Manifestation du personnel soignant à Lyon le 15 octbre 2020 © Lyon Capitale
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Covid-19 à Lyon : le malaise des soignants

La première vague de l’épidémie de coronavirus avait mis en lumière le manque de moyens dans les hôpitaux français, mais aussi rendu audible le mal-être du personnel soignant. Au sortir du confinement, le gouvernement avait lancé le Ségur de la santé pour répondre à leurs revendications et préparer notre système de soins à une deuxième vague. Cette dernière est déjà là sans que le monde hospitalier n’ait pu panser ses propres plaies.

En mars, la première ligne avait tenu face à la vague de Covid-19. Le monde hospitalier avait su s’adapter à l’afflux de patients alors que le matériel venait à manquer. Les capacités d’admission en réanimation avaient été multipliées par deux. Le personnel soignant en est ressorti couvert d’éloges, d’applaudissements aux fenêtres et d’honneur, invité au défilé du 14 Juillet. L’épidémie a donné une caisse de résonance à un mal-être longtemps peu audible : gel des salaires, pénibilité du travail et manque de moyens. Pour le milieu hospitalier, le monde d’après a pris le nom de Ségur de la santé. Ce Grenelle du secteur sanitaire devait aussi apporter des réponses aux défaillances mises en lumière par l’épidémie de coronavirus : un déficit de personnel et de lits dans les hôpitaux, en particulier en réanimation. À la veille d’affronter la seconde vague, les personnels soignants n’ont pas l’impression que le Ségur de la santé ait changé la donne. Leur grogne ne s’est d’ailleurs pas apaisée durant l’été. Avant d’entrer dans le tunnel du rebond épidémique, des soignants ont même manifesté dans les rues de Lyon pour demander de meilleures conditions de travail. Grâce au Ségur, nous avons eu une augmentation de salaire de 180 euros. C’est très bien après des années de gel, mais ce n’est pas vraiment ce que nous voulions. Je préférerais que l’on recrute des infirmières et des aides-soignants et que l’on puisse faire notre travail correctement”, revendique Laetitia, aide-soignante au CHU de Villefranche-sur-Saône.

“Les 180 euros n’ont pas changé la donne”

Le Ségur de la santé doit aussi tourner la page de la rigueur dans le monde hospitalier. Une intention louable qui, pour de nombreux soignants, n’a pas encore trouvé de concrétisation sur le terrain. Nous avons dû pleurer pour avoir une prime, mais nous attendons aussi du matériel et des effectifs supplémentaires”, estime Loïc, un infirmier lyonnais. Depuis le 15 mars dernier, il n’y a eu aucune ouverture de lits. Les personnels soignants sont toujours pressés comme des citrons. Le turnover des infirmières continue. Les 180 euros n’ont pas changé la donne”, peste Odile, pédiatre à l’hôpital Femme Mère Enfant (HFME). Malgré les honneurs et la gratitude exprimés par les Français à leurs fenêtres chaque soir du confinement, les personnels soignants sont toujours enfermés dans une crise de sens. “Au sein de notre CHU, nous avons eu 14 % de démissions du personnel soignant en 2019. La course à la rentabilité fait que nous prenons plus correctement soin de nos patients. Nous ne travaillons pas avec des machines, mais avec des humains. À force d’exercer dans de mauvaises conditions, nous avons des infirmières ou des aides-soignants qui s’en vont frustrés de ne pas pouvoir faire leur métier correctement. C’est terrible. Les jeunes collègues s’usent. Le ras-le-bol est généralisé”, raconte Laetitia, syndicaliste CGT au CHU de Villefranche-sur-Saône. C’est le système D en permanence. Cet été, pour pouvoir prendre nos congés annuels, nous avons dû fermer des lits”, déplore une autre employée de cet hôpital.

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