Depuis le 3 janvier, le centre de vaccination du Palais des sports de Gerland accueille tous les enfants entre 5 et 11 ans. Dans ce vaccinodrome piloté par les Hospices Civils de Lyon, quelques jours après la rentrée scolaire, parents et enfants viennent en nombre pour recevoir une injection. Face aux interrogations des petits et grands, les soignants jouent un rôle déterminant dans cette campagne étendue aux plus jeunes. Reportage.
Dans des petites cases, cloisonnées par des parois fines en plastique bleues, on dresse les listes des cadeaux reçus à Noël, on raconte la rentrée à l’école ou les retrouvailles avec les copains. Parfois, des rires s’en échappent et se mêlent aux quelques pleurs qui résonnent dans le Palais des sports de Gerland à Lyon, reconverti en vaccinodrome. La vaccination contre le virus du Covid-19 a été élargie à tous les enfants de cinq à onze ans cette semaine dans le centre et, mercredi 5 janvier, la deuxième journée consacrée aux injections pour les plus jeunes a rencontré un fort succès.
Ce vaccinodrome, dont le fonctionnement est assuré par les Hospices Civils de Lyon (HCL), l’Agence Régionale de Santé (ARS) et la Ville de Lyon, a d’abord ouvert la vaccination pour les enfants vulnérables avec des facteurs à risque le 19 décembre dernier. Désormais, l’accueil se fait sans distinction suite à l’annonce faite le 22 décembre, par Olivier Véran, le ministre de la santé et des solidarités, à propos de l’élargissement de la campagne vaccinale à tous les enfants de 5 à 11 ans.
2200 créneaux ouverts pour les enfants
Presque un an après l’ouverture du centre, les personnes souhaitant se faire vacciner passent les portes de la salle polyvalente sans se marcher dessus. Ici, pas de longue file d’attente, les injections se font uniquement sur rendez-vous par l’intermédiaire de la plateforme Doctolib. Au total, huit box de vaccination pour les enfants entre 5 et 11 ans ont été installés sur ce site." Pour cette semaine, 2.200 créneaux ont été ouverts ", précise le Dr Jihane Fattoum, cheffe de service adjoint aux urgences de l’hôpital Edouard-Herriot et responsable du centre de vaccination de Gerland. "Des rendez-vous étaient disponibles sur trois journées complètes : le lundi 3, le mercredi 5 et le vendredi 7 janvier. Pour les enfants à risque ayant déjà reçu une dose, ils pourront faire la seconde ce dimanche. On attend près de 800 enfants rien que sur cette journée", poursuit la soignante. Et à la fin de la semaine, le centre va comptabiliser 15 500 vaccinés dont 2200 enfants et 13 300 adultes.
"Pour notre fils, ça a tout de même soulevé une question à la maison car il peut encore y avoir un manque de recul pour les enfants. Mais l’intérêt a été de le mettre en sécurité le plus vite possible",
une maman accompagnant son fils pour une injection
La manche légèrement relevée, le jeune Louis est soulagé. Le plus dur est passé. "J’étais un peu inquiet au début. Ça fait un peu mal mais je suis content parce que j’ai fait comme papa et maman", explique le petit de garçon de 5 ans. Pour sa maman, enseignante à Lyon, la vaccination sonne comme une évidence. Toutefois, pas question d’imposer quoi que ce soit à son fils. "Je fais partie des premières personnes vaccinées, bien avant la prononciation de toutes ces contraintes imposées par le gouvernement. Pour notre fils, ça a tout de même soulevé une question à la maison car il peut encore y avoir un manque de recul pour les enfants. Mais l’intérêt a été de le mettre en sécurité le plus vite possible", affirme-t-elle. Et d’ajouter que " la vaccination éloigne le risque de développer une forme grave" en cas d’infection.
Autorisation parentale requise
À quelques mètres, dans un autre box, Marie (prénom d’emprunt), 11 ans, a eu un peu plus de mal à rester calme face à l’aiguille. " Je l’ai fait parce qu’on a un membre de notre famille qui est très fragile. On a failli ne pas faire Noël à cause de ça", explique la petite fille encore impressionnée par la piqûre. Pour sa maman, Aurélie, "c’est aussi un geste citoyen. C’est presque normal de se faire vacciner. Ça permet d’être un peu plus serein et tranquille face au virus. D’ailleurs, notre deuxième enfant, qui est un peu plus petit, à lui aussi reçu sa première dose".
