Les médecins craignent une nouvelle baisse de la prise en charge des malades atteints d'un cancer en cette période de recrudescence de la crise sanitaire.
La deuxième vague de l'épidémie de coronavirus qui frappe la France de plein fouet plonge les établissements dans une situation critique face aux besoins en personnels et en matériel. Réduire l'impact de la crise sanitaire étant l'objectif numéro un du gouvernement, priorité est donnée aux soins à prescrire aux patients atteints du Covid-19, qui occupent aujourd'hui une part importante des lits d'hôpitaux et de réanimation.
Plus inquiétante encore que la précédente, cette 2e vague bouleverse les protocoles de soins au détriment de patients touchés par d'autres maladies que le coronavirus. C'est le cas des personnes atteintes d'un cancer, dont l'accès aux soins avait été repoussés par le confinement lié à la 1ère vague, et cela inquiète grandement les professionnels de santé, comme le révèle France Info.
Un retard dans la prise en charge qui aura du mal à être comblé
"Dès la mise en place du confinement le 17 mars, la totalité des dépistages systématiques des cancers du col de l'utérus, du sein ou encore de la prostate ont été totalement interrompus jusqu'au mois de juin ", regrette le docteur Axel Kahn, qui estime que " qu'il y a environ 30 000 cancers non détectés et donc autant de personnes non traitées. "
Bien que les dépistages aient retrouvé un rythme normal depuis la fin du confinement, le retard accusé en ce qui concerne la prise en charge, plus ou moins urgente, des patients ne sera peut-être jamais comblé. D'autant plus que certaines opérations déprogrammées n'ont toujours pas trouvé de place dans le calendrier. " Les conséquences sont lourdes", affirme Julien Thaib, chef au service d'oncologie digestive au centre Georges-Pompidou. " Même si nous avons pu continuer les chimiothérapies, je ne suis pas sûr que la prise en charge d'un cancer du côlon métastasé puisse attendre trois mois. "
La crise sanitaire, frein à la consultation
La situation sanitaire actuelle n'encourage d'ailleurs pas les personnes susceptibles de couver un cancer à aller consulter. Et cela a pour conséquence d'augmenter le risque de faire de contracter ou de faire empirer la maladie si celle-ci n'est pas découverte ou traitée à temps.
" Souvent, le patient tarde à consulter, explique le Dr. Thaib. Nous avons vu la réapparition d'états catastrophiques, avec une prise en charge de métastases cérébrales que nous voyons rarement dans nos pathologies de cancers digestifs. "
Première cause de décès chez les hommes et deuxième chez les femmes, le cancer risque de faire encore beaucoup de dégâts dans les années à venir. L'institut Gustave-Roussy table d'ailleurs sur " une augmentation de la mortalité par cancer de 2 à 5% dans les cinq prochaines années ".