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C’est un paradoxe : si aujourd’hui les logements ne sortent pas de terre, ce n’est pourtant pas les besoins qui manquent. Pascal Pancrazio, de la Fnaim du Rhône, compte un besoin annuel de 8 000 nouveaux logements. © William Pham

Crise du logement : 18 mois plus tard, la Métropole de Lyon est satisfaite de son plan d'urgence

Un an et demi après avoir lancé son plan d'urgence pour soutenir les programmes de logements neufs via les bailleurs sociaux, la Métropole de Lyon tire le bilan de cette mesure exceptionnelle qui aura nécessité pour l'heure une enveloppe de 8 millions d'euros.

"À l'heure où on nous dit, à juste titre, que notre territoire est l'un des plus en crise en termes d'offre locative, il était extrêmement important de remettre des logements en location à tarif abordable sur le marché". Chose promis, chose due, selon le vice-président de la Métropole de Lyon en charge du logement, Renaud Payre. Près d'un an et demi après le lancement du plan d'urgence de 10 millions d'euros par la collectivité, l'heure est au bilan. La Métropole de Lyon a-t-elle permis au secteur du neuf de sortir la tête de l'eau ?

A priori, ce secteur a au moins pris une bouffée d'oxygène. Et les chiffres parlent pour la collectivité. Sur les 141 opérations remontées par les promoteurs, qui ne parvenaient plus à trouver d'acquéreurs, 118 ont été soutenues par le plan d'urgence de la Métropole. Parmi celles-ci, 43 concernaient une opération bloquée en amont de la construction des logements et 75 opérations avaient une commercialisation au point mort.

Plus largement, 7 000 logements ont été concernés par la mise en place du plan d'urgence de la collectivité. "Ce sont 7 000 logements qui, sans une intervention de notre part, auraient soit été très fortement ralentis, soit ils n'auraient jamais vu le jour", assure Renaud Payre. À noter que l'objectif initial, en septembre 2023, était d'accompagner 2 000 à 3 000 logements.

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Favoriser le logement social et accessible

Alors que la feuille de route du vice-président au logement a été modifiée en 2022, "passant en gestion de crise", l'objectif était surtout de fluidifier le marché locatif du logement. Sur les 2 319 logements retournés (libres mais pas commercialisés, donc achetés par les bailleurs à un prix plafond), environ 2 100 seront des logements locatifs. Ils seront pour le plupart accessibles aux classes modestes et moyennes, que ce soit en prêt locatif social ou encore à usage social, mais aussi en logement locatif intermédiaire.

En plus, la programmation du logement social pour l'année 2024 repart à la hausse, avec l'enregistrement de 3 353 logements locatifs sociaux, soit une augmentation de 71 % par rapport à 2023. "C'est un rebond très significatif", confirme Anne Warsmann, présidente de l'association de bailleur social ABC Hlm. Et de rappeler : "Mais ces résultats s'inscrivent dans un contexte préoccupant, où on a été impactés par des évolutions financières récentes. On est sous pression".


Barbara Falk, directrice régionale de la Banque des territoires


S'ils mettront néanmoins du temps avant de sortir de terre, ces nouveaux logements pourraient alléger le déficit rencontré par certaines communes au titre de la loi SRU. Indirectement, donc, le plan d'urgence a participé au bilan positif tiré par la préfecture, un an après sa reprise de compétence des permis de construire de logements sociaux dans sept communes du Rhône. "Malgré l'effort de la préfète, les obtentions de permis de construite restent un sujet important", souligne Philippe Layec, président de la Fédération des promoteurs immobiliers de France (FPI) de la région lyonnaise.

Côté financement, là aussi, le plan d'urgence a impacté l'immobilier lyonnais. En 2024, la banque des territoires a financé 540 millions d'euros de construction de logement neuf, contre 230 millions d'euros en 2023. Même constat pour la réhabilitation. "On voit bien que les bailleurs ont tout fait cette année", assure Barbara Falk, directrice régionale de la Banque des territoires.

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Pas de rallonge pour l'enveloppe de 10 millions d'euros

Prévu sur 18 mois, ce plan d'urgence restera bel et bien une mesure exceptionnelle. 8 des 10 millions d'euros prévus ont été déployés, mais la Métropole de Lyon ne prévoit en effet aucune rallonge pour l'heure. La quasi-totalité des opérations ayant été menées sur les 6 premiers mois du plan d'urgence, avant un ralentissement considérable ensuite. Cela s'explique notamment par le manque de fond propre des bailleurs sociaux, nécessaire à ces transactions malgré le soutien de la collectivité.

Sur le plan national, Bruno Bernard et Renaud Payre ont rencontré la ministre du logement Valérie Létard. "Depuis 2017, il n'y avait pas eu de politique du logement en France, avec des choix plutôt budgétaires. (...) Le point positif qu'il faut donner, c'est que le gouvernement Barnier puis Bayrou semblent plus attentifs à la question du logement. Il commence à avoir de petites avancées et des espoirs qui reprennent", avance à tâtons le président de la Métropole.

En somme, si le plan d'urgence a fait son effet, la bouffée d'oxygène du secteur neuf reste à confirmer. "On n'est plus dans la conjoncture de 2023. Les bailleurs sociaux ne sont plus dans la même santé. Comme quoi, ça va très vite", déplore Renaud Payre. Dans un sens comme dans l'autre, d'ailleurs.

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