Durant le confinement, de nombreux Français ont télétravaillé. Une possibilité fortement corrélée à la profession au diplôme et au lieu de vie des personnes interrogées. Si autant de femmes que d'hommes ont pu travailler depuis chez eux, les premières l'ont fait dans de moins bonnes conditions, révèle une étude de l’Institut national d’études démographiques.
Selon une enquête de l’Institut national d’études démographiques (Ined) 39% des Français (retraités et enfants compris) ont continué de travailler durant la période de confinement (22 % à l’extérieur de leur domicile et 17 % en télétravail). Pour 28% des sondés, l’activité professionnelle s’est totalement arrêtée. Si l’on considère uniquement les personnes actives qui avaient un emploi avant le début du confinement, seuls 58 % d’entre eux travaillent encore fin avril. “La situation est toutefois très contrastée selon les professions”, note l'Ined. 67 % des cadres ont poursuivi leurs activités professionnelles, dont deux tiers en télétravail. “Mais ce sont en réalité les professions intermédiaires qui continuent le plus massivement à travailler (70 % d’entre elles). Toutefois, contrairement aux cadres, elles se déplacent plus souvent à l’extérieur du domicile quand elles travaillent : seulement 52 % d’entre elles sont en télétravail”, détaille l'institut.
Stabilité sociale et niveau de diplôme
À l'inverse, les employés et les ouvriers ont été les plus touchés par l’arrêt du travail (respectivement 53 % et 49 %). Ceux qui ont continué de travailler l'ont presque toujours fait à l’extérieur du domicile puisque 73 % des employés et 96 % des ouvriers en emploi pendant le confinement travaillent à l’extérieur de leur domicile. “Le fait d’être en télétravail dans le cadre de son activité professionnelle est apparu, dans le débat public, comme un privilège. Il est, sans surprise, très corrélé à la position sociale et au type d’activité (cadres). Les femmes sont autant en télétravail que les hommes, mais elles le sont dans de moins bonnes conditions”, explique l'Ined.
Sans surprise, moins l'emploi est précaire plus les salariés ont continué de travailler : “Les salariés qui étaient en CDI et les fonctionnaires au début du confinement continuent pour 73 % d’entre eux à travailler, contre 50 % des personnes qui étaient en CDD, intérim ou stage”. Dans le même sens, 74 % des diplômés du supérieur travaillaient toujours pendant le confinement contre seulement 35 % des individus sans diplôme.
Ville contre campagne ?
La géographie a aussi eu son importance durant ce confinement. La part des actifs en emploi qui continuaient de travailler fin avril est aussi élevée dans les pôles urbains que dans les couronnes périurbaines, où 60 % d’entre eux continuent à travailler ; mais elle est plus faible dans les espaces ruraux, où 53 % des actifs occupés continuent de travailler pendant le confinement. “Le télétravail est aussi nettement moins fréquent dans ces territoires, où la part des emplois manuels prédomine. Les espaces ruraux, de ce point de vue, ont subi en premier les dommages économiques de la pandémie”, écrit l'Ined.
Le télétravail, un choix masculin ?
Enfin, les inégalités ont aussi été genrées durant cette période puisque les femmes ont été plus touchées que les hommes par l’arrêt du travail. En effet, parmi les actifs occupés qui avaient un emploi avant le confinement, 55 % des femmes continuaient de travailler fin avril, contre 61 % des hommes. Par ailleurs, les inégalités se poursuivent jusque dans les foyers puisque les femmes en télétravail ont travaillé dans de moins bonnes conditions que les hommes. “48 % des femmes en télétravail sont confinées avec un ou plusieurs enfants, contre seulement 37 % des hommes. En outre, quand ils sont en télétravail, les hommes sont proportionnellement plus nombreux que les femmes à disposer d’un espace personnel dédié au travail : 39 % des hommes en télétravail travaillent dans une pièce spécifique qui leur est réservée, contre un quart des femmes en télétravail (25 %)”, conclut l'institut. (voir graphique plus haut)