GL Events, leader mondial de l’évènementiel, a vu l’épidémie de coronavirus frappé tour à tour tous les pays où son entreprise est installée. Tous ses sites ont dû fermer et il a placé plus de 2000 salariés au chômage partiel. Olivier Ginon explique comment son groupe, basé à Lyon, tente de s’adapter à cette situation “inédite”.
Lyon Capitale : Comment GL Events, présent sur les cinq continents, traverse-t-il cette pandémie de coronavirus ?
Olivier Ginon : Nous faisons face à une crise exceptionnelle, brutale et unique et le groupe a été l’un des premiers à anticiper puisque nous avons décalé fin janvier trois salons qui devaient se tenir à Pékin au premier trimestre 2020 et qui sont reportés sur le deuxième semestre. Le secteur de l’événementiel est aujourd’hui l’un des plus impactés avec celui du tourisme et des compagnies aériennes. A ce jour, l’ensemble de nos 50 sites sont en sommeil dans le monde entier, à l’exception du site de Aichi au Japon. Les activités de prestations de services sont quasi interrompues sauf à Dubaï et en Chine. En France et dans les autres pays, des interventions sont faites dans le cadre de la crise sanitaire. Tous les salons organisés par le groupe en mars et avril sont reportés dans le courant de l’année 2020. Compte tenu de l’incertitude sur la durée et l’ampleur de la crise, le groupe n’est pas actuellement en mesure d’estimer l’impact global sur les comptes 2020 mais le groupe dispose de fondamentaux solides.
Constatez-vous des situations différentes d’un pays à l’autre ? Comment se situe la France dans le concert mondial du confinement ?
La filière évènementielle est depuis plusieurs semaines frappée de plein fouet par les conséquences de l’épidémie de Coronavirus. Cette filière représente chaque année en France 4 200 salons, congrès et foires, 200 sites d’accueil, 7,5 milliards d’euros de retombées économiques pour les territoires et plus de 120 000 emplois directs et indirects. A l’échelle européenne, le préjudice économique causé par l’annulation de salons, expositions ou foires, s'élève déjà à 5,8 milliards d'euros. 51 000 emplois pourraient ainsi être perdus en Europe sous l’effet de cette crise. La quasi-totalité des pays où nous sommes implantés dont la France a imposé le confinement à leurs habitants. Les pays d’Amérique latine ou l‘Afrique du Sud, où la pandémie est arrivée plus récemment, et qui ont pu observer ce qui s’était passé en Europe, semblent prendre des mesures radicales un peu plus rapidement que ce qui a pu être observé chez nous. Aujourd’hui sur le site d’Aichi au Japon est en fonctionnement, puisqu’aucune restriction n’a été imposée sur les rassemblements de personnes ou le confinement obligatoire. Dans certains pays (Afrique du Sud, Brésil, Chili, Hongrie, etc.) une partie de nos équipes sont mobilisées pour aménager des lieux d’accueil et de soins des malades, en complément des hôpitaux, que ce soit dans les halls d’expositions ou structures éphémères de type tentes. Enfin pour terminer sur une note optimiste, en Chine, l’activité repart après 2 mois d’arrêt
Comment votre entreprise fait-elle face à la baisse d’activité ?
Nous avons deux priorités depuis le début de la crise : la première a été de nous préoccuper de la santé de nos collaborateurs, clients, exposants organisateurs dans tous les pays où nous sommes présents. Nous avons mis en place extrêmement rapidement notamment en Chine, France, Italie et sur l’ensemble de nos destinations toutes les mesures de précaution nécessaires (gel, affichage des gestes barrières, distanciation sociale, etc.). Ensuite, notre deuxième priorité est de tout mettre en œuvre pour sauvegarder l’emploi. Le groupe étudie pays par pays les mesures d'accompagnement mises en place par les gouvernements, dont le recours à l’activité partielle en Hollande, Italie, Turquie et Espagne.... En France, 2 250 salariés sont aujourd’hui arrêtés et 500 en télétravail. Je rappelle qu’au plus bas de la crise 2008/2009, nous n’avons procédé à aucun licenciement dans le groupe.
Combien de temps votre entreprise peut-elle tenir dans ces conditions et quelles sont les conditions de reprise qui permettront à votre entreprise de repartir sereinement ?
au-delà de nos fondamentaux, nous avons dans le groupe une forte agilité. Ainsi face à cette baisse significative d’activité, un plan d’économie drastique de 40 M€ a été très rapidement mis en place afin de concentrer l’utilisation de notre trésorerie sur les besoins stratégiques du groupe tout en maintenant une organisation adaptée en prévision du redémarrage de l’activité. Le groupe a également revu son plan d’investissements pour l’exercice en cours, soit une réduction de 30 M€. Dans le prolongement du discours du Président de la République française notamment sur le volet socioéconomique, les propriétaires des parcs d’exposition, palais des congrès, lieux de réception, bureaux et entrepôts logistiques sont sollicités pour obtenir des réductions de loyers, à la suite des fermetures administratives et aux mesures strictes de confinement. C’est ce que nous allons faire dans l’ensemble de nos destinations.Enfin, le Conseil d’Administration du groupe a pris la décision d’annuler la distribution de dividendes au titre de l’exercice 2019. Cette décision va permettre de conserver plus de 30 M€.
Que prévoyez-vous pour essayer d’amortir les difficultés des entreprises touchées par la filière en tant que premier de cordée ?
GL events en tant que leader est très investi dans le soutien de la filière composé de sous-traitants et PME qui accompagnent nos évènements quotidiennement. J’ai demandé personnellement à toutes les sociétés du groupe de porter une attention particulière au bon paiement de l’ensemble de nos fournisseurs et en particulier des petites et moyennes entreprises. Pour soutenir l’écosystème de la filière, le groupe participe à la réflexion et la mise en œuvre de mesures pour passer la crise et être au rendez-vous de la relance. Nous travaillons avec les gouvernements, les collectivités territoriales, les chambres de commerce et l’ensemble des acteurs des différents territoires où nous sommes implantés. Notre objectif est de participer dans tous nos territoires au plan de relance. Il faudra être inventif et solidaire pour la sauvegarde des manifestations. Nous ne pouvons pas prendre le risque de voir disparaitre des entreprises dont le savoir-faire événementiel est unique et participe au rayonnement de nos évènements en France et à l’international.