Pour tenter de freiner la 5e vague de Covid-19, le gouvernement a dévoilé en début de semaines de nouvelles mesures sanitaires dont le retour des jauges pour trois semaines dans les enceintes sportives. Au-delà des difficultés économiques à venir, le président du LOU rugby, Yann Roubert, appréhende aussi de devoir faire un choix parmi ses supporters pour respecter la limite de 5000 places.
Jusqu’à présent, le LOU rugby était passé entre les gouttes de la 5e vague de Covid-19, ne détectant pas la présence du virus dans son effectif malgré un déplacement à risque au Royaume-Uni, où le nombre de cas de Covid est exponentiel. À compter du lundi 3 janvier, la donne va changer pour le club lyonnais avec le retour des jauges sanitaires dans les enceintes sportives, une mesure dévoilée en début de semaine par Jean Castex pour freiner l’épidémie.
Ainsi, pendant trois semaines, "les grands rassemblements seront limités à une jauge de 2 000 personnes en intérieur et 5 000 personnes en extérieur", a expliqué le Premier ministre. Pragmatique, le président du LOU rugby, Yann Roubert, "est bien conscient que le gouvernement ne fait pas ça de gaieté de coeur", pour autant il n’en juge pas moins la décision, qui était redoutée, "terrible sur tous les plans".
"On attend des précisions pour savoir si toutes les hospitalités et les buvettes sont simplement interdites [...] L’ampleur de la catastrophe sera connue une fois que l’on aura toutes ces données"
Yann Roubert, président du LOU rugby
Pour un club comme le LOU, dont le stade peut accueillir jusqu’à 25 000 personnes et qui tire ses ressources en grande majorité de la présence du public les prochaines semaines s’annoncent compliquées. Mardi 28 décembre, la Ligue nationale de rugby (LNR) estimait ainsi que dans le rugby professionnel français "plus de 60 %" des recettes seraient liées à la présence du public. Toutefois, au LOU, "c’est presque 80%, parce que hormis les droits télés que l’on continue à toucher et qui représentent environ 15% de nos revenus, c’est vrai que le reste est lié à ce qui se passe au stade et aux activités du public", estime le président du club détenu par le groupe GL Events.
Quid de la 3e mi-temps ?
Au lendemain des annonces du Premier ministre, la direction de l’équipe lyonnaise avait d’ailleurs encore du mal à mesurer l’impact réel du retour des jauges. "On attend des précisions pour savoir si toutes les hospitalités et les buvettes sont simplement interdites, ou si on peut conserver celles qui sont assises […] L’ampleur de la catastrophe sera connue une fois que l’on aura toutes ces données", nous confiait ainsi Yann Roubert en conservant l’espoir que la partie assise soit maintenue, comme c’est le cas dans les restaurants.
Car c’est aussi cela qui compose l’esprit si cher au rugby, le côté 3e mi-temps, "c’est primordial à la fois pour l’ambiance, la tradition et les finances", souffle le dirigeant de 44 ans. Cette ambiance chaleureuse, tous les supporters lyonnais pourront y goûter une dernière fois ce dimanche 2 janvier lors de la réception du Racing 92, qui se fera à la veille de l’entrée en vigueur de la jauge. Si la prudence reste évidemment de mise compte tenu de la situation sanitaire, du côté du club "on espère que tous ceux qui ont leur pass, sont en bonne santé et sont vaccinés viendront nous voir et nous supporter avant cette période qui sera difficile".
Comment choisir qui vient au stade ?
Passé le 3 janvier, le club devra donc faire des choix parmi ses supporters, notamment pour le match de Top 14 contre Pau et celui de Coupe d’Europe face à Trèvise. "La jauge à 5 000 c’est évidemment très peu, donc ça ne permet pas de faire venir tous les abonnés et ca c’est difficile. Les gens qui ont des places ont fait l’effort pour être présents sur un match et en laisser certains dehors c’est un crève-coeur terrible. Il va falloir que l’on fasse du cas par cas, c’est des choix que l’on déteste faire", se désole déjà Yann Roubert.
"On espère que les 5000 heureux qui pourront être là feront du bruit pour tous ceux que l’on devra laisser à la porte"
Yann Roubert, président du LOU rugby
Pour le moment, l’idée des responsables du club serait "d’essayer de garder à la fois le noyau dur des abonnés, ceux qui avaient pris leurs places depuis longtemps et puis nos partenaires principaux", résume à Lyon Capitale le président du Lou, qui voit ressurgir des "soucis, affectifs, sportifs, logistiques et financiers alors qu’on les croyait derrière nous depuis l’automne".
Des discussions pour aider les clubs
Pour ceux qui avaient acheté leur place et qui n’auront pas la chance d’accéder aux travées du Matmut Stadium de Gerland lors des prochaines rencontres du Lou, un remboursement sera effectué, de quoi créer "un sacré bazar logistique et financier". En 2020 et en 2021, afin de "compenser ces pertes de billetterie" dans le sport français, le ministère des Sports avait débloqué 107 millions et 100 millions d’euros, selon l’AFP. À l’automne 2020, 40 millions d’euros avaient ainsi bénéficié au rugby français.
Ces derniers jours, des discussions ont d’ores et déjà débuté entre la Ligue nationale de Rugby (LNR) et l’exécutif pour échanger sur "l’accompagnement économique des clubs". "L’énorme majorité de nos revenus est liée à ces recettes de jour de match et si on ne peut pas les avoir, bien sûr qu’il faudra, malheureusement, recourir aux aides si on veut passer cet écueil", explique Yann Roubert qui est aussi l'un des vice-présidents de la LNR.
En attendant avec optimisme "un printemps plus serein", le président du pensionnaire de Top 14 "espère limiter conjointement la casse" tout en faisant, "toujours, de la santé des acteurs du rugby la priorité absolue".
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