Jean-Michel Gueyraud, président de l'association des habitants de la Part-Dieu, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale
Un projet de démolition suscite la colère d'une partie des habitants de la place de Milan et du boulevard Vivier-Merle, près de la gare de la Part-Dieu. La Métropole de Lyon organise une enquête publique jusqu'au 12 mars sur l'avenir de ce quartier. Certains riverains ne comptent pas rester passifs.
Jean-Michel Gueyraud, président de l'association des habitants de la Part-Dieu, dénonce un processus d'expropriation qui force les propriétaires à vendre leur bien à un prix inférieur au marché. " La procédure actuelle vise à exproprier les gens et à démolir des bâtiments qui sont en très bon état. Ces immeubles pourraient être rénovés et surélevés pour correspondre aux besoins de la métropole ", explique-t-il.
Lire aussi : Lyon : une enquête publique lancée pour définir l'avenir de l'îlot de la place de Milan à Part-Dieu
La question du droit de préemption est au cœur du débat. La Métropole a déjà préempté une centaine d'appartements ainsi que 76 logements sociaux. Or, selon Jean-Michel Gueyraud, cette stratégie a poussé des habitants à vendre sous pression : " Beaucoup ont cédé par nécessité, acceptant un prix 20 % en dessous du marché, et parfois sous la menace d'une démolition-expropriation imminente, ce qui n'est pas le cas, puisqu'on commence à peine la procédure d'expropriation.".
Le projet de démolition vise à transformer complètement le quartier de la gare de la Part Dieu. La Société publique locale (SPL) Lyon Part-Dieu défend la nécessité d'assainir la zone, jugeant que la configuration actuelle favorise des trafics et une insécurité chronique. Une analyse rejetée par les habitants : " Ce n'est pas en détruisant des bâtiments que la délinquance disparaîtra. Le problème vient de l'abandon du secteur par les autorités publiques ", estime Jean-Michel Gueyraud.
Lire aussi : A Lyon, le campement de la place de Milan à la Part-Dieu évacué
L'association prône la rénovation, une alternative plus écologique et économique pour ce quartier selon elle. Plutôt que de démolir et reconstruire, les immeubles pourraient être modernisés, isolés et surélevés avance Jean-Michel Gueyraud. "Détruire coûtera très cher et aggravera la crise du marché immobilier. Une rénovation intelligente permettrait d’atteindre les objectifs de la Métropole sans déplacer de force les habitants ", insiste-t-il.
Alors que l'enquête publique se poursuit, la mobilisation des habitants ne faiblit pas. Plusieurs recours juridiques sont en cours et les débats s'annoncent houleux.
Plus de détails dans la vidéo :
La retranscription complète de l'émission avec Jean-Michel Gueyraud :
Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler de la place de Milan, tout près de la gare de la Part-Dieu, la place du Milan et du boulevard Vivier-Merle, qui est un peu plus connu. Une enquête publique est organisée jusqu'au 12 mars par la métropole de Lyon quant à son avenir. L'idée serait de démolir la résidence qui s'y trouve. Et pour en parler, nous recevons Jean-Michel Gueyraud, président de l'association des habitants de la Part-Dieu. Bonjour Jean-Michel Gueyraud.
Bonjour, bonjour à tous et merci de m'accueillir pour exprimer la position des habitants de ce secteur. Nous sommes en effet dans...
Alors on va rentrer dans le vif du sujet. D'abord, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qui cloche ? Parce que c'est cela, au fond. Pour vous, la situation actuelle n'est pas acceptable pour le projet qui est posé sur la table. Pouvez-vous nous expliquer ?
Bien sûr. Ce qui cloche, c'est que la procédure actuelle vise à exproprier les gens qui sont propriétaires de logements ou de commerces dans ce secteur, puis à démolir des bâtiments qui n'ont même pas cinquante ans, qui sont en très bon état, solides et qui mériteraient simplement d'être rénovés. Cela implique d'exclure et d'expulser les habitants sous la contrainte d'une déclaration d'utilité publique.
