Coronavirus : le grand vertige

Édito de Lyon Capitale avril 2020 - Ces temps particuliers sont l’occasion de nous découvrir nous-même, avec nos faiblesses, nos petitesses, notre grandeur parfois aussi.

Je pense à nos anciens, auxquels nous ne pouvons tenir la main pour franchir les portes et qui s’éteignent dans la solitude.

Avant d’être “des vieux”, ils ont fait l’amour, travaillé, donné la vie, souffert, ri et pleuré.

Nous sommes les membres d’un même corps et les autres, c’est nous.

Oui, ces temps sont l’occasion de nous regarder nous-même, bien en face et de tenter de maîtriser le grand vertige qui vient.

Il y a, bien sûr, la politique, toujours tapie et prête à bondir. Je n’en parlerai pas ici, le triste spectacle imposé n’étant pas à la hauteur de la situation, surtout après avoir envoyé plus de 17 millions de Français voter, armés d’un seul stylo bleu, ou noir, le lendemain de la fermeture de tous les commerces et lieux de vie “non essentiels”.

Le temps des comptes viendra et il sera implacable.

De toute façon, nous voyons bien qui ils sont, avec ou sans masques.

Dans Le Berger amoureux, Fernando Pessoa, sous son hétéronyme Alberto Caiero, écrivait :

“Le berger amoureux a perdu sa houlette,

(…)

Quand il se dressa au-dessus des coteaux et de la fausse vérité, il vit tout :

Les grandes vallées gorgées des mêmes verts que toujours,

Les grandes montagnes dans les lointains, plus réelles que n’importe quel sentiment,

La réalité tout entière, avec le ciel, l’air et les champs qui y sont présents,

(Et à nouveau l’air, qui lui avait manqué si longtemps,

pénétra de fraîcheur ses poumons)

Et il sentit qu’à nouveau l’air lui ouvrait, mais dans la douleur, quelque liberté en pleine poitrine.”

Pensons à nos anciens.

Tentons de maîtriser le grand vertige.

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