Les dernières annonces présidentielles sur les grands événements publics vont-elles toucher le plus grand rendez-vous mondial de l'année de trail running ?
Son allocution était très attendue. Dans sa troisième "Adresse aux Français" du 13 avril dernier connexe au coronavirus Covid-19, Emmanuel Macron a à la fois annoncé la poursuite du confinement de la France jusqu'au 11 mai et les prémices d'un "après". Ce sera la réouverture progressive des crèches, des écoles, des collèges et des lycées et le retour du "plus grand nombre" au travail, le redémarrage de l'industrie, des commerces et des services. Pour autant, tout ne reprendra pas comme avant. Si les lieux concentrant du public (restaurants, cafés, hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacles, musées) ne rouvriront pas, il en est de même pour tous les rassemblements estivaux qui ne se tiendront pas. "Les grands festivals et événements avec un public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu'à mi-juillet prochain".
Sur le terrain sportif, c'est l'un des plus gros rendez-vous régional qui est sur la sellette. Cet été, l'UTMB doit s'élancer à travers trois pays (France, Italie, Suisse) et dix-huit communes. Sorte de Superbowl du trail et référence mondiale ultime de la discipline, l'UTMB et ses sept courses autour du mont Blanc réunit 10 000 coureurs. Chaque année, l'élite du trail mondial se retrouve à Chamonix (lieu de départ et d'arrivée). Cette année, ils sont ainsi 224 à avoir le statut d'élite internationale. Hommes et femmes, ils ont tous prévu d'être là. Une startlist qui attire médias et spectateurs : 230 journalistes (dont six sur dix étrangers), 50 chaînes de télévision, pour 250 heures diffusion dans 135 pays et pas moins de 20 000 spectateurs – notamment dans la rue du Docteur Paccard qui prend alors des airs de "Virage des Hollandais" pendant la montée de l'Alpe d'Huez lors du Tour de France. Notamment pour la course reine, aussi appelée UTMB ( 170 km : 100 00 m de dénivelé positif).
Frontières fermées fin août ?
L'annonce du report du Tour de France du 29 août au 30 septembre pourrait aller dans le sens du maintien de l'UTMB du 24 au 30 août. Rien n'est moins sûr, d'autant que les 10 000 coureurs qui ont réussi à décrocher un précieux dossard (32 169 demandes d'inscription) viennent de 111 pays, avec un gros peloton d'Espagnols, d'Italiens, d'Anglais, d'Américains et de Chinois, qui comptent aujourd'hui parmi les pays les plus touchés par le coronavirus. Il faut aussi compter sur les 2 000 bénévoles de quinze pays différents.
Or, comme le précisait Emmanuel Macron dans son allocution télévisée du lundi 13 avril, "jusqu'à nouvel ordre, nos frontières avec les pays non-européens resteront fermées". En d'autres termes, le gouvernement et les autorités sanitaires naviguent à vue.
7,5 millions d'euros de retombées économiques
Il y a aussi l'aspect économique à prendre en compte. "L'UTMB est le plus gros trail du monde du point de vue événementiel" explique à Lyon Capitale Catherine Poletti, créatrice avec son mari Michel, de l'épreuve chamoniarde. Les retombées économiques sont estimées à plus de 7,5 millions d'euros. Réparties sur la semaine de l'UTMB, elles représentent 1 million d'euro par jour. "Une image parle d'elle-même, soutient Catherine Poletti. Jusqu'en 2008, la dernière semaine d'août, les hôtels pratiquaient des tarifs de saison basse. Depuis 2008, les tarifs sont ceux de saison haute, voire très haute. Le directeur de l'Office de tourisme de Chamonix dit d'ailleurs que c'est désormais l'une des deux semaines les plus chargées de l'année."