Mercredi, quatre hommes ont été condamnés pour ces délits à des peines de prison allant jusqu'à douze mois ferme. Chronique d'une journée au tribunal de grande instance de Lyon.
" Le chevalier blanc " dépasse les bornes
A tort ou à raison, la rage de certains prévenus ne peut parfois se contenir lors de l'annonce du président du tribunal. Parfois même, le juge doit sérieusement monter le ton pour arriver à maîtriser un prévenu refusant la peine qui lui a été attribuée. Hors de ses gonds, le dénommé M. hurle qu'il ne remboursera pas le commerçant " qui a volé son père ". Pourtant, le jeune prévenu originaire de Vaulx-en-Velin vient d'être condamné à 4 mois de prison ferme et 500 euros d'amende pour des faits de violences et d'outrages à l'encontre d'un commerçant, d'un vigile et de deux agents de police dans la galerie du centre commercial Carrefour.
Les faits remontent au 20 juin. M. se rend au centre commercial de Vaulx-en-Velin en compagnie de ses deux amis B. et N. afin de demander des comptes à un serrurier qui aurait facturé une note beaucoup trop salée à son père " illettré et fragile". La tension monte très vite. Des insultes fusent et un agent de sécurité intervient pour mettre un terme à la rixe. Furieux, M. se débat violement et multiplie les injures. Deux policiers sont appelés en renfort. Le jeune homme ne semble pas en tenir compte, s'en prenant même aux agents. " C'est pas vrai. Je n'ai frappé personne !", interrompt le prévenu, polo blanc et jean bleu ciel. Restés à distance, les deux copains tentent d'aider leur ami en poussant les policiers et en les insultant. " Il n'a rien fait ", répètent à l'unisson les deux jeunes majeurs devant le juge. " C'est moi la victime, il a escroqué mon papa ", ajoute M., sûr de lui. " J'ai ma petite idée de ce qui s'est passé, merci ", rétorque le président.
" Tel un chevalier blanc, M. aurait voulu rétablir la justice en rendant une visite de courtoisie à ce commerçant qui aurait escroqué son père. En réalité, il était là pour tenter de lui soutirer de l'argent en utilisant la violence et en recrutant deux jeunes majeurs avec lui ". Réfutant la version du " meneur " des violences, le procureur de la République requiert une peine d'emprisonnement de six mois pour M. et 48 heures de travaux d'intérêt général pour B. et N.
Après délibéré, le président du tribunal annonce une peine de 4 mois de prison ferme accompagnée d'une amende de 500 euros à reverser au commerçant pour M. et 40 heures de travaux d'intérêt général pour B. et N. On connaît la suite.
Le vendeur de churros sous les verrous
Autre audience. Y. est un homme âgé de 54 ans. Commerçant ambulant, il vend des churros dans toute la région. Marié et père de famille, il a déjà eu quelques démêlés avec la justice pour des problèmes de mauvaises conduites au volant. Cheveux bruns, barbe de trois jours et veste noire, le prévenu est tendu dans le box. Sa femme, assise au fond de la salle, l'observe en silence. Il comparaît aujourd'hui pour conduite en état d'ivresse, délit de fuite, refus d'obtempérer, outrages et détention de stupéfiants.
L'histoire débute par une dispute conjugale le 21 juin. Se retrouvant seul pour la fête de la musique, Y. entreprend une tournée des bars lyonnais pour " oublier ses tracas ". Au petit matin, après une nuit fortement alcoolisée, l'homme est impliqué dans un accident de la route sous les yeux de la police. Pris de panique, il redémarre et roule quelques kilomètres sur l'autoroute avant de s'arrêter. Refusant d'obtempérer, les policiers sont contraints de briser la vitre du passager pour arriver à l'extraire de son véhicule. Plus tard, lors de la fouille, Y. perd une nouvelle fois son sang froid en jetant son slip à la figure d'un policier. Outre un taux d'alcoolémie de 2 grammes dans le sang, les policiers découvrent que l'homme est en possession de 10 gramme de cannabis. " Vous êtes un consommateur régulier ?", interroge le juge. " Je fume juste un joint avant d'aller me coucher ", répond le prévenu. " J'ai pas eu de chance monsieur le président. Laissez-moi libre, la saison estivale vient de commencer ", ajoute le marchand, le teint blafard.
Rappelant que Y. a déjà été impliqué " dans des affaires semblables dans le passé " et qu'il se trouve encore " sous une peine de sursis avec mise à l'épreuve ", le procureur requiert 15 mois d'emprisonnement et une annulation de permis pour cet homme " qui fuit ses responsabilités en mettant en danger la vie d'autrui ".
Après délibéré, le président annonce une peine de 12 mois de prison ferme et une suspension de permis de conduire. Y. devra attendre avant de retrouver son activité de vendeur de churros.
Emeric Merlin
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