Service de réanimation de l’hôpital de la Croix-Rousse des Hospices Civils de Lyon. @Lionel De Souza _ avril 2020

Coronavirus : à Lyon, les premiers (petits) effets du couvre-feu ?

Après trois semaines de nette hausse jusqu'au 27 octobre, le nombre de cas positifs de covid-19 dans le Rhône semble se stabiliser depuis. Mais il stagne à un niveau très haut et toujours très inquiétant. La situation reste alarmante dans le département, notamment dans les hôpitaux.

Les premiers effets du couvre-feu à Lyon ? Oui, c'est possible. Depuis une semaine, depuis le 27 octobre, le taux d'incidence (le nombre de cas positifs lors des 7 derniers jours pour 100 000 habitants) semble se stabiliser dans le département du Rhône. C'est un indicateur clé, si ce n'est l'indicateur clé. Il permet de mesurer à l'instant t l'évolution épidémique sur un territoire.

Certes, ce taux d’incidence se stabilise à un niveau très haut, beaucoup trop haut encore. Mais à la différence des 3 premières semaines d’octobre, il n’augmente plus.

Ainsi, dans le Rhône, le taux d'incidence est de 898 actuellement (dernière remontée précise le 1er novembre). Il était de 905 cinq jours plus tôt, le 27 octobre. Il navigue autour de 900 depuis une semaine.

Il était de :

  • 258 le 6 octobre
  • 432 le 13 octobre
  • 659 le 20 octobre
  • 905 le 27 octobre
  • 909 le 28 octobre
  • 899 le 29 octobre
  • 900 le 30 octobre
  • 898 le 31 octobre
  • 896 le 1er novembre

L'effet de "plateau" se voit aussi dans le nombre de cas positifs par semaine, comme ici dans notre graphique :

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Le couvre-feu est entré en vigueur le 17 octobre dans la Métropole de Lyon. Peut-on y voir un lien de cause à effet? "Je pense que oui, souffle un médecin de l'hôpital Edouard-Herriot, à Lyon. La période de 10 jours entre le couvre-feu et la stabilisation de la courbe de cas positifs peut correspondre". Dans la Loire, où le taux d’incidence est le plus haut de France (1178), et en Isère (881), on dénote le même phénomène que dans le Rhône depuis une semaine, avec un nombre de cas positifs stable. Un phénomène qui se vérifie dans des départements qui avaient connu, eux-aussi, trois semaines de nette augmentation au préalable.

La situation n’en reste pas moins alarmante dans le département. Et dans la région. "Le problème, c'est que la situation est déjà trop préoccupante dans les hôpitaux de la région. Et même s'il y a une stabilisation du nombre de cas positifs, mécaniquement ça veut dire encore autant de nouvelles entrées dans les hôpitaux cette semaine, la semaine prochaine. Et on a presque plus de places...", poursuit-il.

« Le confinement va permettre de casser la courbe des nouvelles contaminations. J’espère qu’on pourra tenir jusque-là dans les hôpitaux de la région. Mais on n’aura pas les premiers effets du confinement, avec une baisse du nombre d’entrées, avant le 15 novembre », ajoute le médecin.

Car oui, malgré ce "léger mieux" dans le nombre de cas positifs, il y a toujours un décalage avec la situation dans les hôpitaux. Et dans les hôpitaux de la région, il y a déjà deux fois plus de patients que lors de la 1ère vague (environ 6000 contre 3000 mi-avril). Cette courbe de suivi quotidien le montre bien.

Il y a un vrai risque, ces prochains jours, de saturation des hôpitaux de la région. Jeudi matin, il y avait 717 patients covid-19 en réanimation et en soins intensifs dans la région (uniquement covid-19) pour en temps normal 559 places au total pour tous les patients en réanimation. Ce jeudi, 1032 lits de réanimation sont désormais "armés" dans la région, avec la déprogrammation de nombreuses opérations non urgentes. Des patients de Lyon ont déjà été transférés dans d'autres régions pour libérer des lits. Ce jeudi, le taux d'occupation des 1032 lits de réanimation dans la région est de 90%.

Avec la déprogrammation de toutes les opérations non urgentes, la région peut monter jusqu'à 1250 lits de réanimation environ. Un total pour les patients covid et non covid. Y aura-t-il de la place pour tout le monde ces prochains jours dans la région ? "On redoute d’avoir à se poser, un jour, la question : quel malade, on ne va pas prendre en réa ?" souligne le chef du service de médecine intensive et réanimation de l’hôpital de la Croix-Rousse, Jean-Christophe Richard, dans Le Progrès. Car dans les hôpitaux, les chiffres vont encore monter ces prochains jours. C'est inéluctable. La question, c'est jusqu'où ?

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