Image d’illustration école (Photo by MARTIN BUREAU / AFP)

Coronavirus : le protocole sanitaire renforcé, une "illusion" pour les profs en grève ce mardi à Lyon

Le 2 novembre, un nouveau protocole sanitaire dit "renforcé" a été mis en place dans les écoles, collèges et lycées. Pour les enseignants en grève ce mardi 10 novembre à Lyon, il y a un fossé entre la théorie et la pratique.

De nombreux établissements scolaires de la métropole de Lyon sont en grève ce mardi 10 novembre pour dénoncer un protocole sanitaire insuffisant face à l'épidémie de coronavirus. Ledit protocole a été renforcé le 2 novembre et les élèves des lycées généraux et technologiques sont passés en distanciel à mi-temps. Pour les enseignants grévistes, c'est loin d'être suffisant, en particulier dans les collèges.

30 élèves dans moins de 50m²

En théorie, une distance d'au moins un mètre doit être maintenue entre les élèves dans les écoles, collèges et lycées. "Quand elle est matériellement possible", précise le protocole sanitaire renforcé, et en particulier "quand les élèves sont côte à côte ou face à face". En clair, quand ils sont en classe ou à la cantine.

Au collège Molière, dans le 3e arrondissement de Lyon, les grévistes dénoncent un protocole matériellement impossible à respecter : "30 élèves regroupés dans des salles de moins de 50 m2 parfois impossibles à aérer correctement", "une cour sous-dimensionnée et très étroite", "des couloirs exigus" et "un self [qui] accueille 250 élèves le midi sans distanciation ni désinfection entre les services, alors que c’est le moment le plus critique quant au risque de contamination, du fait du non-port du masque". Le constat est identique au collège Jules Michelet, à Vénissieux. Plus gros collège de l'académie, il accueille près de 800 adolescents. Dans ces conditions, les personnels en grève ce mardi sont formels : "la promiscuité qu’implique la présence d’autant d’élèves dans des locaux trop exigus rend impossible l’application effective de la distanciation physique".

Une vingtaine de points d'eau pour 650 élèves

D'après le protocole sanitaire renforcé, toujours, les élèves doivent se laver les mains à plusieurs reprises dans la journée et pendant au moins 30 secondes : à l'arrivée dans l'établissement, avant et après les repas et les récréations, après être allé aux toilettes et le soir en rentrant à la maison. Chaque élève doit donc se laver au minimum les mains 5 fois par jour, s'il ne va pas aux toilettes de la journée. Impossible, d'après les enseignants du collège Maria Casarès de Rillieux-la-Pape, en banlieue de Lyon : "L’établissement dispose de quatre zones sanitaires qui représentent une vingtaine de points d’eau accessibles pour 650 élèves. Ce qui est largement insuffisant dans le contexte actuel." 

Les craintes d'une fermeture

Le brassage des élèves est censé être limité par l'échelonnage des arrivées et des départs dans le temps et par la mise en place d'une circulation spécifique dans chaque établissement. En cas d'impossibilité en raison de l'organisation spatiale ou du fonctionnement d'un établissement, le protocole sanitaire indique qu'un "enseignement à distance pourra être partiellement mis en œuvre, avec l'accord et l'appui du rectorat." C'est ce que réclame le personnel du collège Grignard, dans le 8e arrondissement de Lyon.

"Il y a trop d'élèves présents simultanément au collège, expliquent les enseignants et personnels grévistes dans un communiqué. Nous sommes opposés à la fermeture de notre établissement afin de limiter le décrochage de certains élèves comme ça a été le cas lors du premier confinement. Nous craignons que cela n'arrive pourtant si l'on ne prend pas des mesures pour limiter fortement le brassage d'élèves."

Des équipes de nettoyage en sous-effectif

Le respect des règes édictées par le protocole sanitaire renforcé implique un accroissement non négligeable de la charge de travail des agents d'entretien. D'après le texte, le nettoyage et la désinfection des locaux est une "composante essentielle" de la lutte contre le coronavirus. Les sols et les grandes surfaces des établissements scolaires doivent donc être nettoyés au moins une fois par jour. Les surfaces fréquemment touchées par les enseignants et les élèves comme les poignées de porte, par exemple, doivent être désinfectées plusieurs fois par jour. A la cantine, les tables doivent être lavées après chaque service. Les jeux, bancs et divers objets partagés dans une classe ne doivent être mis à la disposition des élèves que s'ils peuvent être nettoyées quotidiennement.

Au collège Jules Michelet, impossible de respecter ces règles de nettoyage et de désinfection réguliers : "Le personnel en sous-effectif depuis plusieurs semaines ne permet pas une désinfection optimale des locaux". Les personnels grévistes ce mardi regrettent qu'aucun recrutement n'ait été fait pour pallier cette accroissement de la charge de travail. De plus, ils signalent que les enseignants et les élèves sont épuisés, avec "un climat scolaire de plus en plus explosif". Au collège Grignard aussi, on manque de monde. Les grévistes affirment qu'il faudrait embaucher au moins un agent d'entretien supplémentaire pour pouvoir respecter le protocole sanitaire.

Un protocole sanitaire renforcé moins protecteur qu'en mai ?

"Ce protocole sanitaire renforcé est une illusion, résume-t-on au collège Molière. Toutes les mesures qui y figurent sont facultatives et doivent être mises en place "dans la mesure du possible", ce qui, en l’absence de moyens supplémentaires, n’est pas effectif. Aucun recrutement n’a été effectué pour l’entretien et l’encadrement des élèves, pourtant censés être renforcés. Le protocole est donc identique à celui de septembre, en dehors du port du masque et de la présence de gel hydroalcoolique, il n’y a aucune mesure concrète, et nettement moins protecteur que celui du mois de mai."

Pour ces enseignants et personnels de vie scolaire en grève ce mardi, des solutions existent : accueillir les élèves en demi-groupes, recruter des personnels supplémentaires et appliquer dans les collèges et lycées professionnels le même protocole que dans les lycées généraux et technologiques, à savoir un enseignement à moitié en présentiel, à moitié en distanciel. En attendant, ils doivent décider de la suite du mouvement.

 

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