Publicitaire, ancien adjoint à la Culture de Raymond Barre puis président de l’Office du Tourisme de Lyon, Denis Trouxe, est décédé d’une longue maladie à l’âge de 86 ans. C’est à lui que l’on doit la création des Subsistances mais aussi - ni plus ni moins - le classement de Lyon au Patrimoine Mondial de l’Humanité. Il fut également l’un des premiers soutiens de Lyon Capitale à sa création, comme celui d’ailleurs de nombreuses initiatives à Lyon.
Nous l’avions rencontré lors de la création de Lyon Capitale en 1994. Denis Trouxe était alors patron associé de l’agence de pub lyonnaise EuroTSG. Informé de la création d’un nouveau journal, il s’était rapidement manifesté pour participer, à sa manière, à l’aventure. À l’initiative de la création de l’association des lecteurs de Lyon Capitale, Denis Trouxe n’a jamais été avare d’énergie pour soutenir les projets émergents auxquels il croyait, notamment dans le domaine des médias et de la culture.
Nommé adjoint à la Culture par Raymond Barre, c’est ainsi lui qui avait convaincu l’ancien ministre de l’économie - devenu maire en 1995 - de transformer le site des Subsistances en friche artistique.
Une bataille menée contre sa propre majorité, en jouant malicieusement sur sa double-casquette d’adjoint - Culture et Patrimoine - s’assurant ainsi du soutien de la Drac face à la destruction de ce vestige industriel du XIXème siècle, que Barre trouvait "horrible". Un épisode qu’il raconte dans ce délicieux making-of de la création de ce bouillonnant lieu culturel inauguré en 2001.
Proche des artistes et des compagnies et soutien de l’émergence artistique, Denis Trouxe a toujours conservé cet esprit vif et fantasque, probablement hérité de cette période de l’âge d’or de la pub où il était nécessaire de tout réinventer pour rester créatif.
Un dépassement des clivages politiques
Il n’avait pas hésité à peser de tout son poids pour un renouvellement de direction au Théâtre des Célestins en 1998, dirigé alors par Jean-Paul Lucet, qu’il ne jugeait pas assez ouvert aux nouvelles formes artistiques. Il avait d’ailleurs réussi à obtenir le soutien des élus socialistes qui figuraient pourtant dans l’opposition. Un dépassement des clivages politiques qui l’avait d’ailleurs amené plus tard à soutenir Gérard Collomb avant son deuxième mandat.
Comme ce dernier, Denis Trouxe était un infatigable promoteur du rayonnement de sa ville et avait assuré la présidence de l’Office de Tourisme. Beaucoup l’ont oublié, mais c’est à lui que l‘on doit, avec son complice Régis Neyret, le classement de Lyon au Patrimoine Mondial de l’Humanité, en 1998, lorsqu’il était adjoint de Raymond Barre. Un classement qui est à l’origine du développement fulgurant du tourisme à Lyon et de sa notoriété mondiale.
Facétieux, toujours en quête d’une seconde jeunesse
Insatiable, en 2007, il défendait encore l’idée d’une candidature de Lyon au titre de Capitale Européenne de la Cuture ou rendait en 2016 un magnifique hommage à Lyon, berceau du cinéma.
Dans l’intervalle, et malgré toutes ces fonctions, il continuait à venir à la rédaction, à la rencontre des journalistes, toujours prompt à donner son point de vue sur la vie politique et culturelle lyonnaise. Ou n’hésitait pas à se glisser derrière nos écrans d’ordinateurs pour nous conseiller sur des idées en matière de communication, son premier métier.
Parfois facétieux, et toujours en quête d’une seconde jeunesse, il n’hésitait pas à participer (à 80 ans) à des performances vidéos, comme un clip de rap pour la Biennale d’Art Contemporain.
Mais diminué par une maladie pulmonaire, il s’était quelque peu isolé en raison du Covid dans sa maison à Champagne-au-Mont d’Or pendant ces deux dernières années.
La triste nouvelle de sa disparition affectera tous les Lyonnais qui l’ont connu, mais paradoxalement ravivera sans nul doute avec fougue, les beaux souvenirs d’une époque où tout semblait alors possible. Nous tenions à lui rendre hommage.