Avant les vacances d’été, les 150 élus de la Métropole de Lyon se réunissent pendant deux jours, à partir de ce lundi 27 juin, dans l’hémicycle pour voter plusieurs sujets d’importances. Le programme est dense et certains débats devraient être animés, notamment autour de l’encadrement de la publicité et de la création d’une agence des mobilités. Lyon Capitale fait le point sur trois dossiers importants.
Ce lundi 27 et mardi 28 juin, les élus des 59 communes de la Métropole de Lyon se réunissent dans l’hémicycle pour débattre et voter les orientations souhaitées par la majorité écologiste et son président Bruno Bernard. Dernier rendez-vous avant les vacances d’été, ce conseil est une nouvelle fois chargé avec un ordre du jour long de près de 400 pages.
Au programme, les élus devront notamment approuver le bilan de la concertation du projet d’aménagement de la rive droite, sur environ 2,5 km, procéder à un nouveau vote sur le règlement local de la publicité, valider le versement d’une prime de 300 euros aux agents de la collectivité pour lutter contre l’inflation, s’accorder sur le déblocage d’une enveloppe de 10 millions d’euros pour soutenir les communes ou encore voter la création d’une agence des mobilités. Autant de dossiers qui pour certains feront sans doute consensus, mais pour d’autres devraient nourrir de vifs débats au sein de l’assemblée. Focus sur trois d’entre eux.
La concertation du projet d’aménagement de la Rive droite
La Métropole de Lyon et la ville de Lyon avaient lancé depuis le 8 novembre une grande concertation sur le projet de réaménagement de la rive droite du Rhône, entre le pont de Lattre de Tassigny, au nord, au niveau du tunnel de la Croix-Rousse, jusqu'au pont Galliéni, au sud, à Perrache. Les habitants avaient jusqu’au 30 décembre pour se prononcer sur ce sujet qui doit permettre de rendre plus attractif, plus accueillant, plus apaisé le côté Presqu’île du Rhône.
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- Réaménagement de la rive droite du Rhône à Lyon : ce qu'il faut retenir de la concertation (vidéo)
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L'ambition de la ville de Lyon et de la Métropole de Lyon est notamment de réduire les voies de circulation sur cette rive droite du Rhône. Invitée de l’émission quotidienne de Lyon Capitale au mois de mars, Laurence Boffet, la vice-présidente de la Métropole en charge de la participation et des initiatives citoyennes nous confiait "Les travaux vont se réaliser de façon définitive à partir de 2025. On peut imaginer qu'on fasse des expérimentations ou des aménagements transitoires, non définitifs, entre 2023 et 2025". Un budget d'environ 100 millions d'euros est annoncé par la Métropole de Lyon pour le projet, dont une trentaine d'ici 2026.
Selon Laurence Boffet, lors de la concertation trois éléments sont ressortis, faisant parfois débat. Ce qui pourrait aussi être le cas parmi les élus du conseil de la Métropole.
- "La place de la voiture. Tout le monde est d'accord pour un peu rectifier, mais à quel point ? Quelles sont les conséquences ? Il y a des questionnements, y compris des divergences entre les habitants. Certains sont pour réduire drastiquement la place de la voiture, d'autres beaucoup moins." ;
- "L'aspect qui lie la rive droite du Rhône avec la Presqu'île et son avenir. Il y a un fort questionnement avec d'autres projets qui pourraient impacter plus globalement la Presqu'île(comme celui d'apaisement de la Presqu’île)." ;
- "Un large consensus pour dire qu'il faut remettre de la nature sur les quais, de l'espace vert".
Encore un vote sur le règlement local de la publicité
Depuis les premières discussions à son sujet, entamées sous la précédente majorité, le Règlement local de la publicité intercommunal (RLPi) crée des remous. Du côté des collectifs anti-pub qui dénonçaient sous la mandature de David Kimelfeld un projet au rabais et qui semblent aujourd’hui presque satisfait du RLPi proposé par les équipes du nouveau président écologiste Bruno Bernard. Mais aussi du côté des annonceurs, qui, satisfaits du précédent projet de RLP, dénoncent aujourd’hui un règlement trop restrictif et "pas équilibré".
