Trop pollué, trop bruyant, pas assez vert... A partir de 2014, le cours Emile Zola à Villeurbanne va connaître une intense période de transformation qui durera 10 ans. Le but: réduire la place de la voiture au profit des piétons et des modes doux, et faire entrer la nature sur cet axe urbain. Un projet de réaménagement titanesque, nécessitant 40 millions d'euros assurés par le Grand Lyon. En attendant que soit complètement dévoilé l'avant-projet, en juillet prochain, voici un aperçu du futur cours Emile Zola.
Entrée de Villeurbanne par la place Charles Hernu, le cours Emile Zola étend ses 4 km jusqu'au périphérique. Cet axe routier majeur voit passer quotidiennement près de 24 000 véhicules et pas moins de 100 000 piétons. Après plusieurs études menées depuis 2 ans, le Grand Lyon a constaté que 75% de l'espace public du cours est occupé par la voiture, pour seulement 25% dédié aux piétons. Trottoirs étroits, circulation dense, manque de végétation...Autant d'éléments relevés lors de la concertation d'avril 2010. ''Aujourd'hui, 30% des accidents qui surviennent sur le cours Emile Zola impliquent des piétons, car une place trop grande est accordée à la voiture'', explique Didier Vullierme, adjoint au maire de Villeurbanne, délégué aux déplacements urbains et à la voirie. ''Les piétons et les cyclistes doivent aussi pouvoir circuler librement et sans danger.'' Pour ce faire, la route passera de 2x2 voies à une dans chaque sens. L'espace ainsi dégagé permettra d'élargir les trottoirs, qui atteindront 3 mètres de large. Une piste cyclable continue sera ensuite mise en place entre Charpennes et Cusset, de chaque côté de la route.
Priorité aux piétons
Plus de place, plus de sécurité et plus d'accessibilité. Le maître d’œuvre du projet, le groupement Ilex, a imaginé le concept de ''trottoir filant'' (voir schéma ci-dessus), applicable à la plupart des intersections qui jalonnent le cours Emile Zola. Il s'agit d'une surélévation de la chaussée au niveau du trottoir, qui permet au piéton de ne jamais descendre sur la route. ''Les rôles s'inversent'' commente l'adjoint au maire. ''Ce n'est plus le piéton qui attend pour traverser la route, mais la voiture qui traverse le trottoir!'' Pour les automobilistes voulant s'engager dans l'intersection, un ralentissement s'impose, puisqu'ils doivent franchir une sorte de dos d'âne pour pouvoir tourner à gauche ou à droite. Les passants deviennent prioritaires et marchent sur une surface plane plus pratique et plus sûre, notamment pour les personnes en fauteuils roulants et les familles en poussettes.
Dans le registre des nouveautés urbaines, Ilex ne s'arrête pas là. Dans la logique d'un partage plus équitable de l'espace public, le maître d’œuvre propose la mise en place d'un ''ruban'' (voir ci-dessus). Il s'agit d'un espace de 3m70 de large, situé entre la piste cyclable et le trottoir, conçu pour rassembler tout ce qui gêne le passage sur ce dernier : places de stationnement, terrasses de café, panneaux, etc. Repérable à sa couleur particulière encore indéfinie, ce sera ''la marque de fabrique du cours Emile Zola'', s'enthousiasme Didier Vullierme. ''Il accueillera également le nouvel éclairage public.''
''Climatiser la ville''
D'après l'adjoint au maire, seuls les bouches de métro et les arrêts de bus devraient rester sur leur emplacement actuel. S'étendant sous le cours Emile Zola, le tube du métro A se révèle être un obstacle de taille pour végétaliser l'axe routier. Le Grand Lyon envisage en effet de planter une quinzaine d'espèces d'arbres et d'arbustes, qui agrémenteront notamment les carrefours. Or, non seulement le tube du métro interdit un forage trop profond, mais les canalisations et circuits électriques se déployant autour du tube compliquent d'autant plus la tâche des paysagistes. Pour pallier le problème, une solution se peaufine. ''Nous souhaitons mettre en place des murs végétalisés, qui amélioreront la qualité de l'air, tout en créant un cadre plus agréable pour la population'' explique Didier Vullierme. L'idée n'est pas nouvelle; en témoignent les murs de verdure situés près du théâtre de l'Iris et de la gare Perrache. Pour ''climatiser la ville'', le concept serait appliqué sur les 70 pignons sur rue que compte le cours Emile Zola. Néanmoins, il faudra d'abord passer par la négociation avec leurs propriétaires.
Dix ans de travaux divisés en trois phases
De 2014 à 2016, le secteur de Cusset sera le premier à connaître ces transformations, entre la rue du Commandant L'Herminier et la rue Baratin. Le carrefour Zola / 4 août 1789 / Pressensé changera complètement de configuration. Le but est de créer une zone de ''circulation apaisée'' où les voitures ne dépasseront pas les 20km/h. La traversée piétonne entre Cusset nord et sud sera améliorée, pour atténuer l'effet de ''coupure urbaine'' du cours Emile Zola. Après 2016, deux autres tranches de travaux sont au programme, bien que leur ordre et leurs détails soient pour le moment indéfinis. Le secteur allant de la rue du Commandant L'Herminier à République devra notamment inclure le projet de Gratte-Ciel nord. Enfin, la tranche allant de République aux Charpennes constituera une importante partie du chantier.
Pôle d'échanges majeurs, il est peu probable que la place Charles Hernu soit modifiée. Toutefois, la circulation changera de configuration pour sécuriser et faciliter les nombreuses traversées piétonnes. Ce secteur servira notamment de terrain d'essai pour un test grandeur nature du ruban, en août prochain. Le matériau sélectionné sera posé directement sur la chaussée, pour observer son évolution, sa couleur, ainsi que les réactions des passants. Quant aux 457 places de stationnement que compte le cours Emile Zola, leur sort reste à déterminer. S'il est sûr qu'un certain nombre d'entre elles seront supprimées, l'absence de projet arrêté sur les 2 dernières tranches de travaux ne permet pas, pour le moment, de définir ce nombre.
Depuis le premier jour de sa mise en service, la place Charles Hernu est un véritable coupe gorge pour les piétons avec une circulation à contre sens et décalée pour les piétons; il faut vraiment être très vigilant, cette conception de la circulation n'est absolument pas adaptée aux piétons et encore plus grave, aux enfants ! Dommage, il va falloir attendre encore très longtemps pour espérer des améliorations.