu assise au fond de la salle ne peut retenir ses larmes. Son mari vient d'être condamné à trois mois de prison ferme avec mandat de dépôt.
Emeric Merlin
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