Il n'y a pas que des expulsions, il y a aussi le droit de préemption. On peut le dire, il y a eu au moins une centaine d'appartements préemptés par la métropole de Lyon, ainsi que 76 logements sociaux. C'est bien cela ?
Les logements sociaux et les offices de HLM dépendent des autorités locales, ils ont vendu de cette manière. Mais depuis dix ans que le droit de préemption existe, beaucoup de gens ont été obligés de vendre. Certains avaient besoin d'argent, d'autres étaient sous la menace de la démolition et de l'expropriation, alors que la procédure d'expropriation ne commence que maintenant, en février 2025.
Pour vous, le contrat n'a pas été rempli ? On a mis la pression sur des habitants pour qu'ils vendent au plus vite à la métropole de Lyon ?
Exactement. Il n'y avait qu'un droit de préemption qui obligeait les gens souhaitant vendre à céder leur bien à la métropole et à un prix fixé par elle, souvent 20 % en dessous du prix du marché. Beaucoup ont accepté cette décote par nécessité et sous la menace d'une expropriation imminente, alors que celle-ci ne commence que maintenant.
Vous vous tournez vers la justice. Certains habitants ont saisi le tribunal pour contester des offres jugées trop basses. Où en est cette procédure ?
Les affaires sont encore en cours devant le tribunal. Cependant, la situation évolue vers une phase plus critique, celle de l'expropriation pour cause d'utilité publique. C'est pourquoi l'enquête publique actuelle est cruciale, et de nombreux habitants y participent pour exprimer leur opposition à ce projet.
Venons-en à vos propositions. Que souhaitez-vous, en tant qu'association de riverains, pour ce quartier ?
Il n'y a pas de contradiction fondamentale entre nos souhaits et ceux de la Métropole. Il y a aujourd'hui un peu moins de 300 logements sur place, et la métropole prévoit d'en construire environ 330. Elle veut aussi ajouter une crèche, des pistes cyclables, une station de vélos... Mais rien de tout cela n'est incompatible avec le maintien des bâtiments existants. On pourrait très bien surélever les immeubles de deux étages avec des techniques modernes, ou réaménager les deux niveaux de bureaux vacants pour en faire des équipements collectifs. Il n'y a pas d'incompatibilité physique entre les bâtiments actuels et le projet de la métropole.
Vous préconisez donc une rénovation et une surélévation plutôt qu'une démolition-reconstruction ?
Oui, car d'abord, la destruction coûtera très cher. Par exemple, la démolition d'un bâtiment sur la place Bérédier, près de la gare, a coûté une fortune. Ces bâtiments en béton armé sont solides et encore en bon état. Démolir va augmenter le coût de reconstruction et aggraver la crise du marché immobilier.
La SPL Lyon Part-Dieu affirme que la configuration actuelle favorise le mésusage et les trafics, justifiant une destruction totale. Que répondez-vous ?
On ne jette pas le bébé avec l'eau du bain. Démolir ne réglera pas tous les problèmes. Les problèmes de délinquance, de saleté, d'incivilité sont dus à un abandon des autorités publiques. La place de Milan a été un point noir pendant des années à cause du narcotrafic, du manque de contrôle et de l'occupation anarchique du parking souterrain par des sans-abris. Ce n'est pas la destruction des bâtiments qui fera disparaître ces problèmes.
Avec le changement de majorité à la ville et à la métropole, la situation n'a pas évolué ?
Non, et c'est surprenant. Une majorité écologiste prétend défendre la sobriété foncière, mais elle préfère démolir plutôt que rénover des bâtiments solides et en bon état.
Très bien, ce sera le mot de la fin. Merci Jean-Michel Gueyraud. Merci à vous de nous avoir suivis. Retrouvez plus d'informations sur l'urbanisme et les projets à Lyon sur lyoncapitale.fr. À très bientôt.
Oui mais comment croyez-vous que certains arrivent à être ultra riche avec l'immobilier ?
En travaillant ? 😀