Une année 2012 difficile. Les défaillances d’entreprises et le chômage à la hausse, le chiffre d’affaires qui diminue, autant de caractéristiques traduisant la mauvaise santé économique de la région. Pourtant, des signes tendraient à prouver que la dynamique s’inverserait en 2013.
Le cabinet Altares vient de publier son bilan 2012, et il est mauvais pour l'économie rhône-alpine : les défaillances d'entreprises ont bondi de 6,6% en 2012, contre 2,7% au niveau national. Ce sont près de 6 500 sociétés qui ont connu soit une procédure de redressement, soit une liquidation judiciaire, soit encore une sauvegarde au tribunal de commerce. Ainsi, Evasol, ancien numéro un français des installations photovoltaïques, ou Soft, entreprise de post-production de films existant depuis 1974, ont été liquidées. "Toutes les catégories sont touchées. Depuis la crise, le nombre des défaillances a augmenté de 20%, soit de 10 à 12 000 cas supplémentaires", note Thierry Millon, responsable d’études à l’institut Altares.
Effet boule de neige du bâtiment et de l'automobile
Au rang des secteurs les plus impactés, l’industrie, très médiatisée et occupant une large place en Rhône-Alpes, et le bâtiment, jouent un rôle important selon Bruno Lacroix, président du Conseil économique, social, écologique et régional (Ceser). "On assiste à un ralentissement de la sous-traitance notamment automobile et la production de biens d’équipement connait aussi un gros tassement. Le secteur du bâtiment est également très impacté", explique-t-il. Des pôles importants qui précipitent dans la difficulté des entreprises partenaires, comme le transport, le commerce de gros et de détail.
Les difficultés de l’industrie et du bâtiment apparaissent impressionnantes à cause de leur effet boule-de-neige sur les autres pans de l’économie. Mais d'autres secteurs connaitrait une passe encore plus difficile. D'après Thierry Millon, les entreprises de service à la personne, de l’artisanat et le CHR (cafés, hôtellerie, restauration) sont bien plus mal en point. "Pour les services à la personne, les chiffres sont vraiment mauvais (+30% de défaillances par rapport à 2011), l’artisanat est à terre (160 faillites en 2012 contre 66 en 2003 en Rhône-Alpes) et les CHR connaissent aussi une hausse considérable de défaillances (+30% par rapport à 2011) détaille-t-il. Le nombre de défaillances de restaurant devrait être record, aux alentours de 580-600 faillites, contre 550 en 2009", conclut-il.
Ces entreprises qui vont recruter
Les chefs d’entreprises nagent en pleine déprime. Selon le panel régional de conjoncture "Suivi de la situation économique" de la Chambre du Commerce et de l’Industrie (CCI) de Rhône-Alpes, 75% des patrons régionaux ne sont pas confiants quant à l’environnement économique global (sondage réalisé en octobre 2012). Une tendance qui se confirme en 2013, avec seulement 13% d’entre eux s’attendant à une hausse de leur chiffre d'affaires, contre 26% ne se prononçant pas, 30% craignant une baisse et 31% attendant une stabilité.
Patrick Lescure est cependant optimiste quant à l’emploi. "Des entreprises ont le pied sur l’accélérateur, 53 d’entre elles, en région Rhône-Alpes, présentent des plans de recrutement notamment dans le textile (Gap), l’assurance (Alliance), la construction (Vinci), ou l’agroalimentaire (Danone)", expose-t-il.
Il croit aussi en les mesures gouvernementales, afin d’atteindre l’objectif présidentiel, à savoir inverser la dynamique du chômage pour la fin de 2013. "Les emplois d’avenir (7000 emplois de plus en Rhône-Alpes en 2013), le contrat de génération (50 000 postes en 2013 en région, mais plus difficiles à mettre en œuvre) et les mesures traditionnelles, dont principalement l’alternance (50 000 postes également) contribuent à l’amélioration de la situation. La force d’inertie est négative mais il existe des éléments qui font penser à une inflexion dans l’autre sens pour le courant de 2013".