Laurent Fiard (Medef)
© Gilles Rolle/REA

Coronavirus à Lyon : “l'effet d'une crise cardiaque” pour l'économie

Laurent Fiard, président du Medef Rhône et co-président de Visiativ, a répondu aux questions de Lyon Capitale sur l'impact du confinement contre le coronavirus sur l'économie. 

Lyon Capitale : La France est en confinement strict depuis lundi, quelles sont les remontées qui vous parviennent des entrepreneurs et chefs d'entreprise ? 

Laurent Fiard : "Notre préoccupation première, c'est la santé de nos collaborateurs. Mais globalement, l'impact est très violent. C'est une crise cardiaque dans la puissance du choc. On est tous dans l'expectative. On a monté une cellule de crise au Medef. On est ouvert, on propose une dynamique d'entraide. On a notamment un sujet clef qui est celui de trouver des usines de production, ne serait-ce que pour fabriquer des masques."

“Le télétravail, ça ne marche que dans les livres”

Que pensez-vous des mesures annoncées par le gouvernement (report de charges, fonds de solidarité) ? 

"Le gouvernement avance au fil de l'eau. Tout le monde apprend au jour le jour. Le président de la République a dit : “On fera ce qu'il faut coûte que coûte”. Cela nous va. Mais pour le moment, tout le monde exécute sans comprendre les impacts à venir. On me pose beaucoup de questions sur la lisibilité de ces annonces. Lorsque le président a fait son intervention, ce n'était pas précis. Tous les jours, des précisions arrivent sur les déclinaisons."

Le Medef a-t-il des contacts avec les collectivités locales ? 

"La région a annoncé un fonds d’urgence de 20 millions d’euros. Pour le moment, nous n’avons pas beaucoup d'échos auprès de la métropole. Ils doivent être confinés."

Vers une vague de chômage partiel

Comment anticipez-vous "l'après-crise" du coronavirus ? 

"La violence de l'impact est très forte et on ne sait pas comment cela va évoluer. Quinze jours d'arrêt, ça crée une inertie à la reprise. Mais comme on va plutôt vers cinq semaines, ça va être encore plus long pour repartir. Les activités de commerce au quotidien vont revenir assez vite. Mais pour les activités de production et de services, cela prendra plus de temps. On est tous concentrés sur notre capacité à être opérationnel après la crise pour retrouver notre niveau d’avant la crise. Il y a le danger de se précipiter en procédant à des licenciements. Quand on ne voit pas le bout du tunnel, le réflexe, c’est de se dire : "Je restructure pour survivre”, c'est-à-dire pour rester profitable. Donc on mesure les risques, on essaie de ne pas faire de bêtise en s'activant trop vite."

Pour le moment, beaucoup d'entreprises ont mis en place du télétravail. L'utilisation du chômage partiel va-t-elle être la prochaine étape ? 

"Le chômage partiel est indispensable. Pour continuer une activité, il faut trouver les collaborateurs pour aller au front. Dans mon entreprise, on n'a pas activé le bouton du chômage partiel, mais ça va arriver. J'ai des collaborateurs qui me disent que le télétravail c'est bien, mais qu’ils ne sont pas équipés pour. D’ailleurs, le télétravail, ça ne marche que dans les livres. Aujourd'hui, on demande à des familles de s’occuper de leurs enfants, de faire leur éducation, de travailler en même temps. Et tout ça en préservant leur santé. Tout le monde a joué le jeu du télétravail, mais ça ne peut pas durer éternellement. De toute façon, si l’on n'a plus de client, on ne peut pas bosser. Pour travailler, il faut des clients. Et comme ils ferment petit à petit, même en télétravail, on ne pourra plus fonctionner."

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