Il aura fallu un nouveau braquage début mai pour que la question soit remise au goût du jour par Emmanuel Hamelin, candidat UMP aux législatives dans la 2e circonscription. Le plateau de la Croix-Rousse aurait-il vraiment besoin de caméras de vidéo-protection ? Du côté de la Ville, on reste persuadés que non. Côté habitants et commerçants, les avis sont moins tranchés.
"La Croix-Rousse n’est plus ce que c’était", déplore Emmanuel Hamelin, conseiller municipal et candidat UMP aux législatives dans la 2e circonscription du Rhône. "Il y a de plus en plus d'incivilités et d'insécurité, mais rien n'est fait !". Il réclame l’installation de caméras sur le plateau, et plus particulièrement place de la Croix-Rousse, place du Gros Caillou et Grande Rue de la Croix-Rousse. Le 2 mai, suite au braquage d’une bijouterie située dans cette dernière, il avait une nouvelle fois interpellé la mairie de Lyon sur l’absence de caméras de vidéosurveillance dans un communiqué, dénonçant son "attitude angélique et irresponsable". "Malheureusement, ce sont les commerçants et les Croix-Roussiens qui en font les frais", ajoutait-il.
Sans surprise, son discours a convaincu Linda, vendeuse à la bijouterie Julien D'Orcel, victime du braquage du 2 mai: "Mr Hamelin est venu nous voir et je suis d'accord avec lui sur ce point. C'est la première année où il y a autant de braquages dans la Grande Rue de la Croix-Rousse, on n'est jamais tranquilles!", témoigne-t-elle. Favorable à l’installation de caméras, elle pense qu’elles seraient utiles pour les commerçants, mais aussi pour les résidents. "Ça s’est vraiment dégradé à la Croix-Rousse. Depuis le réaménagement de la place du Gros-Caillou, il y a de plus en plus de bagarres, de regroupements… "
"Je me sens en sécurité ici"
Vendeuse à la boutique d’en face, Guilaine Reynaud se montre plus perplexe. "Il y a eu une période un peu coupe gorge ces dernières semaines, mais de là à parler de dégradation…". Contre l’installation de caméras, elle reste persuadée qu’elles "servent plus à surveiller qu’à protéger".
Côté résidents, la protection de la vie privée semble aussi l’emporter sur le sentiment d’insécurité. "Des caméras ? Il ne manquerait plus que ça !", réagit Thérèse Delas, 83 ans, résidente sur le plateau depuis "bien longtemps". "Je tiens à ma liberté !", conclut cette ex-institutrice à la retraite profitant du soleil sur un banc de la place du Gros-Caillou. A deux pas, Isabelle Dinares, 59 ans est plutôt du même avis: "Ca fait 19 ans que j'habite ici et je me sens en sécurité. Dans certains quartiers, les caméras sont peut-être nécessaires, mais ici je ne pense pas". Jacques Bressy, 78 ans, retraité et Croix-Roussien depuis 45 ans, ne se dit pour autant "pas contre, ne serait-ce que pour me rassurer quand je vais retirer de l'argent". "On ne va pas en mettre partout non plus mais ça peut être avoir un effet dissuasif je pense", expliquant qu’il a subi un cambriolage il y a quelques mois.
En tout cas, l’installation de caméras sur le plateau n’est pas au goût du jour pour la Mairie. "Le plateau de la Croix-Rousse reste l’un des endroits où l’on observe les taux de délinquance les plus faibles", explique Jean-Louis Touraine, 1er adjoint au maire de Lyon, en charge notamment de la Tranquillité publique. "Les demandes d'installation dans le 6e sur le cours Vitton sont également fréquentes… Je peux les comprendre mais on ne peut pas en mettre partout pour de multiples raisons, notamment de coûts, de protection de la vie privée, et il ne faut pas oublier non plus qu'il faut des gens derrière les écrans".
L’élu entend rester sur la lignée fixée par la Ville de Lyon en septembre dernier, et poursuivre le développement du dispositif comme prévu pour atteindre 300 caméras « d’ici 2013/2014 » : "On n’est pas à Nice ici ! A Lyon, on procède avec modération et efficacité", conclut-il. Tout en rappelant que les commerçants restent "libres d’équiper leurs établissements comme ils le souhaitent".
et sur les pentes de la croix rousse, c'est pour quand ?