Auteur de Les féministes et le garçon arabe (avec Eric Macé, 2006, l'Aube), la sociologue Nacira Guénif-Souilamas réplique.
Lyon Capitale : La sortie de Rachida Dati sur les Grands Frères n'est-elle pas révélatrice des reproches faits au PS sur la politique d'intégration ?
Nacira Guénif-Souilamas : Toutes les équipes de droite comme de gauche ont eu recours au dispositif des "Grands Frères". Elle choisit la facilité en visant les socialistes. Dans cette affaire, il faut dissocier la critique légitime adressée à la politique des " grands frères " et la sortie opportuniste de Rachida Dati. Les critiques les plus directes sont d'ailleurs le fait de chercheurs de gauche qui ne mâchent pas leurs mots. Personne n'a attendu Rachida Dati pour faire la critique de cette politique.
Pourquoi Rachida Dati est-elle tentée d'amalgamer cette politique des " Grands Frères " avec la violence faite aux femmes ?
Parce que c'est politiquement et électoralement payant et que ça va dans le sens de l'idéologie ambiante qui tend à stigmatiser les jeunes hommes des quartiers en les criminalisant pour ne pas avoir à régler les problèmes sur le fond : racisme, discriminations, sous-qualification et inégalités scolaires, etc.
Que cache cet amalgame selon vous ?
Il s'agit de faire croire que les violences "machistes" sont uniquement le fait des jeunes des quartiers, a fortiori s'ils sont arabes, noirs et/ou musulmans.
Propos recueillis par S. M.