Le variant Delta, plus contagieux, continue de se propager en France. Il sera majoritaire dans le pays dès ce week-end. Il l'est déjà dans le département du Rhône. Pour l'instant, le nombre de nouveaux cas augmente, après avoir largement chuté pendant deux mois. Vigilance, mais pas de catastrophisme. Et un mot sur toutes les lèvres : le vaccin. Décryptage.
La dynamique de l'épidémie repart à la hausse en France. Après plusieurs semaines de forte baisse (et un passage de 40 000 cas en moyenne quotidiens début avril à moins de 2 000 cas en moyenne par jour fin juillet), il y a actuellement 3 000 cas en moyenne par jour dans le pays. En cause, le variant Delta, beaucoup plus contagieux. Il sera majoritaire "dès ce week-end" en France, dixit le ministre de la Santé, Olivier Véran. Il l'est déjà dans le Rhône.
"Le taux d'incidence a augmenté dans le Rhône ces derniers jours. Avec une proportion du variant Delta supérieur à 50%. Dans certaines zones de la région, il est de plus de 80%", explique le directeur de l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes, Jean-Yves Grall. "Nous sommes sur des niveaux de contamination qui restent relativement modestes, mais cette augmentation nous fait craindre un développement", poursuit-il.
Le nombre de nouveaux cas en forte hausse chez les 20-29 ans, les moins vaccinés
Dans le Rhône, après être tombé à 22, le taux d'incidence est aujourd'hui remonté à 30. Le taux d'incidence, qu'est-ce que c'est ? C'est un indicateur clé. Il détermine le nombre de cas positifs sur les 7 derniers jours pour 100 000 habitants. Sur une semaine glissante. C'est un très bon moyen de mesurer le degré de circulation du virus, à un instant t, sur un territoire.
Dans le Rhône, comme en France, le nombre de nouveaux cas est notamment en forte hausse chez les 20-29 ans. Il ne progresse pas chez les + de 60 ans, les plus vaccinés.
Cette hausse est "portée" par les adolescents et les jeunes adultes, et essentiellement par les 20-29 ans [données d'hier].
2/3 pic.twitter.com/Z1czYh22vu— Nicolas Berrod (@nicolasberrod) July 8, 2021
Le variant Delta progresse. Et progresse vite. Au Royaume-Uni, ce sont désormais 27 000 nouveaux cas quotidiens en moyenne qui sont enregistrés. Au Portugal, où l'épidémie flambe à nouveau, le couvre-feu a été réinstauré dans certaines communes, dont à Lisbonne et à Porto. En Catalogne, en Espagne, les boîtes de nuit vont refermer ce week-end.
La vaccination progresse... mais reste insuffisante
En France, le gouvernement veut absolument éviter de nouvelles mesures restrictives. Alors que les boîtes de nuît rouvrent... ce vendredi 9 juillet, après 15 mois de fermeture. Le gouvernement multiplie les phrases chocs pour pousser les Français au vaccin. "Le vaccin est 95 % efficace contre les formes graves, 100 % efficace contre le confinement", martèle Olivier Véran, le ministre de la Santé. Le vaccin, c'est "un petit pas pour soi, un grand pas pour l’immunité", renchérit Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement.
Dans le Rhône, d'après des chiffres arrêtés au 5 juillet :
- 966 566 personnes ont reçu au moins une dose de vaccin
- soit 51,5 % des habitants du Rhône qui ont reçu au moins une dose de vaccin
- 670 789 personnes sont complètement vaccinées
- soit 35,8 % des habitants du Rhône totalement vaccinés
Par âge, dans le département du Rhône, au 5 juillet :
- 82 % des + de 80 ans ont reçu au moins une dose (76 % sont complètement vaccinés)
- 93 % des 75-79 ans ont reçu au moins une dose (88 % sont complètement vaccinés)
- 88 % des 70-74 ans ont reçu au moins une dose (82 % sont complètement vaccinés)
- 79 % des 60-69 ans ont reçu au moins une dose (68 % sont complètement vaccinés)
- 75 % des 50-59 ans ont reçu au moins une dose (57 % sont complètement vaccinés)
- 62 % des 40-49 ans ont reçu au moins une dose (37 % sont complètement vaccinés)
- 52 % des 30-39 ans ont reçu au moins une dose (27 % sont complètement vaccinés)
- 49 % des 25-29 ans ont reçu au moins une dose (24 % sont complètement vaccinés)
- 43 % des 18-24 ans ont reçu au moins une dose (19 % sont complètement vaccinés)
- 17 % des 12-17 ans ont reçu au moins une dose (2,5 % sont complètement vaccinés)
Mais ces chiffres sont encore insuffisants. Insuffisants pour se rapprocher de l'immunité collective. Alors les autorités multiplient les opérations pour aller directement au contact de la population. Mardi 6 et jeudi 8 juillet, un centre éphémère de vaccination était organisé au centre commercial de la Part-Dieu (Lyon 3e), au milieu des soldes. "On essaye de toucher les gens là où ils sont", explique le Préfet du Rhône, Pascal Mailhos. "Il y a un seul message : se faire vacciner, et se faire vacciner rapidement. La vaccination, qui est le meilleur moyen de protection, permet d'éviter de se retrouver à nouveau dans des mesures de confinement et des mesures de restrictions de liberté. Le test, c'est bien. La vaccination, c'est mieux", poursuit le Préfet, rappelant qu'on peut désormais "avoir sa 2e dose de vaccination dans un autre centre de vaccination. On peut très bien partir en vacances".
Au centre commercial, dans les quartiers populaires, aller vacciner directement au contact de la population
Dans la cité populaire de Saint-Fons, près de Lyon, l'une des communes de la Métropole de Lyon où le taux de couverture vaccinale est le plus faible, une opération de vaccination sans rendez-vous est organisée toute la journée de ce vendredi 9 juillet dans le quartier populaire des Clochettes. Le but : aller au plus près des habitants, toucher tout le monde. Et modifier la stratégie de vaccination : ne pas seulement laisser la population venir au vaccin, mais aller la chercher.
"Les modalités de ce genre d'opérations conviennent parfaitement bien aux jeunes, qui trouvent dans ce mode d'accès à la vaccination une facilité, sans rendez-vous. Le niveau de primo-unjections commence à remonter actuellement. Et toutes ces opérations "d'aller vers", comme dans un centre commercial, comme dans des quartiers, participent à la prise de conscience et à la facilité d'accès à la vaccination", souligne le directeur général de l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes, Jean-Yves Grall.
"Le but est de vacciner le maximum de personnes pour se rapprocher de l'immunité collective. Les cas, qui restent rares en réanimation actuellement, sont des personnes qui ne sont pas vaccinées. L'arme majeure, c'est la vaccination", conclut le directeur de l'ARS.
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