Une professeure du collège Jeanne-d'arc de Décines a organisé un concours de poésie pour ses élèves, mercredi 18 juin dernier. Le thème : écrire un hymne à la France. Les jeunes se sont laissés prendre au jeu, composant de véritables odes patriotiques.
Madame Baya est professeure d'histoire et de français au collège Jeanne-d'Arc de Décines. Elle a les cheveux bleus, blancs, rouges, jaunes et verts. Comme les couleurs de la France, où elle vit, et celles du Congo, d'où elle vient. Mercredi 18 juin, madame Baya a organisé un concours de poésie pour ses élèves, de la 6e à la 3e. Les consignes ? "Ecrivez un hymne à la France. Vous avez une heure."
Malgré les quelques grimaces à la découverte des sujets, les jeunes poètes ont été prolixes. Un sujet sur la France, ils s'en doutaient. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ont développé dans leurs rimes une vision idéale du pays. Morceaux choisis :
"Ô France ! Si belle France que tu es
Tes formes dévoilent tes montagnes
Une armée de cyprès
Toujours il faut que tu gagne" –Mélissa
"La France est une très grande puissance
Et bientôt la meilleure?
Avec ses habitants venus d'ailleurs
C'est ça qui la rend meilleure !" –Houssam
"Ô oui en toi je crois jusqu'à la fin
Toi et ton odeur délicieuse de pain
Les hommes te blessent
Mais moi je soigne tes blessures" –Dorian
"France, tu montres fièrement tes couleurs
Tellement belles dans nos cœurs
Celles qui montrent que nous sommes liées
Dans l'égalité et la fraternité" –Juliette
Transmettre les valeurs de la République
Diversité, tourisme et paysages, références à la guerre, valeurs républicaines, certains thèmes sont omniprésents dans les compositions. Pour comprendre de telles envolées patriotiques, il faut suivre le parcours de Mme Baya. Partie du Congo à l'adolescence, elle a pu suivre ses études en France et y devenir enseignante. Elle considère avoir toujours bénéficié de l'aide de ses professeurs et attribue sa réussite au système républicain français.
Alors, quand elle a constaté le peu d'enthousiasme que suscitait l'idée républicaine auprès de ses élèves, dont une grande partie est issue de la diversité, elle s'est employée à construire leur patriotisme : "Si nous transmettons aux jeunes les valeurs dès leur tendre enfance, ils seront fiers d'appartenir à la communauté des citoyens". Les enfants ont pu participer à la semaine de la francophonie et aux commémorations du centenaire de la Grande guerre. Ils ont rencontré des élus locaux et d'anciens gradés de l'armée de terre.
"Quand on commence à écrire, on se rend compte qu'on aime la France"
À la lecture des poèmes, on sent que le message est passé entre la prof et ses élèves. Mais malgré cette ode collective à la France, les jeunes restent lucides : ils peuvent aimer le pays et ses valeurs fondatrices tout en étant conscient que la réalité n'est pas si idyllique. "Oui, je crois en ce que j'ai écrit, explique Emma. Je pense qu'on ne voit que les mauvais côtés, pas les bons." Une autre participante au concours avoue : "Quand on commence à écrire, on se rend compte qu'on aime la France".
Les jeunes sont conscients que ce patriotisme n'est pas toujours partagé dans leur environnement familial et leur quartier : "Il faudrait que les adultes aiment la France pour que les enfants puissent prendre exemple sur eux, tente un des participants." Pour eux, le désamour vient de la crise politique et économique. "Le Président ne demande pas leur avis aux gens, avance une élève de 14 ans. Il faut arrêter les promesses et ressouder les français".
"Ce n'est pas parce que les élus ont failli que les citoyens doivent abandonner, clame Mme Baya. Il faut que les jeunes agissent à leur niveau." Pour la professeure aux cheveux multicolores, cela commence par aimer son pays. En rendant effectives les valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité et de diversité.