Depuis février dernier, le fort Saint-Laurent, qui accueillait un foyer de Notre-Dame-des-Sans-Abri, fait l’objet d’une procédure de cession de l’État. Il pourrait devenir un hôtel de luxe. Le 20 décembre, on apprenait que la vente était en cours de signature.
Lieu d'hébergement de sans-abri, le fort Saint-Laurent, à la Croix-Rousse, devrait être transformé en hôtel de luxe. En février dernier, on apprenait que l'imposante bâtisse du XIXe siècle allait être cédée par l'Etat. Le 20 décembre, un arrêté du ministre des Comptes publics autorisait une cession à l'amiable, tandis que le site Economie.gouv.fr indique que l'acte de vente est en cours de signature. Pour l'instant, aucune communication de la part de la préfecture, qui refuse de donner les moindres indications tant que la vente n'est pas officialisée. "Nous restons prudents. Comme pour toute vente, tant que rien n'est signé, tout peut changer. Nous ne nous avançons pas sur le sujet", ont déclaré ce mercredi à Lyon Capitale les services préfectoraux.
Phénomène de “gentrification”
Cette annonce a fait grincer des dents. Ainsi, Elliott Aubin, adjoint à la maire du 1er arrondissement, regrette la "braderie du patrimoine". "Même si ce lieu appartient à l’État, la ville aurait pu faire une offre pour l'acquérir", estime-t-il. Le fort Saint-Laurent servait jusqu'à cet automne de foyer à l'association Notre-Dame-des-Sans-Abri, qui y hébergeait une centaine de personnes. "Est-ce que le transformer en hôtel de luxe [le projet évoqué, non démenti par la préfecture] correspond aux besoins des habitants ? Rien n'est moins sûr", constate Elliott Aubin. "C'était un foyer très bien géré, aucune doléance n'a jamais été reçue. On assiste à un phénomène de gentrification, où le quartier devient un objet de marketing pour le rayonnement international, sans penser aux besoins de ses habitants", regrette l'élu du 1er arrondissement. Le collectif d'associations L'Esprit Canut, qui s'était déjà battu pour la conservation du musée des Tissus, déplore lui aussi que "ce service ne soit pas resté dans la municipalité".
21 familles délogées
Notre-Dame-des-Sans-Abri avait fait une offre pour le fort Saint-Laurent, qui a été refusée. L'association a dû quitter les lieux en septembre. Une centaine de personnes ont été délogées.