@Photographie par Romain Doucelin / Hans Lucas via AFP

Cycliste tué à Paris : les associations lyonnaises évoquent "un phénomène global de violence"

Deux jours après la mort d'un cycliste de 27 ans, écrasé volontairement, selon des témoins par le conducteur d'un SUV à Paris, l'émoi touche tous les amateurs de vélo. A Lyon, les associations appellent à sensibiliser chaque usager de la route, alors que les altercations y sont monnaies courantes.

Dès l'annonce de la mort du jeune cycliste, la stupeur a gagné les habitués du vélo lyonnais. "Ça fait un choc, surtout quand c’est quelqu'un qui est engagé pour défendre la cause des cyclistes. C’est terrible, c’est inadmissible", souffle Frédérique Bienvenüe, co-présidente de la Ville à vélo.

La stupeur est d'autant plus grande qu'il n'est pas dur pour les cyclistes de se projeter dans cette situation, tant ils sont nombreux à avoir été déjà pris à parti par un automobiliste. "Ce n'est pas quelque chose qu'on vit tous les jours, mais c'est souvent", affirme Frédérique Bienvenüe, qui se souvient d'une fois où elle a été provoquée, sinon menacée : "Le conducteur n’a pas apprécié que je m’arrête au feu rouge, alors qu'il aurait pu y passer. La voiture était à un mètre de moi, elle s’est retrouvée d’un coup plus proche". Désormais, elle préfère éviter chaque situation de conflits : "En tant que cycliste ou piéton, on est très vulnérables face à une voiture. On n'a aucun moyen de se défendre face à un automobiliste qui nous menace... A part prendre la fuite."

Un phénomène de violence global

La Maison du Vélo a régulièrement des remontées sur des faits d'incivilités envers des cyclistes à Lyon. Si le phénomène n'échappe pas à la capitale des Gaules, il est moindre qu'ailleurs, estime tout de même la présidente de l'association, Françoise Chevallier : "Je pense quand même que les tensions sont moins fortes à Lyon, du fait des aménagements cyclables. Peut-être que le climat est plus calme d’une certaine manière".

Frédérique Bienvenüe, elle, préfère y voir un "phénomène global" de violence. "Ce n'est pas propre aux relations entre cyclistes et automobilistes, c'est aussi entre automobilistes parfois". Mais la vulnérabilité des deux-roues reste plus forte "car on n'a pas de carrosserie, insiste-t-elle, en plus, la voiture c'est l'objet de tout le monde, ce n'est pas perçu comme une arme mais tout le monde sait que ça peut tuer quand même".

Sensibiliser et verbaliser : le duo gagnant pour lutter contre les altercations

Pour limiter les comportements agressifs entre automobilistes et cyclistes, la présidente de la Maison du vélo Françoise Chevallier appelle à "continuer la sensibilisation au partage de la rue entre tous les usagers et à faire attention aux usagers les plus vulnérables qui sont d’abord les piétons et ensuite les cyclistes". "C'est de l'éducation tout au long de la vie. Il faut rappeler que la violence n’a sa place nulle part", élargit Frédérique Bienvenüe.

Mais pour cela, "il manque des moyens", s'accordent-elles. "Nous, on essaie de faire cette sensibilisation le plus possible, mais il faudrait que ce soit fait à une échelle beaucoup plus grande", précise Françoise Chevallier qui souhaiterait une campagne de communication nationale.

A la prévention, s'ajoute la nécessité de verbaliser davantage, estime la présidente de la Maison du Vélo. Mais elle en convient : les preuves ne sont pas toujours faciles à apporter et l'identification du conducteur, pas toujours possible. Et si certains ont choisi de s'équiper de caméras pour filmer, Françoise Chevallier regrette d'en arriver là et préfère miser sur la courtoisie de chacun. Et la présidente de conclure : "De toute façon, le développement du vélo va continuer, donc il faut vraiment accepter de partager cette espace".

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