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Après avoir été vivement débattu par les élus lors du conseil de la métropole du mois de décembre 2021, l’arrêt de projet avait finalement été adopté par 92 voix pour et 29 contre. À l’issue de ce vote, les 59 communes du territoire avaient trois mois pour rendre un avis. Le 6 avril nous dévoilions que 49 maires avaient rendu un avis favorable, 10 municipalités faisant le choix de se prononcer contre.
Près de trois mois plus tard, le dossier, non modifié selon les services de la collectivité, fait son retour à l’ordre du jour du conseiller métropolitain des 27 et 28 juin pour un vote définitif de l’arrêt de projet, qui devra se faire à la majorité qualifiée. Autrement dit, 2/3 des 150 élus de l’hémicycle devront se prononcer en sa faveur pour le valider. Un passage pas si évident si l’on garde en mémoire les nombreuses réserves émises par l’opposition il y a quelques mois. Une partie de l’opposition semble toutefois avoir infléchi sa position au regard de l’enjeu, ce qui devrait faire pencher le vote en faveur de la majorité.
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Concrètement, cela doit conduire à une réduction de taille et de la densité des publicités en ville, la disparition des dernières publicités sur les toits des immeubles des quais du Rhône, déjà en cours, avancée de l’horaire d’extinction des enseignes ou des publicités lumineuses à 23 heures (en zone de centralité), ou encore l’interdiction des écrans numériques dans la rue.
La création d’une agence des mobilités
Si les sujets évoqués ci-dessus ont déjà été longuement abordés dans nos colonnes et celles de nos confrères depuis plusieurs mois et commentés par les élus à de nombreuses reprises, la question de la création d’une agence des mobilités encadrant le stationnement est nouvelle. À l’origine de cette Société publique lyonnaise de mobilités (SPLM) se trouvent la Métropole de Lyon, le Sytral Mobilité et la Ville de Lyon qui entendent lui confier à partir du 1er janvier 2024, les 3 activités suivantes :
- "La gestion, l'exploitation et la maintenance de 15 parcs métropolitains de stationnement en ouvrage dont les contrats de gestion arrivent à échéance à compter du 1er janvier 2024, qui représentent plus de 8 000 places voitures et vélos sur des secteurs particulièrement stratégiques (Presqu’île et gare Part-Dieu)" ;
- "La gestion, l'exploitation et la maintenance des parkings relais de gares TER et d'aires de covoiturage" ;
- "Le déploiement opérationnel d'une offre de stationnement sécurisé pour les vélos, conformément aux objectifs du plan d’action stationnement vélo" ;
- "En tant que de besoin, un déploiement à large échelle d'un dispositif d'autopartage en stations en lien avec l'amplification de la ZFE" ;
Un projet qui devrait faire l’objet de vifs débats en provenance de l’opposition, mais pas que, certains groupes s’interrogeant notamment sur la pertinence de cette SPLM, alors que la Métropole de Lyon dispose déjà avec Lyon Parc Auto (LPA) d’une société mixte, dirigée par son vice-président aux mobilités Fabien Bagnon. Celle-ci est notamment chargée du stationnement dans les parkings de Lyon, des parcs relais en périphérie et des services d’autopartage Yea! et Citiz.
En présentation de sa délibération, la majorité explique de son côté qu’aujourd’hui "la Métropole et SYTRAL Mobilités sont autorités organisatrices des mobilités tandis que les communes conservent la compétence en matière de stationnement sur voirie". "Un fractionnement des compétences entre les acteurs publics" qui "reste un frein au développement conjoint des différentes solutions de transport et autres services à la mobilité" et que la SPLM vise à corriger.
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