Dans le canton de Tarare, la question du raccordement du secteur d'Amplepuis à l'A89 a fait du bruit pendant la campagne pour les élections départementales. Entre protection de l'environnement et désenclavement du territoire, les candidats sont divisés sur le sujet.
Sur la carte, le nord-ouest du département du Rhône, sillonné par les monts du Beaujolais, semble loin de Lyon. À vol d'oiseau, environ 50 kilomètres séparent la métropole de ces territoires ruraux. Mais la mise en service en 2013 du tronçon de l'autoroute A89 entre Balbigny dans la Loire et La-Tour-Salvagny à l'entrée de Lyon a changé la donne en plaçant la ville de Tarare à 40 minutes de voiture de la capitale des Gaules.
Aujourd'hui, certains élus locaux militent pour désenclaver les communes au nord de Tarare : Amplepuis et Thizy-les-Bourgs. Ces deux secteurs ne bénéficient pas de la liaison de la N7 qui relie Tarare à Roanne. Un projet de raccordement à l'A89 grâce à la construction d'une route départementale est donc dans les cartons depuis 2013. Mais ce projet d'aménagement a soulevé de nombreuses oppositions et ses défenseurs ne sont plus très nombreux pendant cette campagne pour les élections départementales.
"On est contre l'artificialisation des sols. Le coût de l'investissement serait très lourd pour un gain minime. Au départ, on estimait le coût de cette nouvelle route à 5 millions d'euros, puis on est passé à un budget de l'ordre de 10-15 millions d'euros", rouspète Eric Bouhana, qui forme un binôme avec Kristin Zimmerman sur une liste d'union de la gauche et des écologistes pour les élections départementales dans le canton de Tarare. "L'autre raison de notre opposition au projet, c'est l'environnement. C'est un coin de nature, qui a un attrait touristique et abrite une riche biodiversité", poursuit Eric Bouhana.
Le 6 juin, les associations Quicury et Acrosa, opposées au projet, ont organisé une randonnée dans les collines pour dénoncer les conséquences de l'artificialisation des sols dans l'ouest lyonnais.
"Il n'y a pas de financement pour ce raccordement"
Les élus de droite soutiennent, eux, globalement le projet. Même si des nuances apparaissent. Le président de la Communauté d'agglomération de l'Ouest rhodanien (COR), Patrice Verchère (LR), est favorable au raccordement. Il a toujours défendu la nécessité de construire cette route départementale. Le maire de Tarare, Bruno Peylachon (divers droite), se dit lui aussi favorable au désenclavement d'Amplepuis. Pourtant, il a tiré un trait sur ce projet de raccordement qui réduirait pourtant le trafic de poids lourds dans sa ville. "Il y a un constat qui est partagé par tous. On a deux problématiques avec les poids lourds qui traversent la ville de Tarare et l'enclavement du nord du canton et du secteur d'Amplepuis. Mais il faut être pragmatique. Il y a eu une enquête publique qui a été défavorable au projet en 2015, il n'y a pas eu de consensus sur le choix du tracé de la route parmi les trois proposés et il n'y a pas de financement pour ce raccordement. Il y a 10 ans qu'on parle de ce projet et il n'a pas abouti. Il faut donc faire preuve de réalisme", glisse Bruno Peylachon.
L'écologiste Eric Bouhana imagine lui une solution moins onéreuse. "C'est vrai que les gens qui vivent à Amplepuis peuvent rester coincés 15 minutes derrière un camion sur la route qui va à Tarare. Cela allonge la durée de leur trajet. On peut donc imaginer la construction d'une voie pour les véhicules lents, ce qui permettrait aux automobilistes de doubler les camions".
Les résultats des élections départementales détermineront l'avenir de ce projet de raccordement. Patrice Verchère, le président du COR est candidat dans le canton de Thizy-les-Bourgs, également concerné par ce raccordement, aux côtés de Colette Darphin. La construction d'une route départementale figure en toutes lettres dans leur profession de foi. Une victoire de leur liste pourrait donner un nouveau tournant à ce dossier.