Sept agressions de surveillants en quinze jours alors que la fréquence “habituelle“ est d’une par mois, la pression monte à la nouvelle prison de Corbas. Six mois d’existence et déjà en surpopulation carcérale.
“C’est une cocotte minute à retardement“, commente Emmanuel Chambaud de l’UFAP/Unsa de la prison de Corbas. La poussée du nombre d’agressions depuis la mi-octobre inquiète le représentant syndical. En quinze jours, sept surveillants pénitentiaires ont été agressés par des détenus dans l’enceinte de la prison. Du coup de poing au coup de couteau, la violence a gagné tous les étages. “C’est autant au quartier disciplinaire, en détention préventive et chez les condamnés que les agressions ont lieu“, précise une source pénitentiaire.
Le 21 octobre dernier, un premier surveillant reçoit des coups au quartier psychiatrique de la prison. “Le détenu présente de sérieux troubles du comportements, sa place n’est pas ici mais en raison du manque de place dans les établissements psychiatriques, ils sont placés ici“, explique Emmanuel Chambaud. Le même agresseur, cette fois-ci placé au quartier disciplinaire pour ses premiers méfaits cognera à nouveau, mardi 3 novembre dernier, au cours de la distribution des repas. Entre temps, ce sont cinq agressions supplémentaires qui ont eu lieu entre les murs de la prison. Cinq jours d’interruption de temps de travail pour les plus graves : un surveillant sera victime le 23 octobre dernier d’un coup de couteau porté au ventre. Une chance pour le “maton“, la lame artisanale se tordra avant de pénétrer la chair.
Même procédé, même méthode lundi 2 novembre. Deux détenus refusent de retourner dans leur cellule. Les gardiens utilisent la force. Un des détenus tire un gardien dans la cellule pendant que l’autre, armé d’une fourchette, essaye de le “planter“. La vive réaction d’autres gardiens évitera le drame. Encore une preuve du sous-effectif des surveillants, pour les syndicats. Plusieurs des agresseurs ont été placés en garde à vue à la gendarmerie de Corbas suite aux plaintes des gardiens. Un des détenus devrait comparaître au tribunal correctionnel de Lyon, le 19 novembre prochain.
Surpopulation et sous-effectif
“Un agent devrait avoir soixante détenus en charge, nous en sommes à quatre-vingt dix aujourd’hui. Ce qu’on a gagné en modernité dans la nouvelle prison, nous l’avons perdu en humanité. Les gardiens ne font que courir, ils n’ont plus le temps de maintenir une relation humaine et respectueuse“. Les syndicats de la prison de Corbas espèrent vingt sept places supplémentaires aux deux cent neuf surveillants actuels pour pouvoir fonctionner correctement. “Seulement, la direction veut cacher la plaie. Si on peut cacher qu’à l’intérieur on sert de punching ball, c’est toujours mieux pour les campagnes de recrutements“, explique une source pénitentiaire. Contactée, la direction n’a pas encore souhaité répondre à nos questions.
En service depuis seulement six mois, le centre de détention de Corbas a pris le relais des prisons Saint-Paul/Saint-Joseph du quartier de Perrache. La nouvelle prison devait permettre de lutter contre la surpopulation carcérale et les conditions de détentions précaires. Le résultat est ailleurs, en six mois, le nombre de détenus a doublé et les conditions de vie se détériorent. D’une capacité de 690 places, il y a actuellement près de 900 détenus. En plus de cela, les activités de réinsertion et de participation ont augmenté suite aux volontés ministérielles. “C’est une bonne chose en soi, mais on ne nous donne pas les moyens humains d’y faire face, c’est ingérable“, explique Emmanuel Chambaud.