Lancée en 2021, la récolte des déchets alimentaires via des bornes à compost ne cesse de croître dans la Métropole de Lyon. Environ 100 tonnes sont ramassées chaque semaine afin d'être transformées en compost.
Deux ans après une première expérimentation dans le 7e arrondissement, la greffe du compostage urbain a bien pris auprès des Grands Lyonnais. Sept des neuf arrondissements de Lyon sont désormais couverts par le réseau de bornes à compost déployés par la Métropole de Lyon, auxquels s'ajoutent les villes des Villeurbanne, Champagne-au-Mont-d’or, Craponne, Dardilly, Ecully et Sainte-Foy-lès-Lyon.
Grâce aux 1 300 bornes à compost qui ont fleuri sur la voirie de l'agglomération, l’objectif est dorénavant clair, il s'agit purement et simplement de "sortir les déchets alimentaires du circuit de l’incinération qui représentent aujourd’hui 1/3 des ordures ménagères", explique Isabelle Petiot, vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge de la réduction des déchets.
"Sortir les déchets alimentaires du circuit de l’incinération qui représentent aujourd’hui 1/3 des ordures ménagères"
Isabelle Petiot, vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge de la réduction des déchets
Composés majoritairement d’eau, il s’agit d’une "aberration écologique" pour Isabelle Petiot que de faire incinérer ces déchets alimentaires. Elle fait d'ailleurs de cette initiative une priorité de son mandat. "Puisqu’ils possèdent de l’eau, une fois transformés en compost, les déchets retournent dans la terre et peuvent servir à nourrir les sols et les garder humides, même pendant les périodes de sécheresse", explique la vice-présidente.
Le compostage des déchets alimentaires en chiffres :
- 1300 bornes à compost
- 1,3 million d’euros pour l’installation des bornes à compost
- 2 millions d’euros pour la sensibilisation des habitants ainsi que la distribution de sacs et de seaux réutilisables
- 140 euros : le prix de la tonne de déchet compostée (contre 70 euros la tonne incinérée)
- Le compost est ensuite revendu à 80 % à des agriculteurs (30 km autour de la métropole de Lyon) et à 20 % aux collectivités.
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100 tonnes de déchets chaque semaine
Trier ses déchets est rapidement devenu une habitude comme une autre pour les 550 000 personnes qui peuvent disposer de ces bornes, mais, parfois, une question demeure : que deviennent nos déchets ?
Ramassées deux à cinq fois par semaine, ce sont environ 100 tonnes de déchets alimentaires qui sont ensuite acheminées jusqu’à l’entreprise Les Alchimistes située à Vénissieux, l'une des deux entreprises habilitée pour les recevoir. Les déchets, majoritairement des épluchures, sont ensuite stockés dans un grand entrepôt. Aujourd’hui, Les Alchimistes ont la capacité de traiter entre dix et douze tonnes de déchets par semaine. C’est pour cette raison qu’un premier tri est réalisé afin d’envoyer le surplus à l’entreprise Racine, l'autre structure à laquelle fait appelle la Métropole. Cette dernière gère d'ailleurs la majeure partie des biodéchets de la collectivité, seulement 10 % des déchets étant actuellement traités par Les Alchimistes.
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Les Grands Lyonnais bons élèves du tri
Après ce premier tri, les déchets sont de nouveau passés au crible, à la main cette fois-ci, afin d'en retirer tous les déchets plastiques ou non-recyclables. "Globalement, les Lyonnais trient bien. On a toujours 4 % ou 5 % d’erreur, mais le plus souvent, ce sont les passants dans la rue qui jettent un déchet sans faire attention", explique Gaétan Lepoutre, co-fondateur et directeur associé de l’entreprise.
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Dans un second temps, un broyeur vient réduire en petits morceaux les déchets, avant qu’ils ne soient mélangés avec du bois broyé dans ce que l’entreprise appelle un "bol mélangeur." Plus les déchets seront fins et bien mélangés, meilleur sera ensuite le compost. Là aussi, aucun gaspillage, le bois incorporé provient de déchetterie ou d’opérations d'élagage. Une fois l’étape du bol mélangeur terminée, il en ressort une matière dite de "prêt-à-composter."
Plusieurs périodes de dégradation
Le prêt-à-composter est ensuite déposé dans des cellules de dégradation de vingt-quatre tonnes chacune. C’est dans ces cellules que la magie de la nature se matérialise. En effet, "les bactéries stockées dans les deux composants se nourrissent de l’oxygène et de l’eau présents, créant cette vapeur que l’on peut voir à l’oeil nu", décrypte Gaétan Lepoutre. Placé sous des bâches, le prêt-à-composter monte ensuite en température pour atteindre jusqu’à 70 degrés, ce qui va aider à la décomposition. Cette première étape de dégradation dure quinze jours.
