Pascal Pancrazio, président de la FNAIM du Rhône, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
L’un des points positifs mis en avant lors de l’entretien est la baisse attendue des taux d’intérêt pour les crédits immobiliers. « Des taux autour de 2 % sont envisagés pour l’été prochain, ce qui constitue une excellente nouvelle pour l’immobilier », a déclaré Pascal Pancrazio. Cette amélioration pourrait redonner un élan au marché immobilier, en difficulté depuis trois années consécutives marquées par une baisse historique des volumes de transactions. Cependant, cette éclaircie financière ne suffira pas à elle seule. Selon le président de la FNAIM du Rhône, d’autres facteurs jouent également un rôle déterminant : « Le pouvoir d’achat est en hausse, après plusieurs années de baisse, grâce notamment à la diminution de l’inflation et des coûts des matières premières. »
L’impact du contexte politique
Malgré ces signaux encourageants, le contexte politique reste un frein. Pascal Pancrazio a insisté sur l’importance de soutenir l’action de la ministre du Logement, Valérie Létard. « Il faut que nos parlementaires locaux soutiennent la ministre dans son action, car le contexte politique a un impact significatif sur le marché. » Il a également mis en lumière les conséquences d’un cadre réglementaire parfois rigide, comme les nouvelles obligations en matière de diagnostic de performance energétique (DPE). Depuis le 1er janvier, les logements en G ne peuvent plus être loués, ce qui aggrave une pénurie de logements locatifs. « Il faut concilier rénovation énergétique et pragmatisme pour ne pas exclure davantage de logements du marché. »
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Lyon : un marché en stabilisation
Localement, les chiffres confirment une dynamique encore fragile. « À Lyon, les prix ont baissé d’environ 5 % en 2024, mais nous observons une stabilisation, avec l’espoir d’une reprise des volumes en 2025 », a expliqué Pascal Pancrazio. Il a néanmoins rappelé que les investisseurs, échaudés par les incertitudes économiques et politiques, demeurent prudents. « L’épargne a considérablement augmenté, signe de crainte de l’avenir. Il est crucial de rétablir la confiance pour relancer les investissements. »
Une reprise à portée de main
En conclusion, Pascal Pancrazio s’est montré optimiste pour l’année à venir, malgré les nombreux défis. « Tout l’écosystème de l’immobilier est interconnecté. Si les ventes diminuent, c’est tout un pan de l’économie qui est touché. » Pour lui, 2025 pourrait marquer un tournant, à condition que les acteurs politiques et économiques travaillent main dans la main pour soutenir la filière.
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L’ensemble de l’entretien avec Pascal Pancrazio est disponible dans la vidéo :
La retranscription intégrale de l'entretien avec Pascal Pancrazio :
Bonjour à tous, et bienvenue dans l’émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd’hui, nous abordons la thématique de l’immobilier en compagnie de Pascal Pancrazio, président de la FNAIM du Rhône. Bonjour Pascal Pancrazio, et merci d’être avec nous.
Entrons dans le vif du sujet. Malgré une conjoncture financière favorable, marquée notamment par une baisse des taux de crédit immobiliers, l’activité immobilière ne semble pas encore avoir retrouvé toute sa vigueur. Pensez-vous que l’instabilité politique joue un rôle à cet égard ?
Effectivement, une amélioration des taux est attendue. Lors de notre conférence de presse la semaine dernière, nous en avons discuté, notamment avec la directrice de la Banque de France. Des taux autour de 2 % sont envisagés pour l’été prochain, ce qui constitue une excellente nouvelle. Nous restons néanmoins prudents quant à cette perspective. Par ailleurs, le pouvoir d’achat, en hausse après plusieurs années de baisse, est également un signal très positif. Cette amélioration découle de divers facteurs : la diminution de l’inflation, la baisse des prix de l’énergie et un recul des coûts des matières premières. Ces éléments convergent pour créer un contexte favorable.
Cependant, comme vous l’avez évoqué, le contexte politique reste crucial. Il est fondamental que l’ensemble des acteurs soutiennent l’action de la ministre du Logement, largement appréciée et reconnue par les professionnels de l’immobilier, mais également par de nombreux responsables politiques. Nos parlementaires et élus locaux doivent se mobiliser en ce sens afin d’accompagner les évolutions positives que nous espérons concrétiser pour 2025.
Vous faites référence à Valérie Létard, ministre du Logement sous le gouvernement Barnier, reconduite dans ses fonctions sous le gouvernement actuel dirigé par François Bayrou.
Exactement. Il est essentiel de travailler dans l’intérêt général pour que les perspectives favorables se concrétisent, car le contexte politique a un impact significatif sur l’ensemble du secteur.
Sur le plan local, quelles tendances observe-t-on concernant les volumes de vente ou l’évolution des prix dans le Rhône ?
Si l’on considère les trois dernières années, y compris à l’échelle nationale, nous avons enregistré une baisse sans précédent. Les volumes de transactions dans l’ancien ont chuté de près de 36 %, et dans le neuf, la baisse atteint environ 50 %. Les prix, eux aussi, ont diminué. À Lyon, par exemple, l’an dernier, nous avons constaté une baisse d’environ 5 %. Néanmoins, nous percevons une stabilisation et espérons une reprise des volumes de quelques pourcents en 2025, même si une hausse des prix n’est pas prévue.
Sur les cinq dernières années, à Lyon, les prix ont baissé. Les acquéreurs de cette période n’ont donc pas vu la valeur de leur bien augmenter.
C’est exact. Cela dit, sur une période plus longue, l’immobilier reste une valeur sûre, avec une croissance notable, notamment dans les grandes métropoles comme Lyon, qui a connu une forte augmentation des prix.
Quelles sont vos prévisions pour 2025 ? Êtes-vous optimiste pour cette année ?
Oui, je suis tout à fait optimiste. Les trois dernières années ont été particulièrement difficiles, avec une baisse inédite et prolongée des volumes et des prix. Cette situation, unique en cinquante ans, a marqué le secteur. Aujourd’hui, l’amélioration du pouvoir d’achat, combinée à une épargne importante accumulée par les ménages, pourrait relancer l’investissement et, par extension, l’économie, notamment dans le domaine du logement.
Y a-t-il des points de vigilance particuliers pour 2025 ?
Plusieurs dossiers techniques méritent une attention particulière, comme l’encadrement des loyers, dont l’efficacité reste à démontrer, ou encore le diagnostic de performance Énergétique (DPE). Depuis le 1er janvier, un certain nombre de logements ne sont plus théoriquement disponibles à la location, ce qui aggrave une situation déjà marquée par une pénurie de logements. Il est crucial de concilier rénovation énergétique et pragmatisme pour ne pas exclure des biens du marché.
Un dernier mot à ajouter ?
Tout l’écosystème de l’immobilier est interconnecté. Si les ventes diminuent, les administrateurs de biens, les professionnels du secteur et les acteurs du BTP sont également affectés. Les carnets de commandes du BTP sont en baisse, ce qui reflète ces difficultés. Il est essentiel que nos parlementaires locaux soutiennent la ministre du Logement pour relancer le secteur.