Dans la nuit de dimanche 3 à lundi 4 avril, le thermomètre a chuté dans le Rhône pour afficher partout des valeurs négatives. Les arboriculteurs ont tenté de faire face, mais certains relèvent déjà des dégâts importants dans leurs vergers.
Après un weekend de neige, le pire est arrivé dans la nuit de dimanche 3 à lundi 4 avril. La couverture nuageuse a disparu au-dessus du Rhône et les températures ont chuté. Conséquence, les arboriculteurs ont passé la nuit à combattre le gel comme ils le pouvaient. Mais le réveil est difficile.
À Irigny, au sud de Lyon, Rémy produit des abricots sur trois hectares. Il a été sévèrement touché par la chute des températures avec un minimal de -4 degrés sur sa commune. "Tout ce qui n'a pas été protégé a été grillé. En faisant du feu, on a protégé à peine un tiers du verger. On avait des abricots déjà formés dans les arbres. C'est fini, les abricotiers ne donneront plus rien cette année", soupire cet arboriculteur.
"Je pense qu'il y aura moins de dégâts cette année"
Un peu partout dans le Rhône cet épisode de froid tardif a été vécu avec anxiété par les arboriculteurs. À Bibost dans les monts du Lyonnais, Jérôme Rosier a dormi seulement deux heures. "J'ai allumé mes chaufferettes de 1h à 5h du matin", dit-il. Ce producteur de cerises et de mirabelles avait perdu 85% de sa récolte de fruits lors du coup de froid d'avril 2021. "Je pense qu'il y aura moins de dégâts cette année. Cela a gelé vraiment tard dans la nuit. J'avais encore une température de 0 degré à une heure du matin".
Cependant, les arboriculteurs redoutent la nuit prochaine qui s'annonce presque aussi froide selon les prévisions météorologiques. "À priori, c'est demain matin (mardi) qu'il fera le plus froid. C'est là qu'on aura le verdict", juge Nicolas Besset, viticulteur et membre de la chambre d'agriculture du Rhône.
Pour la filière, ce deuxième printemps consécutif avec un regel suite à une période de douceur est en tout cas un coup très dur. "C'est compliqué pour ceux qui s'installent et qui ont des gros emprunts à rembourser. On voit beaucoup d'arboriculteurs qui essayent de se diversifier avec des légumes en pleine terre, comme des courges. On a peur pour l'avenir de la filière locale des fruits", alerte Samuel Richard, animateur de la cellule départementale du syndicat Confédération paysanne.