"On reproduit à échelle industrielle le processus naturel de la forêt."
Gaétan Lepoutre, co-fondateur et directeur associé de l’entreprise Les Alchimistes
Après quinze jours, la matière est déplacée dans une deuxième cellule de dégradation. Durant cette étape de quatre semaines, les champignons présents vont alors agir sur le bois et la décomposition. "On reproduit à échelle industrielle le processus naturel de la forêt", souligne Gaétan Lepoutre. On comprend facilement la comparaison en jetant un oeil sur la matière obtenue, qui ressemble à de la terre humide, la même que l’on trouve en forêt lorsque l’on creuse légèrement le sol. Un dernier "tamisage" est enfin réalisé pour obtenir un compost qui soit le plus fin possible.
"Ce n’est pas un engrais, c’est ce qu’on appelle un "amendement" qui va venir nourrir le sol. On redonne de la vie au sol pour qu’il produise mieux", insiste le co-fondateur des Alchimistes. Avec ce compost, le sol serait ainsi mieux hydraté, donc plus étanche, "un peu comme une éponge", ", confie-t-il dans un sourire.
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Le compost est ensuite revendu à 80 % à des agriculteurs qui se trouvent dans les trente kilomètres environnants le territoire de la métropole de Lyon. Les 20 % restants correspondent aux collectivités, qui vont l'utiliser pour enrichir les sols des parcs et jardins publics par exemple, et les particuliers. Plusieurs points de vente sont répartis sur l'agglomération pour permettre à ces derniers de s'en procurer. À titre d'exemple, les 35 litres de compost sont vendus 22 euros TTC et les 210 litres sont vendus 70 euros TTC sur le site internet de l'entreprise.
Un investissement financier conséquent
Chaque tonne de déchets collectée qui n’est pas incinérée représente une économie totale de 65 kg eq CO2. Mais cela a un coût pour la Métropole de Lyon. À titre de comparaison, incinérer une tonne de déchets coûterait environ 70 euros à la collectivité, quand son compostage lui coûte 140 euros, autrement dit le double.
De plus, la Métropole aurait déjà dépensé près de 1,3 million d’euros pour l’installation des bornes à compost. À cela s’ajoutent également 12 millions d’euros pour la sensibilisation des habitants ainsi que la distribution de sacs et de seaux réutilisables. Un investissement conséquent pleinement assumé par Isabelle Petiot pour qui "il s’agit avant tout d’une volonté politique face à l’urgence climatique".
À l'horizon 2026
La Métropole de Lyon estime que, d'ici le premier semestre de 2024, Lyon sera totalement équipée de bornes à compost. Quant aux communes environnantes les plus denses, elles seront entièrement desservies d’ici fin 2024. Cela représenterait environ 2 500 bornes.
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Par ailleurs, la collectivité a récemment annoncé avoir fait l'acquisition d'un terrain de 15 000 m2 afin de reprendre la main sur la collecte et le traitement des déchets alimentaires. Située à Rillieux-la-Pape, la future plateforme devrait voir le jour fin 2026, mais ne sera pas en mesure de traiter 100 % des déchets récoltés. La Métropole de Lyon continuera donc de travailler avec les différentes entreprises partenaires en charge du traitement de ses biodéchets aujourd'hui.
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Par ailleurs, la collectivité a récemment annoncé avoir fait l'acquisition d'un terrain de 15 000 m2 afin de reprendre la main sur la collecte et le traitement des déchets alimentaires.??
elle continuera donc de travailler avec les différentes entreprises partenaires en charge du traitement de ses biodéchets aujourd'hui. ??.il n'existe donc pas de friches capable d'en accueillir la totalité afin de faire diminuer le cout , une tonne de déchets coûterait environ 70 euros à la collectivité, quand son compostage lui coûte 140 euros, autrement dit le double.
Cette collecte pose différents problèmes :
on peut mettre le papier des sacs... or ce papier contient des encres, il contient aussi peut-être des PFAS.
Et les légumes, sont issus de l'industrie agricole, donc avec des pesticides etc.
Est-ce que tout ça ne remet pas dans la terre des éléments nocifs ?
Certainement la solution la moins impactante pour les sols mais la plus chère , beaucoup d'intervenants, déjà faire appliquer la loi du suremballage , interdire les pubs papiers définitivement y compris celles envoyées par la Poste rendre les déchèterie plus accessibles, la notre 9 km alors que celle du village voisin 1 km, organiser le ramassage des encombrants on verra qui jette quoi.Un marché juteux pour les collecteurs.