Dans le centre, les enfants sont accompagnés d’au moins un parent et suivent un parcours différent de celui des adultes. " Il n’est pas impossible de voir des adultes se placer dans la file des enfants et vice-versa", s’amuse une infirmière qui accueille du public depuis 8 heures du matin. Parmi le personnel mobilisé pour la vaccination des 5-11 ans, on compte 8 médecins dont des pédiatres, lesquels peuvent s’appuyer sur 20 infirmiers ainsi que 10 étudiants en santé.
À l'écoute
Avant l’injection, une autorisation parentale doit être signée et suivie d’une consultation pré-vaccinale systématique réalisée par un médecin afin de "rappeler aussi clairement que possible les enjeux du vaccin à l’enfant. Il s’agit d’un temps pendant lequel le professionnel de santé répond également aux interrogations de l’enfant et de ses parents", détaille le Dr Jihane Fattoum.
Jeudi soir, le ministère de la Santé a précisé qu'il faut désormais l'accord des deux parents pour vacciner les enfants. Suite à une demande du Conseil d'Etat. Concrètement, un seul parent peut être présent lors du rendez-vous de vaccination d'un enfant de 5 à 11 ans, mais il doit être muni d'une attestation sur l'honneur selon laquelle le deuxième parent est d'accord.
"Parfois il y a des difficultés à leur faire passer le message. Mais dans la majeure partie des cas, les parents jouent leur rôle et les médecins aussi",
une infirmière du centre de vaccination à Gerland
La vaccination est précédée d’un test rapide d’orientation diagnostique (TROD) sérologique qui permet d’évaluer, en fonction du taux d’anticorps présents dans la goutte de sang prélevée, si l’enfant a déjà été contaminé. Si le test s’avère négatif, il recevra deux doses de la forme pédiatrique du vaccin Pfizer avec trois semaines d’intervalle.
Un test sérologique pour les enfants avant l'injection
Damien, 6 ans, veut se montrer courageux face au TROD. " C’est déjà fini ?" s’étonne le jeune garçon une fois le prélèvement fait. Pour sa soeur jumelle, Jeanne, qui passe juste après lui, le test sérologique sera un peu plus délicat. Prise de sanglot en voyant l’aiguille se rapprocher, la petite fille peut compter sur le soutien de sa maman, Magali, qui ne cesse de la rassurer en lui expliquant que son frère a réussi à surmonter cette épreuve. " Ça fait trop mal, je veux pas le faire… " répète la petite. "Ça va juste piquer 2 secondes tu verras" lui répond sa mère. Malgré tout, les deux jumeaux iront au bout du parcours sans trop d’accrocs. Pendant les 15 minutes de surveillance post-injection, leur papa, Nicolas, professeur des écoles à Lyon, relativise : " Les enfants aiment rarement les piqûres mais, pour le coup, ils sont conscients de ce qu’il se passe autour d’eux. Ça fait maintenant deux ans qu’ils baignent dedans et on leur a bien expliqué pourquoi c’était important".
" À l’école, beaucoup de mes copains me disent qu’il ne faut pas faire le vaccin. Mais je préfère le faire plutôt que de rester chez moi. En plus, j’ai un peu l’impression de faire comme les grands ",
Arthur, 11 ans
S’ils sont rares dans le centre, certains enfants refusent catégoriquement de recevoir une injection. "C’est arrivé deux ou trois fois en début de semaine", se souvient une infirmière. "Parfois il y a des difficultés à leur faire passer le message. Mais dans la majeure partie des cas, les parents jouent leur rôle et les médecins aussi".
Arthur, 11 ans, est presque impatient à l’idée de se faire piquer. En 6e dans un collège lyonnais, le jeune garçon est très lucide sur ce qui se passe autour de lui. " À l’école, beaucoup de mes copains me disent qu’il ne faut pas faire le vaccin. Mais je préfère le faire plutôt que de rester chez moi. En plus, j’ai un peu l’impression de faire comme les grands ", développe-t-il fièrement. Sa maman, Anne, estime que son fils " a été très embêté lorsqu’il a fallu s’isoler plusieurs semaines quand il était cas contact. Il n’a pas vu ses copains et il n’a vraiment pas envie que ça se répète". Malgré la méfiance de certains de ses camarades, le collégien n’en démord pas : " il faut se faire vacciner, parce qu’il y en a marre du covid ! "
POUR ALLER PLUS LOIN
88,5 % des Rhodaniens de + de 12 ans sont vaccinés
Dans le Rhône, 88,5 % des + de 12 ans sont vaccinés, d'après les dernier chiffres stabilisés que nous disposons, des chiffres arrêtés au 3 janvier.
Lyon Capitale vous propose un point complet sur la vaccination dans le département du Rhône ICI, notamment par catégorie d'âge.