Le professeur Bruno Lina, virologue à l’hôpital de la Croix-Rousse et membre du conseil scientifique, en appelle au civisme des habitants de la métropole afin de garder sous contrôle une dynamique épidémique très inquiétante ces derniers jours. Pour ce spécialiste des maladies infectieuses, le respect des gestes barrières et le bon port du masque peuvent éviter que le couvre-feu ne se transforme en reconfinement de la métropole.
Lyon Capitale : Le 9 octobre dernier, lors d’une conférence de presse à la préfecture du Rhône, vous étiez relativement positif vis-à-vis de cette deuxième vague. Que s’est-il passé entre-temps et comment décririez-vous la situation actuelle à Lyon et dans la région ?
Bruno Lina : Nous constatons clairement une accélération de la circulation du virus aujourd’hui. Mais je ne sais pas si elle est imprévue. La situation que nous vivons faisait partie des hypothèses que nous étudiions. Début octobre, sur la base de données incomplètes, nous pensions que le nombre de cas positifs nous plaçait sur un plateau qui permettait de penser que l’épidémie se stabilisait. Mais dès le lendemain, cette analyse a été démentie par une augmentation très rapide du nombre de cas. Les courbes ont d’abord augmenté à la rentrée avant de stagner puis de repartir à la hausse. Cette évolution montre que nous sommes dans une dynamique épidémique. Nous apprenons encore de la Covid-19.
Qu’est-ce qui nous échappe encore dans cette épidémie ?Ce qui n’est pas bien compris de la population, c’est que la dynamique épidémique à Lyon, ce sont les Lyonnais qui la font exister. L’ensemble des comportements que l’on a ou que l’on n’a pas font que nous sommes sur une phase d’augmentation parmi les plus élevées en France.
Cette épidémie et les répercussions qu’elle entraîne sont tout sauf une fatalité. Elles sont les conséquences de nos actes. Je ne veux pointer personne du doigt, mais sans prise de conscience de ceux qui n’appliquent pas, ou mal, les mesures permettant de freiner la diffusion, la situation va se dégrader. Nous savons ce qu’il faut faire et ce qui est efficace. Si nous l’engageons trop tardivement, l’efficacité est plus lente. Pour être infecté, il faut, à un moment donné, avoir été en contact avec un malade sans avoir respecté les mesures barrières. Il n’y a pas de transmission en dehors de ces événements. Quand on analyse les raisons d’une contamination, survient toujours le moment où les mesures d’hygiène et les gestes barrières sont tombés. Quand on accepte de se dire que notre vie courante nécessite d’être dans une situation où l’on risque de se contaminer, il faut assumer qu’il y ait transmission du virus.
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