Une équipe lyonnaise vient de découvrir de possibles pistes thérapeutiques face au COVID-19, liées à un déficit Interféron Alpha.
Une étude collaborative associant des équipes cliniques des Hospices Civils de Lyon et plusieurs équipes de recherche du Centre international de recherche en infectiologie et l’unité mixte de recherche HCL-
bioMérieux vient d’être acceptée pour publication par The Journal of Allergy and Clinical Immunology, une revue médicale internationale.
En étudiant une cohorte de patients hospitalisés en service de réanimation à cause du COVID-19, les chercheurs ont découvert qu'environ 20 % d'entre eux "ne produisent pas d’interféron alpha de façon détectable dans le sang". "Ces protéines de la famille des cytokines sont habituellement produites très rapidement par le système immunitaire en réponse à une infection virale et ont pour effet d'inhiber la réplication du virus dans les cellules infectées", précisent les HCL dans un communiqué.
Or, dans ces 20 %, "ont tous développé une forme sévère nécessitant une ventilation invasive et un séjour plus long en réanimation. Le défaut de production d’interféron alpha semble donc avoir des conséquences négatives sur le contrôle du virus par le système immunitaire et serait impliqué dans certains cas sévères".
Les HCL apportent une nuance importante : "des cas graves peuvent intervenir également chez des patients qui produisent bien l’interféron alpha, mettant à nouveau en exergue le caractère hautement multifactoriel de la pathologie COVID-19".
Néanmoins, cette découverte "ouvre des perspectives très importantes en termes de stratégie thérapeutique pour les patients COVID-19. L’interféron alpha recombinant existe déjà sous forme de médicament. Longtemps positionné comme le meilleur traitement contre l'hépatite C, il est également déjà prescrit dans d’autres infections et pourrait être administré de manière précoce aux patients COVID-19 qui ne le produisent pas".
De même, "l’étude montre également que l’utilisation d’inhibiteurs de cytokines pourrait être utile lors d’une seconde phase de la maladie, afin de réguler l’excès de réponse immunitaire (« cytokine storm »)".
Les chercheurs veulent désormais comprendre pourquoi ces patients ne produisent pas d’interféron alpha, et si cela est lié au virus ou au patrimoine génétique.
Source
Type I IFN immunoprofiling in COVID-19 patients
Sophie Trouillet-Assant, Sebastien Viel, PharmD, Alexandre Gaymard, Sylvie Pons, Jean-Christophe
Richard, Magali Perret, Marine Villard, Karen Brengel-Pesce, Bruno Lina, Mehdi Mezidi, Laurent
Bitker, Alexandre Belot, COVID HCL Study group